Independence de Kosheen > La dance transe de Sian Evans

Découvert avec le fameux album Resist, Kosheen avait confirmé avec les albums Kokopelli et Damage. Le groupe de Bristol revient après 5 ans avec cet Independence qui marque un nouveau tournant musical.

Jusqu’à présent, comme tout bon Bristolien, le groupe surfait sur la vague trip-hop en y mêlant des influences rock tout en gardant une accessibilité pop. Mais pendant ce temps, la chanteuse Sian Evans avait participé à des projets plus Dancefloor qui pouvaient remettre en question l’avenir du groupe. En outre, le groupe garde une certaine aura en Serbie et dans les Balkans, très friands d’Eurodance. On imaginait donc que le trio allait survivre à travers le biais d’une dance pur jus.

À l’écoute d’Independence, c’est effectivement cette dimension dance qui vient d’emblée à l’esprit. L’ensemble présente une forte connotation « boite de nuit » avec des sons atmosphériques dans l’air du temps, mais aussi des beats flirtant avec la trance. Cela étant, l’album ne manque pas de charme. Certes, ce n’est plus tout à fait le Kosheen de Damage. Mais leur album Resist présentait déjà des hits de monde de la nuit. L’amie Susie Ledge est présente en tant que chanteuse invitée.

Dans le détail, le beat d’Addict et les transformations sur la magnifique voix grave de Sian conservent une tonalité trip-hop, quand bien même les lignes atmosphériques orientent sur le terrain de la dance.
Le single Get a New One y va franco avec une intro au beat basique et un refrain qui promet de révéler toute sa puissance en live en suscitant chez l’auditeur l’envie de frapper des mains en sautant.
Rien à voir avec le plus intimiste Tightly, qui n’est pas sans rappeler les cousins londoniens de Faithless avec l’apport conséquent de la voix de Sian sur le refrain.
Bella Donna Bella est plus faible avec un manque de refrain et une instrumentation trop brouillonne pour créer une véritable ambiance.
Dependancy est au contraire plus hardcore avec une intro agressive et digitale. Entre house et trance avec un beat strident doublé de basses lourdes. La voix de Sian intervient bien tard, là encore à la manière de ce que Faithless pouvait faire avec Dido, ancrant le morceau sur l’instrumental. Certainement l’un des morceaux les plus ambitieux de l’opus avec plus de 6 minutes.
Manic paraît bien plus commun avec son instrumentation basique qui n’est pas sans rappeler le dernier Madonna, ce qui n’est pas un compliment…
L’instrumental Zone 8 renforce pourtant l’impression que Kosheen voyage hors de ses terres habituelles. Il opère bien la transition avec le très industriel Mannequin.
Froid, épuré, Mannequin surprend de la part du trio. C’est bien un travail de DJ, mais pas du DJ à la petite semaine visant la rentabilité maximum. Non du haut de gamme, avec ce qu’il faut de recherche sonore pour passionner l’auditeur tout en étant efficace pour un véritable trip dans un autre monde.
Something New est dans cette veine-là avec encore des sonorités rauques et brutales. Cette seconde partie d’album est beaucoup moins racoleuse que ne pouvait l’être l’introduction. La voix de Sian est littéralement transformée, retraitée, digitalisée. Les fans s’y perdront peut être, mais tout cela reste cohérent avec l’univers trip-hop.
De même avec Enter, encore une fois très expérimental, instrumental et éthéré.
On frôle même l’ambient avec You don’t own me dans son « dungeon mix ».
C’est un véritable retour à la lumière que propose Waste aussi prenant qu’agressif. La voix de Sian n’est jamais aussi belle que mêlée à ce son.
Spies clôt avec bonheur un album qui confirme finalement tout le bien que l’on pensait du groupe.

Kosheen explore, se renouvelle et le fait avec intelligence prouvant que l’electro n’est pas forcément un produit commercial bas de gamme mâtiné de cette variété niaise qui fait le pâle bonheur des ondes françaises.

 

Tracks :

1. Addict
2. Get A New One
3. Tightly
4. Bella-Donna
5. Dependency
6. Manic
7. Zone 8
8. Manneqin
9. Something New(Visionz Mix)
10. Out There
11. Enter
12. You Don’t Own Me(Dungeon Mix0
13. Waste
14. Spies

 

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Didier Acker
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