Du 12 au 23 novembre 2025, Rennes et Miniac-Morvan vont vivre au rythme d’un thème que l’on tient d’ordinaire hors champ public : la prison. À l’initiative du Collectif Prison de Rennes (CPR), les Journées Nationales Prison (JNP) déclinent localement le thème retenu au niveau national : « La surpopulation carcérale : obstacle à la réinsertion, un danger pour la société ? ». Dans un contexte où les établissements français battent des records de population et où l’on parle enfin de conditions de détention dans le débat public, ces journées entendent montrer que l’enfermement ne concerne pas seulement l’administration pénitentiaire mais bien l’ensemble de la société.
Objectif affiché : faire connaître les réalités de la détention, donner la parole aux personnes qui y travaillent ou qui y sont passées, et rappeler que la réinsertion est une condition de la sécurité de tous. Pour cela, le CPR a construit une programmation variée, dans plusieurs lieux de la ville, afin de toucher étudiants, habitants, professionnels du social, acteurs culturels et grand public.
Un collectif rennais très structuré
Le Collectif Prison de Rennes réunit les associations qui interviennent régulièrement en détention ou auprès des familles : visiteurs de prison, accueil des proches, soutien matériel et social, associations de lecture, aumôneries, structures de bénévolat. Ce sont elles qui voient chaque semaine les effets très concrets de la surpopulation : cellules doublées ou triplées, activités réduites, accompagnement plus difficile, tensions plus fortes, personnels surchargés. Les JNP 2025 sont l’occasion de rendre visibles ces constats de terrain et de les partager avec la ville.
Un lancement public le 12 novembre
Le coup d’envoi sera donné le mercredi 12 novembre à 18 h à la Chambre des métiers (1 rue de l’Alma, Rennes). Ce temps d’ouverture permettra de présenter le thème 2025, les partenaires et les enjeux locaux. Il sera suivi d’un débat d’ouverture à 19 h consacré à la question centrale : en quoi la surpopulation empêche-t-elle de préparer la sortie, de proposer des formations, de maintenir les liens familiaux ? Et, inversement, en quoi une mauvaise réinsertion finit-elle par fragiliser la société tout entière ? Ce premier rendez-vous donne le ton : parler de prison, ce n’est pas parler d’un monde à part, c’est parler de politique publique.
Une programmation pour voir, entendre, rencontrer
Le programme 2025 se distingue par la diversité des formats proposés :
- Ciné-débat au cinéma Arvor (vendredi 14 novembre, 18 h) autour d’un documentaire tourné au cœur de la détention. L’idée est de donner à voir ce que les chiffres ne disent pas : la promiscuité, la difficulté de mettre en place des activités quand les locaux sont saturés, la façon dont les tensions montent dans des espaces trop pleins.
- Journée à l’Université Rennes 2 (mercredi 19 novembre) avec à la mi-journée une intervention théâtrale dans le hall, puis l’après-midi des temps de « témoignages vivants » à la bibliothèque : anciens détenus, bénévoles, professionnels viennent raconter leur parcours et répondre aux questions. Le soir, le CCNRB/Le Garage accueille une soirée théâtre et débat sur la place de la culture et de l’expression artistique en prison.
- Bibliothèque vivante à la bibliothèque des Champs Manceaux (vendredi 21 novembre, 14 h 30 – 17 h 30) : le public vient « emprunter » un témoignage humain, s’assoit et écoute l’histoire d’une personne liée à la prison. C’est un format très efficace pour casser les préjugés.
- Clôture à Miniac-Morvan (dimanche 23 novembre, 15 h, à l’Acousti’K) avec un temps théâtral. Ce déplacement hors de Rennes rappelle que la question carcérale ne relève pas que du centre-ville et que l’accompagnement se fait à l’échelle d’un territoire.
Pourquoi reparler de surpopulation en 2025 ?
Parce qu’une prison trop pleine ne peut pas faire ce qu’on attend d’elle. Quand trois personnes partagent une cellule prévue pour une seule, il devient plus difficile de suivre un parcours de peine, de préparer un examen, de travailler, d’avoir un entretien avec un travailleur social ou un visiteur, et même simplement de dormir. Les associations rennaises le constatent : la surpopulation fragilise les personnes détenues, use les personnels, réduit l’offre d’activités et, au bout du compte, compromet la réinsertion. Or une réinsertion manquée, c’est le risque de la récidive. Les JNP 2025 veulent donc faire passer une idée simple : mieux accompagner à l’intérieur, c’est mieux protéger à l’extérieur.
Un appel à participation
Le Collectif Prison de Rennes invite les habitants, les médias locaux, les étudiants, les professionnels du social et de la justice, mais aussi les élus à relayer ces rendez-vous. Les JNP sont aussi un moment pour découvrir les associations qui interviennent toute l’année en détention et qui recherchent régulièrement des bénévoles. Venir à une projection, à un débat ou à une bibliothèque vivante, c’est déjà une manière de soutenir ce travail discret mais indispensable.
