Du 7 au 10 juillet 2022, le festival des Tombées de la Nuit revient vivifier le paysage rennais ! Avec une quarantaine d’artistes, talentueux au possible, une bonne trentaine de propositions et une centaine de représentations, les Tombées de la Nuit affirment sans relâche leur goût pour l’inattendu, la curiosité artistique au profit d’une récréation sensible et intelligente. Théâtre, danse, musique, performance et installation : les nouvelles aventures de ce programme sont saupoudrées d’une bonne dose d’humour. Présentation, mais avec les Tombées de la nuit, on dit “oui” les yeux fermés !
Chaque année, la population rennaise l’attend avec impatience et pour cause, il est de ceux qui animent et dynamisent la capitale bretonne durant l’été avec ses propositions généreuses, déconnantes, parfois loufoques, parfois insouciantes et surtout, toujours d’une grande qualité et pointilleuse. Parmi les quelque 800 événements prévus cet été à Rennes, l’incontournable festival des Tombées de la nuit revient en effet pour une nouvelle édition du 7 au 10 juillet 2022 ! Comme à son habitude, la programmation s’étale en réalité du 24 juin au 16 juillet, certaines propositions perdureront même jusqu’au mois de septembre.
Tout Rennais et Rennaise se doit de connaître les Tombées de la Nuit, mais si ce n’est pas le cas, n’ayez crainte, l’erreur est humaine (sed perseverare diabolicum). Remédions à cette incartade. L’équipe de cette association nomade arpente les rues à la recherche de lieux avant de squatter à gauche et à droite, les jardins, les écoles, les théâtres et autres lieux de l’espace public. Elle y installe ensuite des pièces de théâtre, des spectacles de danse, des expositions ou des concerts de musique.
Après avoir enchanté le Stade Rennais avec l’ovni Le Cauchemar de Séville en mai dernier, un moment fort dans l’histoire des Tombées de la Nuit selon les mots du directeur Claude Guinard, l’association revient avec son temps fort annuel, dans la continuité d’un mouvement déjà amorcé depuis le mois de janvier. Avec un format qui leur permet d’être omniprésents sur la scène rennaise, de manière plus ou moins visible, l’équipe ne s’est jamais vraiment arrêtée au final. Le projet Secret de Dan Archer avait rassemblé près de 5000 personnes pour son final en janvier dernier et le défilé processionnel Venus Parade de Clédat et Petitpierre avait animé les rues du centre ville au mois de mars.
L’édition 2022 offre une nouvelle fois de véritables pépites artistiques, souvent dans des formes rassembleuses. Pas moins d’une quarantaine de compagnies forme une programmation internationale, même si les compagnies étrangères restent moindres, car rappelons-le, il n’y a pas si longtemps, on ne savait pas encore sur quel pied danser. Parmi cette multitude de propositions, onze nouvelles créations seront mises sur le devant de la scène, dont sept sont des projets de la région.
Lever de rideau au quartier de Cleunay
Les bonus lanceront le début des festivités avant l’heure du festival et le clôtureront également. Et c’est le quartier de Cleunay qui brandira en premier les couleurs des Tombées de la Nuit, du jeudi 30 juin au samedi 2 juillet 2022.
En partenariat avec AY-ROOP, scène de territoire cirque, l’association lèvera le rideau avec la compagnie des Optimistes Créatrices d’Utopies Spectaculaires (OCUS) et sa nouvelle création, Dédale Palace. L’équipe de Claire Laurent installera son chapiteau au cœur du quartier de Cleunay pour un spectacle, entre réalité et imaginaire, qui « interroge les liens et croisements entre monde numérique et monde forain ».
Le même week-end, la circassienne Sandrine Juglair, spécialiste du mât chinois, interrogera les notions de féminité et de masculinité dans sa nouvelle création énergique Dicklove. Une thématique qu’elle avait déjà abordée dans son premier solo Diktat. Entre le mât chinois et la barre de pole dance, la différence est subtile et dans ce spectacle très physique et acrobatique, l’acrobate se sert de sa spécialité pour se jouer du genre et de l’ambiguïté. Avec humour, finesse et luminosité, elle fait exploser les représentations genrées. Une prouesse technique bluffante et une performance jubilatoire à ne pas rater.
