RENNES EXPOSITION. LE BLOSNE CHANTE SES HABITANTS

Dans le cadre de son projet Le Chant du Blosne, l’association Ars Nomadis présente l’exposition « Les Visages du Blosne », du 12 au 30 novembre 2018 à l’Hôtel de Rennes Métropole (métro Clémenceau). Projet artistique participatif sur trois ans, le Chant du Blosne a pour but d’« interroger et valoriser l’histoire du quartier du Blosne au travers du patrimoine musical de ses habitants. ». Nous nous sommes rendus au vernissage de l’exposition.

Le projet

Le Chant du Blosne est un projet de longue haleine. Durant trois ans, jusqu’en 2019, une équipe artistique rencontre des habitants du quartier du Blosne, à Rennes, afin de réaliser une série de portraits vivants et de composer les musiques qui les encadrent. À terme, ces portraits forment une mosaïque à l’image du quartier – qui fête bientôt ces cinquante ans – en jouant de la relation poétique et mémorielle que chacun entretient aux chants (chants traditionnels, berceuses, chansons liées à des souvenirs, chants ouvriers…) à son histoire propre et à celle vivante et mouvante du territoire.

À terme, des bornes sonores permanentes doivent être placées au sein même du quartier, formant un parcours et invitant à la découverte de ce quartier et de ses habitants.

visages du blosne

L’exposition

Les Visages du Blosne : 20 portraits sonores accompagnés de 12 portraits visuels. Ces portraits ont été réalisés par les volontaires (en service civique) de l’association Ars Nomadis et interrogent les habitants sur leur histoire au Blosne et sur les musiques, chants et mélodies qui ont marqué leur vie dans ce quartier.

L’exposition est accompagnée de la « borne nomade » [photo ci-dessous] permettant l’écoute des portraits sonores. Conçue par le designer Edgar Flauw ce dispositif d’écoute est un élément mobile que l’association transporte dans ses différents lieux d’intervention – elle a déjà été placée au Carrefour 18, au Triangle, etc… Assis sur les sièges de la borne, le visiteur se munit du casque audio et se laisse bercer par les voix d’Alphonsine, Yassine, de Marie-Jo et des autres.

visages du blosne
La borne nomade diffuse les portraits sonores des habitants du Blosne

D’une durée de 5 minutes chacun, les portraits sonores racontent les histoires des habitants et dressent en filigrane un portrait du quartier. Le fil rouge est la musique et plus particulièrement le chant. Les habitants l’évoquent dans leur portrait respectif. Le chant, expression d’un sentiment personnel qui peut devenir l’hymne de tous. Individuel et unificateur, comme la langue, qui est une autre des thématiques explorées par l’exposition. Une façon de mettre en avant la mixité culturelle du quartier.

Dans son portrait sonore, Besma (résidente du Blosne), d’origine tunisienne, entonne un chant arabe avant de nous parler de la sagesse de sa grand-mère. Colette, elle, nous raconte le centre social et sa passion pour la musique sud-américaine.

La réalisation des portraits sonores s’est faite en coopération avec les élèves du Conservatoire de Rennes. Partant de la parole de l’habitant, ces musiciens en herbe accompagnent les mots d’une ambiance musicale qui vient à la fois l’illustrer et le porter à un niveau supérieur de sensibilité. Dans le portrait de Rahim, ingénieur son vivant dans le quartier du Blosne, la musique imite une ambiance urbaine mécanique faite d’une cacophonie de percussions tandis que la parole se mêle à la mélodie du violon.

visage du blosne

« C’est une plongée dans le quartier, au travers du patrimoine musical de ses habitants » nous résume Sarah Le Quéré, ex-volontaire en service civique de l’association, qui a réalisé les portraits photographiques des habitants. Au nombre de 12, ils sont présentés sous forme de panneaux rigides, incluant une citation de l’habitant présenté. « On s’est dit qu’il fallait mettre des visages sur ces voix ». Sur chaque panneau se trouve un code QR, que les propriétaires d’un smartphone peuvent flasher afin de découvrir le portrait sonore de l’habitant de leur choix sur le Soundcloud du projet.

sarah photographe blosneLa rencontre

C’est paradoxalement dans les quartiers les plus peuplés qu’il est parfois le plus difficile de se connaître. Un quartier populaire comme le Blosne, fort de ses 20 000 habitants (7 140 hab./km²), ne connaît pas la valorisation (sociale, artistique, politique..) que connaissent des quartiers historiques comme Sainte-Anne ou République. C’est dans la revalorisation d’un territoire riche en personnalités et en activités que ce projet s’inscrit. L’idée du Chant du Blosne est de changer la vision qu’ont les habitants de leur propre quartier, par la rencontre de ceux qui comme eux le composent.

Dans cette optique, le choix de la Métropole de Rennes peut sembler obscur. Les habitants du quartier s’essayeront-ils à la découverte d’une exposition dans ce grand bâtiment institutionnel ? Agathe, volontaire auprès d’Ars Nomadis voit la chose sous un autre angle. « Des centaines de personnes travaillent ici, passent dans ce hall tous les jours. Cela va contribuer au rayonnement du quartier dans l’ensemble de la métropole » et répondre ainsi au besoin de valorisation.

« L’exposition est nomade, aujourd’hui elle est ici, mais elle est passée par différents lieux, pas forcément dédiés à la culture. On cherche plutôt des lieux de passage, comme ici ou comme les différents centres sociaux du quartier », visant ainsi un public autre que celui des expositions artistiques rennaises.

chant du blosne

« Un village écoute désolé le chant d’un oiseau blessé » Jacques Prévert

Pour faire honneur à la thématique musicale de l’exposition, le vernissage s’est doublé d’une performance musicale toute symbolique. Véronique, habitante du Blosne, accompagnée par le violoncelle de Mattéo, élève du Conservatoire, a repris de grands titres de la chanson populaire française du siècle dernier, tels que « La Vie en rose » d’Edith Piaf. Elle a aussi mis en chanson des poèmes comme « Le chat et l’oiseau » de Jacques Prévert, recueillant l’adhésion d’un public venu en quête de récits.

Exposition Les Visages du Blosne par Ars Nomadis.
Hôtel de Rennes Métropole, 4 Avenue Henri Fréville (métro Clémenceau)

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