Jean-Louis Debré, figure de la politique française, est mort dans la nuit du 3 au 4 mars 2025 à l’âge de 80 ans. Fils de Michel Debré, ancien Premier ministre, et petit-fils du pédiatre Robert Debré, il a consacré sa carrière au service de l’État et aux institutions républicaines, mais aussi à l’écriture.
Après des études de droit et de sciences politiques, il devient magistrat, notamment juge d’instruction. Il rejoint le Rassemblement pour la République (RPR) dès sa création en 1976 et est élu député de l’Eure en 1986, s’affirmant comme une voix influente de la droite républicaine. Nommé ministre de l’Intérieur en 1995 sous la présidence de Jacques Chirac, il gère notamment la vague d’attentats terroristes qui touche la France cette année-là. En 2002, il accède à la présidence de l’Assemblée nationale, qu’il occupe jusqu’en 2007, où il se distingue par sa défense des prérogatives du Parlement. Il est ensuite président du Conseil constitutionnel jusqu’en 2016, veillant au respect de la Constitution.
Jean-Louis Debré avait aussi une passion pour l’histoire et le récit des grandes figures de la République. Dans Les oubliés de la République (2008), il mettait en lumière des personnalités politiques injustement reléguées dans l’ombre, leur redonnant une place dans la mémoire collective. Son travail de biographe a notamment permis de réhabiliter des destins méconnus qui ont pourtant façonné l’histoire politique de la France.

Son amitié avec Jacques Chirac, forgée dans les coulisses du pouvoir et à travers des décennies d’engagement commun, a donné naissance à plusieurs ouvrages où il racontait leur complicité et les coulisses de la politique sous la Ve République. Dans Ce que je ne pouvais pas dire (2016), il livrait des mémoires où il évoquait son passage au Conseil constitutionnel et ses désaccords avec certaines évolutions politiques.
Jean-Louis Debré avait aussi un regard aiguisé sur les évolutions de la société française et les transformations du pouvoir. Dans Dictionnaire amoureux de la République (2021), il partageait sa vision de la France républicaine, expliquant les valeurs qui lui étaient chères et retraçant les grandes heures de la vie démocratique. IIl savait raconter l’histoire sans jamais tomber dans le didactisme, insufflant à ses récits une vitalité. Sa plume était celle d’un homme qui aimait profondément son pays et ses institutions, mais qui n’hésitait pas à en dénoncer les travers avec humour et clairvoyance.

Ladisparition de Jean-Louis Debré ne marque pas seulement la fin d’un grand serviteur de l’État, mais aussi celle d’un écrivain engagé et d’un témoin de son temps politique. Son œuvre littéraire demeure un témoignage des coulisses du pouvoir de l’histoire de la République française et des grandes figures qui l’ont façonnée.
Photo de une par Jackolan1 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0