Après Jules Sébastien César Dumont d’Urville qui, lors de sa deuxième circumnavigation en 1840 découvrit une terre qu’il baptisa Terre Adélie en hommage à son épouse Adèle, il fallut attendre le début du 20e siècle pour voir la France repartir vers le sixième continent. Sous l’impulsion des navigateurs anglais et norvégiens et belges, Jean-Baptiste Charcot (1867-1936) organisa deux expéditions à bord du Français et du Pourquoi Pas ? et durant la Première Guerre mondiale, la marine nationale lui confia le commandement de deux bateaux « corsaires », le MEG I et le Meg II.
Charcot reprit ses voyages après le conflit, mais cette fois vers l’Arctique, relativement plus proche. Il fut victime avec son équipage d’un naufrage le 16 septembre 1936 (il n’y eut qu’un seul rescapé le Maître timonier Gonidec). Pour la deuxième fois il venait de déposer à Angmagsalik, côte est du Groënland, Paul-Émile Victor qui hiverna au sein d’un village esquimau pour poursuivre ses études ethnographiques commencées en 1934. Paul-Émile Victor créa en 1947 les Expéditions Polaires Françaises (EPF) qu’il dirige jusqu’en 1976 : pendant cette période pas moins de 150 missions sont menées sous son égide sur tous les continents blancs. Ces hommes, aussi grands fussent-ils, n’auraient pu réaliser leurs quêtes sans l’aide d’autres hommes. Paul-Émile Victor sut s’entourer d’équipes de techniciens, car les EPF étaient avant tout une « entreprise logistique », de maintenance, de transport, médicale (à plusieurs reprises des mécaniciens assistaient le médecin chirurgien lorsque celui-ci devait opérer des urgences qui ne pouvaient attendre ou espérer un transport rapide) qui faciliteront les divers travaux de relevés scientifiques.
Georges Gadioux est de ceux-là. Il est né en 1943. Son prénom il le doit à un oncle FTP fusillé en 1941. Si l’école se passe bien, son instituteur décide, comme cela se passait souvent à l’époque, qu’il suivra les traces de son père et donc une formation de mécanicien agricole : la France est encore tournée vers l’agriculture et le plan Marshall banalise dans les campagnes l’usage du tracteur. Après des classes en France, il poursuit son service national en Algérie.
De retour à la vie civile, Georges retrouve sa Charente natale et naturellement devrait prendre la suite de son père. Est-ce le goût des voyages, d’une vie autre, plus collective ? Il renonce à une existence toute tracée et vient chercher du travail sur Paris, à une période de plein emploi. De la mécanique agricole il passe à celle de l’automobile. Les hasards de l’emploi l’amèneront dans un curieux garage en souterrain au 22 avenue Chantemesse situé sous les locaux des Expéditions Polaires Françaises. Petit à petit, Georges découvre ce petit monde curieux qui lui était totalement inconnu et sympathise avec le personnel. On est en 1965.
Il participe ainsi à l’expédition glaciologique internationale au Groënland de février 1967 à septembre 1967. Cette mission est destinée à prélever des échantillons de glace par carottage profond et on mesure aujourd’hui l’importance de ces relevés plus anciens pour apprécier les changements climatiques. Plusieurs traversées du Groënland sont ainsi réalisées avec des véhicules tout terrain d’origine militaire : les fameux Weasel de la firme Studebaker.
Le 15 août 1968, au milieu du Groënland, Robert Guillard Chef des Opérations lui fait part d’un message reçu de Paris. « Faire rentrer Georges Gadioux dans la première évacuation, il doit être à Dakar le 5 octobre, l’IGN le recrute pour une mission en Afrique de l’Ouest : mesurer la distance “Dakar-Djibouti”.
De retour du continent africain, Gadioux s’inscrit pour une campagne d’été en Terre Adélie au sein des Expéditions Polaires Françaises. Il découvre cette fois la Terre Adélie où il sera de trois campagnes d’été de 3 Mois et d’un hivernage de 16 Mois après un long voyage en bateau à chaque expédition. Au terme de l’hivernage, il participe avec 3 camarades à l’accueil du premier avion qui atterrit en Terre Adélie.
Dans ce LC 130 de l’US Navy se trouve l’équipe du Raid I A G P. De retour en France, les hasards de sa “première mission africaine” l’auront mis au contact d’un continent à 100 000 lieux des Pôles : sa compétence y a été reconnue, on le sollicite pour la Côte d’Ivoire dans le domaine agroalimentaire [juste retour aux sources ?], il y montera tous les échelons jusqu’au poste de directeur commercial, mais ceci est une autre histoire. Aujourd’hui il goûte une retraite sereine en Poitou, mais reste amoureux des Pôles et fidèle de l’amicale des expéditions polaires.
Georges Gadioux est sur Facebook.
Le district de Terre Adélie est situé sur le continent antarctique et forme un secteur angulaire [432 000 km²] de calotte glaciaire compris entre le 136e et le 142e méridien de longitude Est. Il a pour sommet le pôle sud géographique, et pour base la portion de côte, voisine du cercle polaire antarctique, de 350 kilomètres de longueur baignée par la mer Dumont d’Urville.
Son climat est caractérisé par de très basses températures et des vents violents souvent chargés de particules de glace, les “blizzards”.
À partir du mois de mars, la mer se recouvre d’une pellicule de glace qui s’épaissit pour atteindre un à deux mètres durant l’hiver. Cette glace de mer qui forme la banquise couvre une étendue immense et bloque la navigation. Le retour de l’été entraîne la débâcle de cette glace qui se fragmente en plaques partant à la dérive.