Bretagne. La toiture en chaume, une tradition conservée par certains artisans

toiture en chaume

La chaumière bretonne reste une maison traditionnelle que l’on retrouve plus encore dans le Finistère que dans les autres départements bretons. La couverture en chaume a été abandonnée au profit de la celle en ardoise dans les années 50, avant tout pour des raisons de sécurité liées aux risques d’incendies. Aujourd’hui, elle est l’affaire d’artisans professionnels spécialisés et passionnés pour celles et ceux qui souhaitent retrouver l’âme d’antan pour leur demeure. Jérôme Lucas est l’un de ces passionnés dans le Morbihan.

Le toit de chaume fait partie du patrimoine breton. Le chaume regroupait jadis diverses couvertures végétales : de paille de seigle, de paille de blé, de genêt et de bruyère. La chaumière était un habitat modeste construit à partir de pierres, de bois, de terre et de chaume. Le chaume était le matériau prépondérant en Bretagne pour les toits des maisons du peuple, des paysans et de leurs dépendances. L’ardoise était réservée aux manoirs et aux bâtiments religieux. 

 toiture en chaume

Comme pour la Normandie, le toit en chaume a été remplacé en Bretagne par d’autres couvertures vers le milieu du XIXe siècle. À cette période, les autorités encourageaient l’abandon du chaume pour des raisons primales de sécurité, car à cette époque on s’éclairait encore à la lampe à pétrole ou à la bougie et les risques d’incendies étaient nombreux, mais aussi car l’agriculture se modernisait et que son industrialisation empêchait de réutiliser la paille de seigle pour en faire des bottes de chaume. Dans notre région, c’est l’ardoise naturelle qui a peu à peu remplacé le chaume. Cependant, il subsiste de nombreuses chaumières bretonnes traditionnelles, comme par exemple à Névez dans le village de Kerascoët dans le Finistère qui accueille de charmantes demeures en pierres au toit de chaume, dont certaines datent du XVe siècle. Ce village n’est pas un écomusée, mais un lieu où vivent des habitants.

Aujourd’hui, pour ceux et celles qui la choisissent, la couverture en chaume est parfaitement isolée et profite d’une toiture naturelle, écologique et isolante. Des professionnels sont formés et spécialisés pour cette pose et avant toute réalisation ou rénovation d’une toiture en chaume en Bretagne, il est important de bien s’informer. Autrefois, les toits des chaumières étaient recouverts de paille de seigle, aujourd’hui, elle a été remplacée par des roseaux qui sont plus résistants aux intempéries et à l’usure du temps.

Jérôme Lucas est artisan couvreur à Baud dans le Morbihan. Forts de 17 ans d’expérience pour avoir exercé son métier d’abord chez Jean-Claude Le Bohec un artisan chaumier pendant huit ans, il crée à son tour son entreprise en 2014. Il aime conserver le patrimoine et les bâtiments anciens hérités de nos ancêtres, l’esthétique, le confort et le cachet que les chaumières apportent à leur environnement. La couverture en chaume posée par l’entreprise Lucas apporte un cachet inimitable ainsi qu’une qualité de toiture inégalée à l’habitation. Son épaisseur est de 40 cm et son inertie est six fois plus importante que la laine de verre. Le toit de chaume assure une bonne isolation au quotidien, car elle retient la chaleur pendant l’hiver et garde la fraîcheur en été. La couverture est réalisée avec des roseaux neufs ou du jonc naturel, non traité, issu et coupé dans les marais en Camargue. La natte de jonc est fixée au liteau à l’aide de fils galvanisés à intervalle de 15 cm. Une barre vient par-dessus. À la pointe de la toiture, le jonc est coupé avant la pose du faîtage. Le couvreur recouvre de ciment l’extrémité de chaque pan de toiture pour assurer l’étanchéité. Suivant la demande, il peut aussi le réaliser en torchis solide, composé d’un mélange de terre et de foin, posé sur un grillage. Cela  permet d’y planter des fleurs. 

Aux connaissances de son métier, le couvreur allie des techniques modernes alliant rapidité et efficacité. La pose est très technique, elle se pratique toujours d’une façon ancestrale. Les outils de Jérôme Lucas ne se trouvent pas dans le commerce : il les a fabriqués lui-même : la crémaillère, l’aiguille, la palette qui sert à donner la pente du toit. L’entreprise de Jérôme Lucas réalise la pose d’une couverture neuve, mais aussi la rénovation, l’entretien et le démoussage des toits de chaume, partout sur le département du Morbihan et au-delà en Bretagne, pour les entreprises comme pour les particuliers. Une toiture de jonc, ce sont quinze tonnes de jonc et il faut compter en moyenne un mois de travail pour une toiture de 200 m2.

La dernière grosse réalisation de Jérôme Lucas  a été la réfection des toitures au Village gaulois, à Pleumeur-Bodou dans les Côtes d’Armor au cours du dernier hiver, de manière à accueillir les visiteurs à l’ouverture saisonnière du village historique

INFOS PRATIQUES

Jérôme Lucas – Entreprise de couverture, et couvertures en chaume, Kerdrolo à Baud (56)

 06 64 06 79 78 ou  jeromelucas.site-solocal.com 

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Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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