Le film 50 nuances de Grey pèse 50 tonnes de clichés

critique filmUne semaine après sa sortie, le supposé sulfureux film 50 nuances de Grey a déjà perdu 73% de part d’entrées. C’est que les gens n’ont pas envie de se faire du mal. Message aux X pur sang qui seraient encore tentés : fuyez ! On pourrait donner 50 raisons d’éviter ce film tout gris. Allons-y déjà pour 13 à la douzaine !

 

L’histoire est tartignole. A moins de 30 ans, Christian est à la tête d’une immense fortune, dirige ses 40 000 employés de son siège, mais en plus, c’est un fervent défenseur des causes perdues et œuvre sans répit contre la faim dans le monde. Ben tiens !

Il vit entouré de bombasses qui lui font les yeux doux, mais sexuellement, il ne prend son pied que dans un contexte sado-maso. Qu’en dites-vous, monsieur Freud ? Monsieur Œdipe ? Il a été adopté. Ah bon !

Anastasia, l’héroïne est habillée comme une patate (pour trancher avec les bombasses) mais dégage une beauté intérieure formidable. Faut dire que c’est une intello, fan de littérature anglaise : elle adooooore Tess d’Urberville – là, on ne peut s’empêcher de penser à une autre Anastasia (la Kinski), inoubliable dans Tess de Polanski.

Ana est vraiment une gourdasse. Elle est vierge (ce qui chez les Incas était fort à propos mal considéré). Elle ne prend même pas connaissance des questions préparées par sa co-loc pour interviewer le milliardaire Grey. Et bien sûr, elle rougit quand elle lui pose la question « are you gay ? »

Le milliardaire conduit son hélico tout seul comme un grand (même la nuit). Il habite dans un loft impersonnel et froid comme un igloo, mille fois vu dans les revues de déco top tendance !

Les interprètes sont tartes : Jamie Dorman a un faux air de Nicolas Duvauchelle, mais pas une once de sa présence. On se demande bien pourquoi l’édition britannique de Glamour a placé l’acteur en tête des hommes les plus sexy de 2015 ! Il se dit qu’il ne participera pas à la suite. Prétendument parce que sa compagne est jalouse.

Dakota Johnson a un faux air de Sophie Marceau mais pas une once de sa présence. Encore une fille de… assommante ! Sa maman Mélanie Griffith a déclaré qu’elle ne pourrait pas voir le film « ce serait trop bizarre ». Ces faux culs d’Hollywood !

Le film 50 nuances de grey ressemble à une pub pour parfums masculins. Esprit glacé. Situations invraisemblables – on sait bien que l’argent peut beaucoup, mais tout de même !

Le placement produit crève l’écran, lui. Apple a le beau rôle et Audi est assurément das auto, comme dit la pub.

Selon Benoit, 48 ans, graphiste à Rennes : « les images monochromes ont 256 niveaux de gris. 50, c’est un peu juste pour un bon rendu ».

Marc, 40 ans, technicien, à Poissy, avait déjà trouvé le livre assez niais, pas original sur le fond, mais est quand même allé voir le film avec sa compagne : « l’actrice fait le job, mais l’acteur est mal choisi, on ne sent pas le côté à la fois sombre et fragile de Christian Grey. On pense à Twilight, çà s’adresse au même public. J’aurais du rester chez moi, à relire le Marquis de Sade ».

Gwenaëlle, journaliste, 38 ans, a trouvé « les dialogues inconsistants, le style bâclé et rien de torride dans la sensualité ». Et d’ajouter une excellente recommandation : (re)lire L’Amant de Lady Chatterley de David Herbert Lawrence et (re)voir le film de Pascale Ferran – et fuir la version de Just Jaeckin.

Enfin, ne risquez pas d’alimenter les rubriques faits-divers de la presse qui relate maints incidents liés à différents exercices périlleux engagés par des néophytes en SM. (cf. Ouest-France Fougères du 17 février : « une femme s’est présentée à l’hôpital, une menotte coincée à un de ses poignets. Les policiers ont dû utiliser leur passe pour l’en délivrer ». On dénombrerait 50 nuances de rouge chez les pompiers !

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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