Maxime Dangles. Avec l’album Les Délivrés, le combat des livreurs à vélo continue

Maxime Dangles faisait paraître Les Délivrés le 17 février 2023. Troisième album du musicien électronique français, c’est la dernière mouture de la bande originale du documentaire du même nom de Thomas Grandrémy, sorti en 2020. Le film s’intéresse aux conditions de travail des livreurs à vélo et à la tentative de monter un syndicat pour les améliorer. Avec cet album, dont les bénéfices sont reversés à l’association Utopia 56, Maxime Dangles continue le combat.

Samedi 11 février à Brest, le centre d’art contemporain Passerelle accueille comme à son habitude l’édition hivernale du festival de musique électronique Astropolis. C’est le lieu idéal de performances live intimistes et recherchées. L’une d’entre elles ce jour-là est le live audiovisuel du musicien Maxime Dangles, accompagné de l’artiste visuel Dylan Cote. Ils présentent en avant-première l’album qui sortira quelques jours après, Les Délivrés. Celui-ci donne une nouvelle vie au documentaire de Thomas Grandrémy auquel il doit son nom et dont Maxime Dangles a réalisé la bande originale.

maxime dangles

À 38 ans, Maxime Dangles s’est largement fait une place dans le paysage des musiques électroniques françaises. Originaire de Valences, il signe ses premières sorties sur le prestigieux label techno allemand Kompakt, puis rejoint la maison française Skryptöm. Il a à son actif une vingtaine d’EP et trois albums, témoins de son évolution musicale. Talentueux sound designer, formateur certifié Ableton, il est aussi un grand amateur de machines analogiques et de synthétiseurs modulaires. Ses expérimentations musicales le conduisent à participer aux formations live Möd3rn (à six mains) puis Möd4rn (à huit mains), et à travailler sur le son spatialisé, notamment au sein du projet scientifique et musical Sonars

En 2011, Maxime Dangles joue en live avec son complice Electric Rescue (patron de Skyptöm) au manoir de Keroual, pour l’édition estivale d’Astropolis. Le festival brestois envisage à l’époque de lancer une boîte de booking. Les deux musiciens feront partie de leurs premiers artistes. « Gildas [Rioualen] et Florian [Gobbé] s’occupent de toutes mes dates, mais pas seulement. Ils m’aiguillent, me rassurent quand il y a besoin. Ils m’ont permis de travailler avec La Carène pour des actions culturelles ou pour Sonars », confie Maxime Dangles. « Ils m’ont aussi beaucoup soutenu pour Les Délivrés, qui n’est pas du tout techno alors que je viens de ce milieu », continue-t-il.

C’est d’ailleurs par l’intermédiaire d’Astropolis que naît le projet puisque Maxime Dangles rencontre Thomas Grandrémy, vidéaste pour le média Sourdoreille, lors d’un événement du festival. « On a des affinités musicales, des idées communes. Et je lui avais dit en interview que je voulais faire de la musique à l’image pour le cinéma ou la télé », raconte Maxime. Aussi quand Thomas mûrit son idée de documentaire, il se tourne rapidement vers le musicien et lui propose une carte blanche sur la bande originale de son film. Intéressé à l’idée de collaborer avec quelqu’un dont il connaît le travail, Maxime est aussi touché par le sujet du documentaire. « J’ai une petite fille et ça me fait flipper de savoir dans quel monde elle va vivre plus tard, cette histoire d’ubérisation de la société », déclare-t-il.

Cette première expérience de musique à l’image se fait de façon très simple. Le réalisateur donne quelques mots-clés au musicien, des indications sur des scènes phares du film : manifestations, rencontres avec la sphère politique ou les syndicats, ou encore la montée à Paris à vélo depuis Bordeaux. Enfermé dans son studio avec un synthé modulaire, Maxime Dangles pose les bases de la bande originale en deux jours, avant de s’attaquer aux arrangements. Thomas Grandrémy pioche ensuite dans cette matière sonore pour habiller les 52 minutes de son film documentaire.

Paru en 2020, Les Délivrés est diffusé une quinzaine de fois à la télévision. « On ne pouvait pas le sortir sur Internet pour des raisons de droit. Le docu allait mourir alors on a imaginé une version dans un format docu-concert », explique Maxime Dangles. Il reprend donc le canevas des morceaux composés pour la bande originale pour les réécrire en leur donnant de l’amplitude. Thomas Grandrémy, de son côté, réarrange les images du documentaire pour laisser plus de place à la musique. Cette nouvelle formule scénique est représentée à partir de 2021 et offre à Maxime Dangles la matière de son futur album.

Celui-ci illustre la trajectoire musicale de son auteur, d’une techno minimale aux rythmiques régulières et aux inflexions mélodiques vers une musique électronique plus difficilement identifiable, mêlant des éléments ambient, electronica, bass music et, plus ponctuellement, techno. « Je ne me reconnais pas dans la techno actuelle à 145 BPM », admet Maxime Dangles qui prête davantage l’oreille aujourd’hui à des artistes comme Nathan Fake, Clark, Moderat ou Burial.

En l’espace d’une quinzaine d’années, Maxime Dangles a cheminé d’un univers club dansant à une démarche plus expérimentale, bruitiste parfois, où règne la recherche sonore chère au sound design à l’anglaise qui l’inspire. Un morceau comme « Révolte », sans doute le plus techno de l’album Les Délivrés, synthétise assez bien cette idée. À son kick régulier est superposé un martèlement haletant qui contraste avec les nappes aériennes de synthé tandis que des cliquetis réguliers rappelleraient presque ceux des vélos des protagonistes du documentaire. Complexe, riche en éléments sonores, le morceau n’en est pas moins exaltant, à même de porter un mouvement de révolte tant espéré.

Si la bande originale de Les Délivrés connaît une deuxième vie à travers l’album de Maxime Dangles, elle en connaît encore une troisième au travers du live audiovisuel conçu avec Dylan Cote et présenté pour la première fois à Astropolis hiver 2023. Adaptés à la scène, les morceaux sont pensés pour être plus dansants, de façon à porter sur les dancefloors le message des livreurs à vélo.

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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