Dans un paysage culturel saturé d’images, Le Mans Sonore rappelle que notre premier lien au monde est acoustique.
Battements d’ailes, murmure d’une foule, ronronnement urbain, grain d’une voix, vibration d’un matériau – tout est son, tout est signe, tout est expérience. Depuis sa création, la Biennale du son s’impose comme un rendez-vous unique en France et en Europe, articulant sciences, recherche, design, art contemporain et musique avec une profondeur rarement atteinte.
À rebours des festivals traditionnels, Le Mans Sonore ne propose pas seulement une programmation artistique, il offre une immersion dans le phénomène sonore lui-même. Ici, le son n’est pas un simple médium ; il devient un objet d’étude, un vecteur d’émotions, un outil d’exploration qui questionne nos habitudes d’écoute et notre rapport à l’environnement.
Le son comme matière, mémoire et territoire
Dans le tumulte silencieux des métropoles modernes, nous oublions souvent combien la perception sonore façonne nos vies. Le Mans Sonore en révèle la texture intime. À travers installations, concerts, performances, ateliers, parcours urbains et conférences, la Biennale invite chacun à réapprendre à écouter.
Les œuvres présentées, qu’elles soient contemplatives, interactives ou spectaculaires, agissent comme des activateurs d’attention :
• elles révèlent les micro-résonances d’un lieu ;
• elles transforment des bruits « ordinaires » en paysages sensibles ;
• elles proposent des expériences immersives où l’espace devient instrument.
L’édition 2026 déploie ainsi un dialogue fécond entre créateurs internationaux, chercheurs, designers sonores, étudiants, artistes numériques et musiciens. Chaque projet explore un pan de l’acoustique : résonance stochastique, vibration de la matière, spatialisation, bruit comme ressource, écoute du patrimoine, fiction sonore, transformations électroacoustiques.
Une expertise acoustique ancrée dans l’identité du Mans
Si Le Mans peut proposer une telle Biennale, c’est qu’il s’agit d’une ville laboratoire. Pôle d’excellence en acoustique – recherche, ingénierie, design – elle transforme son territoire en plateforme expérimentale.
Marin Mersenne, enfant du pays et père fondateur de l’acoustique moderne, veille en creux sur cette Biennale. Les grands centres de recherche, les écoles d’art et de design (TALM-Le Mans), les laboratoires universitaires, les studios d’innovation y prolongent son héritage.
Ainsi, Le Mans Sonore n’est pas un simple festival : c’est un écosystème, un réseau, une fabrique de savoirs ouverte au public.
Expériences immersives, ateliers, visites sonores, concerts
La richesse du programme 2026 confirme cette vocation :
• installations monumentales (Obelisk Sonore, Silent Echoes, 360° Deuxième Ellipse, A Line Listening to Itself) ;
• expériences participatives en design sonore ;
• concerts allant de l’électro expérimentale aux ensembles acoustiques ;
• masterclass, ateliers d’enregistrement, rencontres professionnelles ;
• visites sensibles des quartiers, pour entendre autrement la ville ;
• expositions explorant l’histoire de l’acoustique ou les frontières de la création numérique.
Entre les grandes soirées électro (KOMPROMAT, Tigerhead, CLARK), les dispositifs immersifs de Bill Fontana ou Adam Basanta, et les performances instrumentales augmentées, la Biennale propose à la fois pédagogie, innovation et poésie.
Une pédagogie de l’écoute
La dimension de sensibilisation est centrale. Des ateliers pour enfants, des discussions scientifiques, des expérimentations publiques permettent de transmettre les bases de l’acoustique et de montrer l’impact du son sur nos vies quotidiennes : santé, environnement, urbanisme, cognition, création, mémoire.
Le Mans Sonore s’affirme ainsi comme un festival citoyen, invitant chacun à comprendre ce qu’il entend – et ce qu’il n’entend plus.
Une Biennale qui transforme le réel
Parce qu’elle articule art, science et territoire, la Biennale crée un espace rare : un lieu où l’on peut à la fois découvrir, apprendre, ressentir et réfléchir. Ce n’est pas un hasard si de nombreux visiteurs témoignent d’un « avant » et d’un « après » Le Mans Sonore. L’événement montre que le monde ne change pas seulement par ce que nous voyons, mais aussi – parfois surtout – par ce que nous entendons.
Programme 2026 : une constellation d’événements
L’ensemble de la programmation, d’une densité exceptionnelle, se déploie du 17 au 25 janvier 2026 dans les lieux culturels du Mans, les espaces publics, les salles de concert, les musées, les écoles et les quartiers.
10 événements à ne pas manquer
- Inauguration officielle – samedi 17 janvier, 17 h : le grand lancement de la Biennale, moment de rassemblement où se dessine le fil rouge de l’édition 2026 et où s’esquisse la cartographie des expériences à venir.
- Cabinet de Curiosités Acoustiques : une porte d’entrée idéale dans l’univers du festival, où l’on manipule, écoute, teste et comprend le son comme une matière vivante, accessible à tous, enfants comme adultes.
- Marin Mersenne, aux origines de l’acoustique : une exposition qui relie l’histoire savante de l’acoustique à la création contemporaine, et rappelle combien Le Mans, terre de Mersenne, est aussi une terre de recherche.
- Résonance Stochastique – Le pouvoir créatif du bruit : une plongée dans ces sons que l’on croit parasites et qui deviennent, ici, ressources poétiques, outils scientifiques et moteurs d’imaginaire.
- Silent Echoes Le Mans – Bill Fontana : l’une des grandes expériences immersives de la Biennale, où la ville elle-même devient instrument, révélée par des paysages sonores subtils et inattendus.
- Obelisk Sonore – Benoît Maubrey : une sculpture monumentale qui capte, amplifie, transforme les voix et les sons environnants, faisant du public un acteur de l’œuvre.
- PIANOÏD – Édouard Ferlet : un piano augmenté, entre jazz, électronique et écriture contemporaine, qui montre comment l’instrument classique peut être réinventé à l’ère numérique.
- Soirée spéciale Canada-Québec : un focus rare sur les scènes expérimentales et électroacoustiques d’outre-Atlantique, l’occasion de découvrir d’autres façons de penser le son et la performance.
- KOMPROMAT + CLARK + David Shaw and The Beat : grande nuit club et électronique, où la Biennale bascule côté dancefloor sans renoncer à l’exigence sonore – un condensé de puissance, de groove et de textures sonores travaillées.
- “12 Pianos en résonances” – Music for pianos de Julius Eastman : un moment fort et rare, hommage à une figure majeure trop longtemps marginalisée, où la répétition, la masse sonore et la vibration collective deviennent expérience physique autant que musicale.