Le week-end d’hors-d’œuvre se terminera avec Grandeur nature d’Anne-Sophie Turion. Samedi 02 juillet, à 11 h et 18 h, elle racontera le quartier Cleunay de manière sensible, entre réalité et ressenti.
En résidence pendant quinze jours entre Cleunay et La Courrouze, l’artiste s’est promenée dans les rues, est allée au PMU, a squatté un arrêt de bus pendant des jours sans jamais monter dans l’un d’eux et a discuté avec les habitants et habitantes des lieux. Le but ? Appréhender le quartier, connaître ses habitudes pour rendre visible l’invisible et mettre en scène le quotidien dans un récit immersif et intime à écouter au casque audio. Elle offre ainsi une randonnée urbaine particulière, seulement guidée par sa voix, et fait entrer le public dans la théâtralité du quotidien et naturelle de ces deux quartiers rennais.
Des spectacles signatures “Tombées de la nuit”
Avec la complicité de Philippe Hoffman, Claude Guinard conçoit chaque année une programmation à l’image des Tombées de la nuit, proposant une palette de disciplines riche et des propositions qualitatives. Des moments d’une grande générosité qui sont l’essence de l’association et définissent son identité. Le but étant de faire plaisir, de se faire plaisir et d’aller toujours plus loin dans l’intégration dans l’espace public. Toutes les propositions attirent l’enthousiasme de l’équipe, mais certaines se révèlent de vrais spectacles signatures, des condensés de ce que représentent les Tombées de la nuit.
Parmi les signatures, citons Birdwatching 4×4 du chorégraphe et danseur belge Benjamin Vandewalle. « Putain, l’émotion quand tu nous tiens », tels étaient les premiers mots d’un article au sujet de Birdwatching 4×4. À cela s’ajoutent ceux du directeur de l’asso : « il est parmi des cinq plus belles formes dans l’espace public que j’ai jamais vu ». Que dire de plus si ce n’est que ce voyage chorégraphique, véritable choc esthétique, prend le paysage quotidien comme terrain d’expérimentation où seul change le point de vue. Installant le public dans une plateforme observatoire mobile aux allures de bus magique, Benjamin Vandewalle se joue des lieux, des gens et de leurs repères pour redessiner la réalité. Alors, n’est-ce pas suffisant pour foncer acheter son ticket , la jauge étant en plus limitée à 20 ?
Dans la famille spectacles signatures, nous appelons le coup de cœur de Claude Guinard, Funny Business de Fraser Hooper ! Programmé en 2020, mais annulé pour on ne sait quelle raison, le mime, clown, improvisateur et metteur en scène néerlandais s’inscrit « dans la pure tradition du burlesque anglo-saxon, entre les Monty-Python, Buster Keaton et Charlie Chaplin » et développe avec Funny Business un spectacle de rue désopilant, à mourir de rire dans lequel le public participe activement. Nul besoin d’en dire plus, le moment est à vivre sans modération pour qui veut se payer une bonne tranche de rigolade.
Côté musique, citons l’artiste belge Ambassadeur Savon, représentatif des artistes du cru belge que les Tombées de la nuit aiment mettre en avant. Équipé de sa petite carriole amplifiée et mobile, le Bruxellois Pierrot Delor viendra mixer au cloître Saint-Melaine des sons tech house acid des années 1990, synthwave des années 80 et samples de films et promet une recette musicale décapante, avec double dose de sauce belge s’il vous plaît.
Un retour au cloître Saint-Melaine
Ambassadeur Savon se produira au cloître Saint-Melaine et ne sera pas le seul. Le festival des Tombées de la Nuit reprend en effet ses quartiers au parc du Thabor. Sur cette belle scène se succéderont concerts de musique, théâtre et même une installation, Animaltropiek.
Le cloître Saint-Melaine sera notamment le théâtre de la rencontre régulière entre I’m from Rennes et les Tombées de la Nuit pour I’m from la nuit, mais aussi un peu le jour comme ils aiment le souligner. Parmi les artistes, on nous susurre à l’oreille que la création d’Halven, Goulven Hamel de son vrai nom, et le concert du duo du musicien Olivier Mellano et de la chanteuse Mona Soyoc sont particulièrement immanquables. Le premier rend hommage à la musique country et à la culture folk nord-américaine dans un premier album solo, le second développe un univers punk chamanique et transe gothique.
Le cloître sera également le terrain de jeu de la compagnie OpUS, l’Office des Phabricants d’Univers Singuliers. Autour de La Grande Tablée, chroniqueurs et journalistes viendront le temps d’une émission de radio, entre deux sonneries de cloche de l’église Saint-Melaine, critiquer et analyser les spectacles vus aux Tombées de la Nuit. « Autant dire que le moment risque d’être ennuyeux, sérieux, triste,… les ingrédients bien évidemment de la compagnie », s’amuse Claude Guinard.
Aux partenaires réguliers, comme le cloître Saint-Melaine et le théâtre du vieux Saint-Étienne, s’ajoutent de nouveaux partenaires, notamment le lycée Bréquigny, futur terrain de jeu du collectif 49701 et sa pièce Les Trois Mousquetaires. Montée comme une série télé, la création en plusieurs saisons est une véritable expérience à vivre, « une forme théâtrale remarquablement réussie ».
Présent à l’édition 2018, le collectif revient aux Tombées de la nuit pour un de ces moments qui risque fort de marquer l’histoire du festival. Ce dernier a en effet prévu de mettre les petits plats dans les grands en proposant la super intégrale, le cycle 1 et le cycle 2 réunis, soit entre 8 h 30 et 9 h 30 de théâtre. Après une première au lycée Saint-Vincent, les acteurs et actrices rejoueront l’intégrale au lycée Bréquigny le 16 juillet. N’est-ce pas une belle manière de clôturer le festival ?
Restez connectés, la rédaction d’Unidivers vous réserve de belles surprises dans les prochains jours pour vous mettre l’eau à bouche et vous aider à choisir quels spectacles sont immanquables, même si on ne vous le cache pas, la majorité d’entre vous aimera posséder le don d’ubiquité pour se retrouver à plusieurs endroits à la fois, ne serait-ce que du 7 au 10 juillet 2022 !
Du 8 au 10 juillet 2022 : Tryptique de Patrice de Bénédetti, un chouchou de la rédaction d’Unidivers
D’emblée, il faut savoir que Patrice de Bénédetti est un danseur-performeur singulier et solitaire qui est un ovni dans le monde de la danse et un chouchou de la rédaction d’Unidivers. Cet hapax sur pattes revient aux Tombées de la nuit présenter un tryptique dont la dernière partie, intitulée, Michelle, en honneur de sa mère, est inédit.
Nous avions découvert Jean, solo pour un monument aux morts, en 2016. Dans ce premier exercice en solitaire, cet artiste venu de Marseille nous entraînait dans la Première Guerre Mondiale et interrogeait de la figure de son père.
En 2018, Patrice de Bénédetti présentait son deuxième solo, Vous êtes ici. Consacrée à la thématique du sport comme moyen d’expression et comme ascenseur social, la pièce brassait des canettes de Coca, Marseille, La Havane, Soweto, la figure autobiographie de son frère et des milliers de voix d’enfants qui dansent dans la pauvreté.
Avec bénéditti, nous sommes spectateurs de différentes mémoires et déracinements, du cynisme du monde moderne et de sa violence effrénée. Bénédetti joue sur ces ambiguïtés, rend mal à l’aise, mais questionne. Dans des cercles qu’il dessine, il performe, comme un espace de danse sur mesure où il spiritualise et matérialise des duretés existentielles constitutives. En apnée, le corps traversé d’énergies puissantes et parfois douloureuses, maculé de sueur, le souffle erratique de celui qui combat ses démons ; tour à tour, il joue, rampe, danse, jongle, fait l’équilibriste…
C’est au Parc des Tanneurs le 10 juillet à 18h qu’il présentera durant 40 minutes la dernière partie de son triptyque, Michèle qui est cette fois consacrée à sa mère. Un hommage qui prendra place sur un banc et fera appel, pour la première fois dans son écriture, au témoignage.
Découvrez toute la programmation des Tombées de la Nuit 2022 sur le site du festival