Bretagne : une population qui croît… et qui vieillit

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bretagne demographie

Au 1ᵉʳ janvier 2025, la Bretagne compte 3 475 900 habitants, selon les dernières données de l’Insee. En dix ans, la région a gagné plus de 150 000 habitants et se classe parmi les territoires les plus dynamiques de France. Mais derrière ces chiffres se dessinent des évolutions contrastées : croissance portée par l’arrivée de nouveaux habitants, vieillissement accéléré, natalité en berne.

Une croissance tirée par les nouveaux arrivants

+0,5 % par an : c’est le rythme moyen de croissance depuis 2015, supérieur à la moyenne nationale (+0,3 %). Mais cette progression n’est pas due aux berceaux : en 2024, la Bretagne a enregistré 28 600 naissances contre 37 900 décès, soit un déficit naturel de 9 300 personnes.
Le moteur principal ? Un solde migratoire excédentaire : de nombreux nouveaux habitants, venus principalement d’Île-de-France, des Pays de la Loire et de Normandie, choisissent de s’installer ici.

Profil des nouveaux arrivants

Jeunes retraités attirés par la douceur de vie et le littoral

Actifs de 30-40 ans en quête d’espace, souvent après un passage par les grandes métropoles

Quelques familles qui misent sur un cadre de vie plus abordable

La Bretagne vieillit… vite

Le nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus a doublé depuis 1990 et représente désormais un quart de la population. Le taux de fécondité est tombé à 1,55 enfant par femme, accentuant le déséquilibre démographique.
Ce vieillissement pose des questions sur l’avenir des services publics : soins, mobilité, logements adaptés… et sur la capacité de la région à maintenir un équilibre générationnel.

Les gagnants et les perdants de l’attractivité

  • Ille-et-Vilaine, avec 1,1 million d’habitants, reste le département le plus dynamique (+0,9 % par an sur 2016–2022). Rennes, capitale régionale, franchit les 227 800 habitants.
  • Morbihan : progression soutenue, en particulier sur le littoral autour de Vannes (+0,9 %).
  • Finistère et Côtes-d’Armor : croissance plus modeste mais nette, surtout sur la côte sud et dans les zones proches de Brest et Quimper.
  • Territoires en déclin : l’arrondissement de Châteaulin et le pays de Guingamp continuent de perdre des habitants (-0,2 % par an).

La pression sur le logement et l’urbanisme

L’arrivée continue de nouveaux habitants accentue la tension immobilière, déjà forte dans les zones littorales et périurbaines. Les prix flambent à Rennes, Brest, Vannes ou Quiberon, mettant en difficulté les jeunes ménages locaux.
Jean-Marc Lardoux, de l’Insee Bretagne, prévient : « Il faudra réfléchir à un urbanisme qui réponde à toutes les demandes, sans accentuer la fracture entre zones littorales attractives et centre Bretagne en déclin. »

Les chiffres clés de 2025

  • Population totale : 3 475 900 habitants
  • Croissance annuelle moyenne (2015–2025) : +0,5 %
  • Solde naturel 2024 : –9 300 personnes
  • Taux de fécondité : 1,55 enfant/femme
  • Population de 65 ans et plus : 25 %
  • Département le plus peuplé : Ille-et-Vilaine (1,1 M)

Ce que révèle la photographie démographique

La Bretagne attire, mais cette attractivité repose largement sur l’installation de retraités et de populations en reconversion de vie.
Conséquences :

  1. Vieillissement accéléré, avec un rapport actifs/retraités qui se dégrade.
  2. Pression sur les infrastructures : santé, transport, logement.
  3. Déséquilibres territoriaux : littoral surchargé, centre Bretagne fragilisé.

En perspective
Si la tendance se poursuit, la Bretagne de 2040 pourrait approcher les 3,7 millions d’habitants, avec plus d’un tiers de seniors, à moins d’un rebond démographique ou d’une politique migratoire interne ciblée sur les actifs.