Dark Shadows versus Men In Black 3 > Un tandem décevant

Que nenni : ce titre ne renvoie pas à une nouvelle licence inventée par les studios hollywoodiens. Voilà une critique conjointe de deux blockbusters sortis à deux semaines d’intervalle. Si l’histoire est différente, le résultat est très similaire… entre mitigé et décevant.

Dark Shadows est le dernier film de Tim Burton, réalisateur respecté, mais qui commence sérieusement à tourner en rond après, il est vrai, de très grands films. Pour être précis, depuis l’échec commercial de l’excellent Big Fish, il s’est replié sur ses vieilles recettes, mais sans la fraicheur de ses premiers films (BeetleJuice, Edward aux mains d’argent, par exemple). Après un Alice aux pays des merveilles trop orienté sur la technique et le graphisme, il adapte ici une série TV inconnue chez nous : les aventures horrifiques d’une famille maudite par une sorcière et dont l’un des membres est un terrible vampire. Pile ce qu’affectionne le réalisateur.

De l’autre coté, Men in Black (MIB 3) est le retour d’une licence à succès qui a conduit Will Smith au firmament commercial des acteurs. Il y retrouve son acolyte Tommy Lee Jones et une flopée d’extra-terrestres infiltrés sur terre. Cette fois, ces messieurs vont combattre un nouveau super méchant, Boris l’Animal,  qui en veut à K (Tommy Lee Jones). Déjà on sent que les scénaristes se sont mis à plusieurs pour arriver à ce firmament d’originalité… Mais, attendons de voir le résultat ; après tout, la série a tiré son succès de la richesse de son univers, du look improbable des extra-terrestres et de l’humour du duo Auguste/clown blanc façon buddy movie.

Ces deux films utilisent donc des recettes efficaces et maîtrisées par les deux réalisateurs. Si ce n’est que Tim Burton peine à camper une histoire et des personnages peu connus et hésite entre le côté sombre d’un Sleepy Hollow et le côté humoristique d’un Mars Attack. Une hésitation préjudiciable. La synthèse que représentait BeetleJuice n’est pas là. Johnny Depp, lui-même, hésite entre la naïveté d’Edward et la cruauté. Finalement, les bonnes surprises viennent de la charismatique Eva Green dans son rôle de sorcière, de Michelle Pfeiffer et d’Helena Bonham-Carter. On notera évidemment de grosses similitudes avec Frankenweenie et Edward lorsque la foule vient brûler le manoir pour tuer le monstre : c’est bien encore le mythe de Frankenstein qui refait surface. A noter, un clin d’oeil amusant : la présence d’Alice Cooper.

Pas de longueurs en revanche chez MIB3 qui reprend intégralement la trame de l’épisode 2, pourtant peu réussi. Mais ajoutez-y un petit  paradoxe temporel et… vous obtenez un film efficace, techniquement bien fait, distrayant, mais sans plus. Le méchant y devient vite ridicule et la relation K/O (avec la merveilleuse Emma Thompson) fait un flop. Décidément, Sonnenfeld n’est pas très à l’aise dans la psychologie des personnages, loin de son maître, Spielberg.

Au final, le spectateur n’est pas volé sur la marchandise, mais remâche son impression d’avoir un peu perdu son temps, tout de même. Entre univers rabâché, fin prévisible, débauche d’effets spéciaux, bons acteurs en roue libre, il y a des déceptions qui passeront inaperçues aux fans, mais qui ne sont finalement que normales : après plus de 10 films, un réalisateur s’essouffle et le dernier épisode d’une trilogie est rarement le meilleur.

Ice

Dark Shadows
9 mai 2012 (1h 52min)
Réalisé par
Tim Burton
Avec
Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter

MIB III

23 mai 2012 (1h 44min)
Réalisé par
Barry Sonnenfeld
Avec
Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin

Article précédentLa solidarité du FMI par Christine Lagarde > Etrange programme…
Article suivantL’Apothicaire de Henri Loevenbruck, Une médecine aboutie…
Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici