Avec Paperboy, réalisateur Lee Daniels (Precious) entraine le spectateur dans une sombre histoire de meurtre d’un shérif dans une bourgade de la Floride en proie au mouvement des droits civiques en 1965.
En 1965 en Floride, deux frères, l’un reporter au Miami Times (Matthew McConaughey), le second au Moat County Tribune (Zac Efron), enquêtent à la demande de Charlotte (Nicole Kidman) sur un condamné à mort (John Cusack), accusé d’avoir éventré le shérif local quatre ans plus tôt.
Quasi survendu par les critiques, qualifié de trash par certains (on a tout de même vu pire…), le spectateur peut sortir déçu par ce polar au look « indé US ». Servi par un casting de grand standing, le réalisateur tente de perdre le spectateur dans des méandres scénaristiques. Sans prendre de risque, Lee Daniels se repose honnêtement sur un scénario signé par l’écrivain Pete Dexter.
Nicole Kidman est simplement prodigieuse en « vieille » Bimbo émouvante, tout comme John Cusack qui oscille entre paumé et pervers. Un coupable idéal évidemment au regard des attentes postcontemporaines. Remarquons, au passage, que la belle Australienne creuse la tombe de l’actrice Sharon Stone.
Pour Zac Efron (qui gagne ici ses galons d’acteurs en tant que paperboy, vendeur de journaux), le film joue un rôle de formation initiatique : il cherche l’amour et une mère de remplacement. La dimension de réflexion politique sur les droits civiques est servie par la présence remarquée de David Oyelowo. Pour Matthew McConaughey – qui aime décidément se faire taper dessus, – c’est une enquête façon polar dans la lignée de La Défense Lincoln ; voire un polar glauque dans les marais de Floride plantés de familles isolées qui font figure de pauvres sujets de tous les fantasmes. Bref, le choix d’interprétation est multiple ; et ce non-choix du réalisateur pourra en perturber plus d’un.
De là à faire huer les spectateurs du Festival de Cannes 2012 ? Nous confessons notre étonnement devant une réaction quelque peu outrée. Certes, quelques scènes paraissent dispensables comme le pitoyable éventrement d’un alligator. Dispensable, pas si sûr, tant elles rejaillissent sur l’atmosphère de Paperboy et révèlent les parts d’ombre des personnages…