Camaleon y su Parafernalia, condensé musical de Colombie à Rennes

Tous Colombiens mais issus d’horizons divers, les quatre musiciens du groupe Camaleon y su Parafernalia ont fait connaissance à Rennes, au gré des soirées aux bars El Cubanacan et Au Coin des Mondes. De leurs itinéraires croisés est née une musique diablement festive au métissage inattendu. Partager, s’adapter, innover : une recette essentielle dont les Camaleon ont su tirer leur « pâte » musicale. Au grand bénéfice des autochtones rennais en quête de dépaysement !

 

La Colombie est à la fois une mosaïque géographique et un pays aux multiples facettes, ethniques et culturelles… d’où résulte immanquablement un formidable éventail musical ! L’existence de Camaleon y su Parafernalia, groupe colombien, depuis octobre dernier à Rennes offrait une double opportunité : échanger avec ses membres sur les traditions de ce pays qui nous est bien peu familier, et comprendre d’où provient l’alchimie musicale qui opère à chacun de leurs concerts ! Rencontre décontractée avecameleon bonc Juan et Julian, qui se sont prêtés avec enthousiasme au jeu de l’entretien. Le premier est guitariste, tromboniste et chanteur, le second joue des percussions et du cor. Polyvalents et expérimentés, ils le sont au même titre que leurs acolytes musiciens, Angelica et Darwin ; situés au confluent d’influences très diverses, les membres du quatuor ont chacun eu envie d’apporter leur touche individuelle pour composer avec celles des autres… un peu à l’image du caméléon paré de son atypique palette picturale (la fameuse « parafernalia »). Un concept attrayant qui se prêtait parfaitement au nom du groupe. « Darwin aime beaucoup le rock, explique Julian, moi j’ai une formation très classique car j’étais dans un orchestre, et Angelica aussi un peu. Pour Juan c’est plutôt la musique populaire, la salsa… » Baignés durant leur enfance par les musiques traditionnelles de leurs régions respectives, ils ont assez tôt quitter leurs villes d’origine : pour  Bogota d’abord puis, pour certains à l’internationale avant d’atterrir en France. Une diversité de parcours et d’horizons qui reflète bien la multiplicité culturelle de leur pays natal, et surtout leur esprit d’ouverture.

carte-colombie (1)Pour comprendre la diversité culturelle colombienne, il vaut mieux dans un premier temps effectuer un petit aperçu aérien du pays. Un territoire grand comme deux fois la France, et « qui plus est fragmenté par trois cordillères différentes », explique Julian. « Il y a les plaines à l’Est, qui s’étendent jusqu’au Vénézuéla, mais aussi la jungle – l’Amazonie- et les côtes, ajoute Juan. Avec l’histoire de la colonisation, le métissage est différent selon les régions : les Espagnols se sont installés dans certains endroits, surtout au centre. Ils ont parfois laissé survivre quelques tribus d’Indiens, dans les périphéries loin des grands centres urbains. Ils ont aussi apporté des esclaves africains. La Colombie, c’est un peu comme le Brésil ou Cuba, c’est un pays où l’apport africain est très fort. Ils se ressent surtout sur les côtes. Il y a vraiment des musiques très différentes qui sont sorties de ce métissage-là. »

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Julian

« Du coup, on a la musique llanera dans les plaines, développe Julian, et dans le centre, davantage de musiques européennes, les valses notamment… la côte ouest, pacifique, est, comme on le disait, une côte très très noire, où il y a beaucoup d’influences africaines, avec des marimbas, des chants, beaucoup de percussions. Sur la côte caraïbe, les noirs sont davantage mélangés avec les blancs, donc la musique est plus métissée : on y trouve des percussions mais aussi des trompettes, des clarinettes. Et enfin au sud-ouest, où il y a les Andes, c’est là qu’on trouve la musique des indiens, des descendants des Incas, avec les flûtes de pan notamment. »

Camaleon – (de g. à d.) Julian, Darwin, Angelica et Juan

Par son origine territoriale, Juan diffère beaucoup de Julian et Darwin au niveau musical. Le guitariste et chanteur, issu de la ville de Cali, au sud-ouest, a surtout grandit sur des airs de salsa, tandis que les deux autres ont été imprégnés de musique llanera dès le plus jeune âge. Originaires de Villavicencio, la dernière ville d’importance avant les plaines immenses et quasi-désertes qui rejoignent le Vénézuéla, ils ont accumulé un bagage musical typique de cette contrée. La pratique d’instruments caractéristiques comme le cuatro -petite guitare à quatre cordes-, la harpe, et les maracas -apport indien-, y jouxte ainsi l’apprentissage de chants spécifiques évoquant le plus souvent les coutumes paysannes. Julian est ensuite parti vers Bogota puis au Vénézuéla, Darwin en tournées internationales à l’âge de dix-neuf ans avec le groupe Cimarron*.

« Ce qui nous a amené à créer le groupe, explique Juan, ce dont on avait justement envie, c’était de pouvoir utiliser le bagage culturel que Darwin et Julian possédaient, et qui est partagé avec le Vénézuéla. Dans ma ville on n’a pas du tout de contacts avec ces régions. On connaît quelques morceaux traditionnels, mais c’est tout ».

Juan

La pratique d’instruments classiques a insufflé une originalité supplémentaire à l’ensemble. Celle du cor, plus ou moins fruit du hasard pour Julian, et celle du violon pour Angelica, née à Cali mais formée à Bogota. Pendant ce temps, Juan, en France depuis une quinzaine d’années, a suivi une formation en musicologie et pratiqué le trombone au conservatoire. La passion des musiques populaires est cependant ce qui les relie le plus, et c’est ce qui a retenu l’attention du jury au concours musiques actuelles à Rennes 2. Une belle opportunité qui leur a permis de jouer au Tambour en février, et leur a aussi ouvert d’autres portes (résidence au Diapason, liens avec Le Jardin Moderne…). Sans parler du bar Au Coin des Mondes, qui les programme régulièrement.

L’avenir leur réserve d’ailleurs des perspectives enthousiasmantes, puisqu’ils sont programmés pour la fête de la musique à Rennes place du Parlement. « Ça aussi, ça va être une belle aventure parce que c’est une grosse scène, il y aura pas mal de monde, le soir en plus, conclut Juan. Et là on a un concert le 12 juin au bar le Mille Potes, au 4 boulevard de la Liberté. On sera aussi normalement aux Quartiers d’été, aux parc des Gayeulles ».

Avis au public rennais : pour les moins prompts à danser, il se pourrait que vos jambes se libèrent en concert !

Soundcloud / Facebook

En concert :

– le 12 juin au bar le Mille Potes, 4 boulevard de la Liberté, Rennes.
– le 21 juin place du Parlement, dans le cadre de la fête de la musique.

– le 22 juillet dans le cadre des Quartiers d’été.

* lequel s’est produit l’été dernier au festival des Tombées de la Nuit, et a obtenu un Grammy Awards. C’est dire la virtuosité du guitariste !

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