La 1ère édition de La Vilaine était en noir, Festival des cultures polar à Rennes, se déroule du 24 au 26 novembre 2016. Une affaire de passionnés. De passionnés déterminés à prouver que loin d’être un genre mineur, le polar fait culture. Le polar irrigue divers pans de la création contemporaine avec vigueur et acuité. Vous aurez un peu plus de 3 jours pour vous en convaincre…
Le polar est souvent défini comme un genre de passionnés. Néanmoins, l’appréciation générale – de ce genre qui a depuis un certain temps acquis ses lettres de noblesse – reste assez condescendante. Sous-genre, littérature pour lecteurs moins-disants, au rabais… Diantre ! C’est trop vite oublier que le polar – thrillers, roman noir et autres dénominations – recouvre non un univers étriqué de livres pour quai de gares, mais bel et bien un multivers culturel qui se déploie : photographies, cinéma, bande dessinée, art graphique, musique, étude sociologique, voire anthropologique ou métaphysique – de Chesterton à Dantec, en passant par Dick…
Ce maelstrom de créativité est précisément ce qu’Olivier Keraval (éditeur et initiateur du Festival avec le collectif Noir Vilaine – Tarik Messelmi, critique, Claire Sourp, universitaire, Véronique Laroche, bibliothécaire, Jean-Marie Goater, éditeur, Mary Ann, photographe) a souhaité mettre en lumière en se lançant dans cette folle aventure : la création d’un festival aux contours inédits.
En tant que Rennais j’ai grandi, nous avons grandi avec l’image et l’idée des Trans. C’était notre festival. Rennes ville rock ça vient de ça, d’une création originale et de ses interactions avec un public qui fait sienne cette idée. Nous aimerions dans l’idéal créer ce type d’attachement, de relation autour des cultures polar.
Dans cet esprit, il s’agissait de faire émerger une entité forte, aisément repérable alors qu’elle ne ressemble à aucune autre. Hors de question pour le collectif La Vilaine était en noir de concevoir leur Festival comme un énième salon du livre. Sortir des cadres et des clous, n’est-ce pas le propre du polar ?! Un genre qui pose sa griffe partout, et surtout là où on ne l’attend pas…
La structure même du festival se devait d’être polymorphe, comme l’est le genre, encore trop sous-estimé du polar. Le nom même que nous avons choisi tend à montrer ce lien entre différentes formes artistiques. C’est pour cela qu’il était important pour nous, voire essentiel, d’avoir le soutien et l’aval de l’Université. Le polar est un genre très populaire, au sens noble du terme, c’est également une culture protéiforme et nous souhaitions montrer qu’il bénéficie aussi d’un fort crédit intellectuel.
La structure prend en effet tout son (ses) sens dans le déroulé du festival. La Vilaine était en noir a d’ores et déjà permis de mettre en lien et de faire travailler de conserve les différents libraires de Rennes, de relier le polymorphe Hôtel Pasteur à l’Université Rennes 2, mais également de créer des ponts avec le réseau des bibliothèques de la Métropole et jusqu’aux archives départementales dont les équipes ont accueilli avec enthousiasme la demande du collectif de mettre au jour de nombreuses et estimables pièces judiciaires. De nombreuses expositions, des projections et des conférences viendront émailler et enrichir les usuelles séances de lectures et de dédicaces…
En outre, des auteurs majeurs seront présents durant les trois jours du festival (DOA, Andreu Martin, Christope Sémont, entre autres) intégrés dans un parcours lui-même vivant au cœur de la ville, les propositions nombreuses et variées devraient s’achever en apothéose avec le projet Condor de Caryl Férey. Une mise en musique et en chant de plusieurs extraits de son roman par Bertand Cantat, Marc Sens et Manusound ; le projet pluridisciplinaire de ce Rennais d’adoption devrait clore en beauté cette première édition d’un festival qui pourrait bien changer un peu le statut de la ville de Rennes : ville rock ET polar !