Le Low-Tech se caractérise par la mise en œuvre de technologies simples, peu onéreuses, accessibles à tous et facilement réparables. Il fait appel à des moyens courants et localement disponibles tels la récupération, la réutilisation et le recyclage de matériaux et d’objets. L’association Low-Tech-Lab de Concarneau (Finistère) en est un exemple parfait. Elle nous fait découvrir ses actions et ses projets.
Le Low-Tech, pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore, est un terme pour qualifier des objets, des techniques, des services, des pratiques, des modes de vie et même des courants de pensée, qui intègrent la technologie selon trois grands principes : l’utile, l’accessible et le durable. La pensée low-tech permet de vivre mieux avec moins et répond aux besoins utiles de l’Homme. Si elle était plus largement connue, acceptée et adaptée, elle permettrait de lutter efficacement contre les maux environnementaux, sociaux et sociétaux de notre siècle.
Des initiatives individuelles et collectives émergent un peu partout dans le monde. Aujourd’hui, une vingtaine de collectifs participent à l’animation du réseau des Low-tech Lab locaux qui contribuent à faire vivre localement la philosophie Low-Tech par des actions de sensibilisation, des ateliers et des formations. Les Low-tech Lab locaux ont débuté leur émergence en 2019. En France, il y a la communauté locale de Bordeaux, celle de Grenoble. Une existe aussi dans le département du Pas-de-Calais, etc. Coup de projecteur sur la communauté locale de Concarneau dans le Finistère.
L’origine de Low-Tech-Lab à Concarneau
C’est dans le Finistère que Corentin de Chatelperron fonde en 2013 Le Low-tech Lab de Concarneau, une association dont la mission est de sourcer, documenter, expérimenter, diffuser et transmettre des Low-Tech pour répondre aux besoins de bases accessibles et durables : l’accès à l’eau, à l’alimentation, à l’énergie. “L’association compte 8 salariés. Pour le Finistère, il existe également deux antennes : une à Brest et l’autre à Clohars-Carnoët qui ne fonctionnent qu’avec la participation de bénévoles”, explique la responsable de communication Anaïs Demont.
Cependant l’histoire du Low-tech Lab de Concarneau commence au Bangladesh en 2009 lorsque Corentin Chatelperron, jeune ingénieur de 26 ans rejoint un chantier naval moderne de production de bateaux en composite de fibre de verre. Après la création d’un premier bateau prototype fait de 40% de composite en jute et 60% de composite en verre, il entreprend quatre ans plus tard une expédition à bord d’un navire prototype en fibre naturelle de jute, pour s’essayer à l’autonomie grâce à de petits systèmes Low-Tech. Pendant six mois, ce jeune ingénieur part explorer le golfe du Bengale à bord d’un voilier de 6,60 mètres entièrement conçu par ses soins en fibre végétal, un matériau 100 % écologique.
Les actions de l’association
Aujourd’hui l’association Low-Tech-Lab est présidée par le cofondateur Pierre-Alain Lévêque, Corentin Chatelperron étant le président d’honneur.
Pierre-Alain, originaire de Pléneuf-Saint-André (Côtes d’Armor) est également ingénieur, passionné par le «Faire soi-même » et le monde des Low-Tech. Diplômé de l’ICAM en 2012, il rejoint Corentin de Chatelperron au Bangladesh. Il participe avec lui à l’expédition Nomade des Mers, un catamaran transformé en atelier-laboratoire pour repérer les Low-Tech les plus prometteuses autour du globe, les expérimenter à bord et promouvoir l’innovation utile et durable.
https://www.facebook.com/lowtechlab/videos/904594383704442
Pierre-Alain Lévêque organise le Low-tech Tour France, avec l’ingénieur Clément Chabot et Camille Duband. Ensemble, ils rencontrent des inventeurs et diffusent en tutoriels (tutos) un panel de low-tech adapté à l’habitat français.
