Un trésor naturaliste ou la collection de zoologie de la faculté des sciences de Rennes

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Un Trésor naturaliste, la collection de zoologie de la faculté des sciences de Rennes paraissait en septembre 2022. Alain Canard, Bernard Le Garff et Dominique Bernard racontent l’histoire du muséum d’Histoire naturelle de Rennes et les pérégrinations de ses collections au fil des siècles, depuis le XVIIe. L’ouvrage, riche en photographies, planches de zoologie et présentations de spécimens, donne un aperçu du contenu des collections qu’abrite le campus Beaulieu, des collections qui ne demandent qu’à être ouvertes au public.

Quand on entre dans le bâtiment d’enseignement en biologie, on ne se doute pas des trésors patrimoniaux qu’abritent ses murs. Pourtant, derrière une porte, fouines, martres et belettes naturalisées dans leurs actions du quotidien accueillent le visiteur de leur maison de verre, une reconstitution de leur habitat naturel.

Peu de personnes le savent, mais au cœur du campus Beaulieu dort une multitude de collections. Parmi elles, la collection de zoologie, soit 150 000 animaux naturalisés – mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, insectes et autres objets liés à la systématique, la biologie et la diversité animale -. À l’occasion de la publication d’Un Trésor naturaliste, la collection de zoologie de la faculté de sciences de Rennes, Unidivers est parti à la rencontre de près de 4500 spécimens, résidents de la galerie d’observation, en compagnie d’Alain Canard, professeur émérite à l’université de Rennes 1, enseignant-chercheur en zoologie, écologie et spécialiste des araignées.

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Il fut un temps où la capitale bretonne possédait son musée municipal d’Histoire naturelle. Où se situait-il ? Dans le Palais universitaire, la faculté des sciences de l’époque et l’actuel Musée des Beaux-Arts de Rennes, 20 quai Émile Zola. En 1944, un bombardement de l’armée allemande détruit une partie du palais et oblige à éparpiller les collections du musée municipal dans les écoles et lycées rennais. Le musée de zoologie occupa pendant un temps le premier étage de la faculté Pasteur, du côté sud, sur le quai Dujardin, avant qu’il n’emménage au sein du campus Beaulieu, à la fin des années 60.

Approcher la collection de zoologie pendant les courtes périodes où elle est accessible – journées du patrimoine, fête des sciences, etc.-, c’est l’occasion d’approcher une variété impressionnante de spécimens et de découvrir des scientifiques reconnus : le collectionneur de Robien, le zoologiste Dujardin, les géologues Rouault, Bézier et Sirodot, les botanistes Daniel et Nicollon des Abbayes. « La plus grande partie de la collection date de 1850 et 1900. » Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne reste que très peu de spécimens naturalisés de la collection de Christophe-Paul de Robien en raison de son utilisation par les étudiants de la faculté des sciences, à sa création en 1840.

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Sans prétendre vouloir dresser une liste exhaustive des animaux de la collection, Unidivers a suivi Alain Canard, ancien responsable des collections de zoologie-botanique à l’université, et a écouté quelques-unes de ses histoires, comme un avant-goût au contenu de l’ouvrage. « Les collections sont un moyen de raconter des histoires », souligne-t-il. « Par exemple, l’ours brun européen. Il est plus petit en taille et la femelle a généralement deux bébés maximum. Connaissez-vous leur poids à la naissance ? 100 à 400 g maximum. » L’ours de la faculté des sciences de Rennes faisait partie de la ménagerie itinérante Bidel, qui circulait en France et en Italie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. À sa mort en 1898, lors d’une étape à Rennes, M. Bidel le propose au conservateur du musée municipal d’Histoire naturelle. Depuis, il fait l’admiration de tous les publics. L’expression « vendre la peau de l’ours » vient du fait que la fourrure est particulièrement convoitée.

