Le printemps apportant son lot de fleurs et bourgeons, pourquoi un amoureux de la nature s’enfermerait-il dans une salle obscure ? Les Jardins du Roi, un film sur le jardinage évidemment ! Et sur André Le Notre, le plus grand des jardiniers…
Amusant clin d’œil, c’est bien un ressortissant de Sa Majesté qui va s’intéresser au maître du jardin à la française. Mais il faut aussi avouer que les Britanniques sont des amoureux des jardins. Néanmoins plus que sur Le Notre, c’est sur une certaine Sabine de Barra que le récit est centré. Et c’est là que se perdront les amateurs de biopics férus de rigueur historique. Ils n’auront que faire de l’interprétation jubilatoire de Louis XIV par le grand Alan Rickman, jouant à l’envi de sa grande expérience shakespearienne. Ils n’auront que faire de la lumineuse présence de Kate Winslet qui sublime une photo plutôt grisonnante, ni de la truculence du génial Stanley
Tucci. Les amateurs de jardin ne verront pas non plus des longueurs de métrages sur les espèces et essences qui peuplent les jardins de Versailles.
Mais alors : Les Jardins du Roi, sont-ils ratés ? Eh bien, prenons exemple sur le jardinier qui sommeille en chacun de nous : prenons le temps. Car le secret du film (le second d’Alan Rickman en tant que réalisateur) est dans son rythme. Il se laisse le temps d’installer le passé de son héroïne, de laisser les manigances de la cour passer comme des saisons. Il est comme un jardin, avec ses fleurs (Kate Winslet, évidemment… et aussi Jennifer Ehle), ses buissons (Matthias Shoenarts, plus à l’aise chez Audiard fils…), ses arbres majestueux (Rickman, évidemment), ses orties savoureuses (Tucci) – le tout durant une promenade de presque 2 heures.
Comme tout jardin, il a ses défauts, ses zones d’ombres, ses arbustes mal taillés. Mais on aime pourtant y passer un peu de temps, juste pour la détente, pour se couper du brouhaha de ce monde. Et c’est souvent en arrêtant de parler que l’on prend le plus de plaisir dans un jardi., A écouter simplement le chant de la nature. Qui nous fait croire qu’on la dompte.