« L’habitat Low-Tech » est un prototype de maison Low-Tech autonome à l’ossature de bois (façon tiny house) que Pierre-Alain Lévêque a construit en 2021 avec Clément Chabot, ingénieur lui aussi. Tous les deux ont appris à vivre dans cette petite maison en plein champ, sans eau courante, ni réseau électrique. Ils sont devenus des habitants-cobaye pendant une année pour mesurer l’impact économique, écologique et ergonomique des Low-Tech, dans le contexte occidental. Dans cette habitation, il existe une dizaine de techniques écologiques et à moindre coût. Elles ont été testées et corrigées par les deux ingénieurs avec toujours l’objectif de s’améliorer et d’innover toujours plus. Parmi ces techniques, il y a : Le capteur à air chaud, qui permet au soleil de rentrer à l’intérieur des pièces grâce à sa surface noire qui crée la chaleur. Il fait gagner 20 à 25% de chauffage en hiver ; le poêle de masse qui chargé de bois monte en température à 80 – 90 degrés et gagne une autonomie de 6 heures ; le récupérateur d’eau de pluie qui bénéficie d’un système pour filtrer les impuretés, accouplé au chauffe eau solaire qui grâce à des grilles de réfrigérateur permet de remplir le ballon d’eau chaude ; le filtre à charbons actifs sert à filtrer l’eau de pluie qui arrive de la cuve en retirant les bactéries ; le garde-manger est installé au nord de manière à ce qu’il ne rencontre jamais le soleil, une technique simple qui permet de garder les aliments au frais en se dispensant de réfrigérateur ; la gazinière est cependant classique, mais compensé par une marmite norvégienne, sorte de grosse thermos isolée qui accueille la casserole ou le fait-tout dans une enceinte isolée.
Toute l’équipe de la Low-Tech-Lab a été formée à la lacto fermentation.
La lacto-fermentation est une technique ancestrale de conservation des aliments qui connaît depuis peu un regain d’intérêt. Elle a été abandonnée au début du XXe siècle et remplacée dans un premier temps par les conserves stérilisées puis par le réfrigérateur. Pour autant, elle demeure intéressante sur les plans nutritif et gustatif. C’est pourquoi elle est très appréciée de ceux qui découvrent aujourd’hui ses vertus, et à juste titre : un légume fermenté contient jusqu’à 10 fois plus de vitamine C que le même légume frais. Elle consiste à plonger les aliments dans de l’eau salée pour favoriser le développement des bactéries lactiques (ou lactobacilles, dites les “bonnes bactéries”) par macération. Privées de contact avec l’air, elles vont proliférer en se nourrissant des sucres présents dans les aliments, qu’elles transforment en acide lactique qui détruira les bactéries pathogènes.
En résumé, la lacto-fermentation est le procédé de transformation des sucres (le glucose présent dans les légumes) en acide lactique par les bactéries. La conservation peut alors se prolonger plusieurs années
A la croisée de l’ingénierie et de l’aventure, l’association mène ses projets par l’envie de s’appliquer à elle-même le changement que l’on souhaite voir pour le monde. Le président de Low-Tech-lab réalise régulièrement des conférences auprès du grand public, d’entreprises et d’étudiants pour témoigner des leçons tirées de ses expériences et pour véhiculer un maximum le potentiel de la démarche Low-Tech.
En 2022, Low-Tech-lab de Concarneau avait organisé un festival, l’occasion de fêter le retour du Nomade des mers. Il avait réuni 15000 visiteurs. Il n’y a pas d’autre édition de programmée, si ce n’est à l’avenir l’occasion d’un événement exceptionnel à célébrer.
Un livre a été écrit par Pierre-Alain Lévêque et Clément Chabot et édité aux Editions Rustica : LOW-TECH, repenser nos technologies pour un monde durable. Le livre retrace en 4 grands chapitres, l’univers des possibles qu’offre la Low-Tech dans l’habitat. L’eau, l’énergie, la conservation alimentaire et la mobilité sont abordés de manière à éclairer chacun lecteur sur une vie Low-Tech. Préfacé par Corentin de Chatelperron, Roland Jourdain et Sophie Vercelletto, ces 112 pages de conseils et témoignages sont à retrouver dans toutes les bonnes librairies
Les projets pour 2023
Le président Pierre-Alain Lévêque souhaite créer une Low-Tech dans le département des Côtes d’Armor.
Un projet participatif de territoire est au programme de cette année, en partenariat avec la région Bretagne, d’accompagner une vingtaine de structures privées et publiques. L’objectif est de leur faire découvrir l’association Low-Tech-Lab, de leur proposer des créations de Low-Tech, de modifier au besoin leurs structures, de créer des ateliers en groupe. Concernant l’appel à projets pour les établissements scolaires, seule l’école Diwan de Trégunc (école de langue bretonne) a été retenue à la date d’aujourd’hui. L’auto-diagnostic des structures a été réalisé fin 2022.