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Dans la famille des animaux rares, nous demandons l’hippopotame nain, originaire des forêts d’Afrique centrale. Une version miniature de l’animal imposant que l’on connaît, mais dont le mâle adulte peut avoisiner les 275 kg. Une belle bête tout de même. Et à côté, une chimère créée par un taxidermiste facétieux ? Non. Un canard à quatre pattes ou un castor à bec de canard ? Non plus. Seulement un ornithorynque qui vit en Australie. « Les mâles sont doux et gentils, mais ils sont les seuls à être venimeux. » Au niveau de leur patte arrière, ils possèdent deux griffes dirigées à l’arrière, des aiguillons venimeux que la recherche n’a pas encore expliqués. « Les Australiens essaient de ne pas trop les embêter donc on ignore encore beaucoup de choses sur cet animal. » Cet animal aujourd’hui en voie d’extinction est farouchement protégé et sa répartition géographique limitée à la côte est de l’Australie.

Autre curiosité à découvrir, la cascabelle de crotale. Les crotales ou « serpents à sonnette » sont de très beaux serpents proches de la vipère. « Ce sont des bouts de peau qui s’accumulent à chaque mue et sèchent. C’est ce qui va faire sa cascabelle, sa sonnette », nous apprend-il. Une maraca au bout de la queue en somme, dont le son ne vous fera par contre pas danser, mais prendre vos jambes à votre cou…

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Savez-vous d’où vient l’expression « les grenouilles de bénitier » ? Le bénitier géant est un coquillage spectaculaire, le plus gros et lourd mollusque du monde : sa coquille peut dépasser un mètre et peser jusqu’à 250 kg. Il est nommé ainsi en raison de sa présence dans certaines églises. Une légende raconte qu’une grenouille s’est invitée pendant la messe et a croassé. Un saint local l’a alors pétrifiée et elle est restée dans le bénitier… « Il y a encore des églises en France où on trouve des bénitiers avec des grenouilles dessus en référence à cette histoire. » Autre particularité, le bénitier possède dans son corps des algues qui lui permettent de fabriquer des sucres, des protéines, tout ce dont il a besoin pour se nourrir.

Pour finir la visite, si on vous offrait un petit bout de paradis ? Les paradisiers ou « oiseaux du paradis » vivent en Papouasie, en Nouvelle-Guinée. Ils possèdent un plumage très coloré et brillant, que les mâles mettent en valeur pendant la parade nuptiale. Les Papous s’en servaient comme grigri, mais, pour plus de praticité, ils leur coupaient les pattes afin de les garder sur eux. « Les premiers explorateurs européens à trouver ces oiseaux inconnus de la science se sont demandé pourquoi ils n’avaient pas de pattes. Ils pensaient qu’ils passaient leur vie dans les airs », informe Alain Canard. « Et d’où venaient-ils ? Du paradis. Ça a donné “les oiseaux du paradis”. »

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Ces quelques exemples illustrent la richesse de la collection de zoologie de la faculté de Rennes présentée dans Un Trésor naturaliste.

Lyon possède le musée des Confluences, Paris le musée de l’Homme, Marseille le muséum d’histoire naturelle, Nantes le muséum d’Histoire naturelle. À quand celui de Rennes ? À partir de 1994, plusieurs projets ont été lancés, mais aucun n’a abouti. Au delà de trouver un lieu dans lequel les collections dormantes de l’université Rennes de 1 trouveraient refuge, pour une ouverture au public, pourquoi ne pas imaginer un projet dans lequel lesdites collections seraient accompagnées d’une activité événementielle soutenue, en adéquation avec la thématique des scientifiques, dans le but de les faire vivre. Un projet d’une telle envergure ne peut cependant voir le jour sans prendre en compte le financement considérable que nécessite le fonctionnement d’un tel lieu. En attendant, il est possible de découvrir les collections pendant les journées du patrimoine, en septembre 2023, ou la fête des sciences, en octobre. Un Trésor naturaliste vous permettra de patienter jusque là.

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Un Trésor naturaliste, la collection de zoologie de la faculté des sciences de Rennes, de Alain Canard, Bernard Le garff et Dominique Bernard, éditions Rennes en sciences, 432 pages, 29 €.

Contact : Rennes en Sciences, 6 allée du Champ Garnier, 35135 Chantepie.

rennesensciences@orange.fr

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