Le Palais Garnier, joyau architectural du Second Empire et symbole absolu de l’art lyrique français, célèbre ses 150 ans. À cette occasion, l’exposition Les 150 ans du Palais Garnier investit le bâtiment du 14 octobre 2025 au 15 février 2026. Une belle invitation à redécouvrir ce monument mythique, entre création artistique, mémoire collective et légendes envoûtantes.
Pour fêter dignement cet anniversaire, l’Opéra national de Paris a déployé tout au long de l’année 2025 un programme d’événements à la hauteur de ce chef-d’œuvre : après le gala exceptionnel du 24 janvier retransmis sur France 5, des concerts, des rencontres et la diffusion du documentaire Un Opéra pour un Empire ont retracé la fabuleuse aventure de sa construction. Le point d’orgue de ces célébrations est l’exposition de fin d’année, qui met en lumière l’importance du théâtre depuis son inauguration le 5 janvier 1875, en présence du président Patrice de Mac Mahon.
Fruit d’une collaboration entre l’Opéra national de Paris et la Bibliothèque nationale de France, l’exposition sera intégrée au parcours habituel de visite du monument. À travers une centaine de pièces – tableaux, dessins, affiches, photographies, livres, costumes, objets et maquettes – elle retrace l’histoire et l’influence d’un édifice dont le prestige a traversé les époques et les frontières. Un voyage sensible et érudit au cœur du « temple de l’art lyrique et chorégraphique », cher aux Parisiens comme au monde entier.
Depuis un siècle et demi, le Palais Garnier attire plus d’un million de visiteurs par an, fascinés autant par sa magnificence architecturale que par les opéras et ballets qui y sont joués. L’exposition se déploiera en trois temps : historique, pour revivre la genèse du monument ; social, pour comprendre son rôle dans la société parisienne ; et légendaire, pour évoquer les mythes – du fantôme à la muse éternelle – qui continuent d’habiter les coulisses du théâtre.

Histoire du Palais Garnier
Tout commence en 1858. Ce soir-là, Napoléon III échappe de peu à un attentat devant l’Opéra de la salle Le Peletier, alors situé dans un quartier mal famé. Décidé à offrir à Paris un lieu plus sûr et plus prestigieux, l’empereur confie au baron Georges Eugène Haussmann la mission d’ériger un nouvel opéra digne de la capitale du Second Empire. Comme Louis XIV à Versailles, Napoléon III veut, par l’architecture, affirmer la puissance de son règne et le rayonnement de la France.
Un concours est lancé en 1860. Le projet retenu, parmi 171 candidatures, est celui d’un jeune architecte parisien de 35 ans : Charles Garnier. Élève de Viollet-le-Duc, il conçoit un bâtiment de 10 000 m² sur un plan novateur alliant monumentalité et raffinement. Les travaux commencent le 27 août 1861, et la première pierre est posée le 13 janvier 1862. Interrompu par la guerre de 1870 et la chute de l’Empire, le chantier reprend sous la IIIᵉ République et s’achève en 1875, après quatorze années d’efforts.

Derrière sa façade monumentale, l’édifice dévoile une succession d’espaces somptueux : le vestibule, le grand escalier à double révolution culminant à 30 mètres, la salle de spectacle, la scène et ses ateliers, les foyers et salons, ainsi qu’une bibliothèque-musée. À gauche, une aile entière fut conçue pour accueillir l’empereur, lui permettant de se rendre discrètement aux représentations. Avec ses 58 000 m², ses 172 mètres de long et sa salle pouvant accueillir 2 000 spectateurs, le Palais Garnier fut longtemps le plus vaste opéra du monde.

Chef-d’œuvre du style éclectique, le Palais Garnier conjugue influences antiques, baroques et Renaissance, symbolisant la synthèse des arts prônée au XIXᵉ siècle : peinture, sculpture et architecture s’y répondent dans un dialogue somptueux. Dès son inauguration, il s’impose comme le cœur battant de la vie mondaine et artistique parisienne.
Au fil des décennies, l’Opéra Garnier a vu se succéder les chefs-d’œuvre du répertoire : Carmen de Bizet (1875), Samson et Dalila de Saint-Saëns (1877), Manon de Massenet (1884), Pelléas et Mélisande de Debussy (1902), ou encore les ballets Giselle d’Adam, Coppélia de Delibes et La Belle au bois dormant de Tchaïkovski. Chacun de ces chefs-d’œuvre a contribué à façonner la légende d’un lieu où se croisent l’excellence musicale et l’imaginaire romantique.

En 1962, André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, confie à Marc Chagall la réalisation d’un nouveau plafond pour la grande salle. Sur 220 m² de toile, l’artiste célèbre Mozart, Berlioz, Wagner, Ravel ou Tchaïkovski dans un foisonnement de couleurs et de figures oniriques. Ce geste audacieux ancre définitivement le Palais Garnier dans la modernité et témoigne de son statut de lieu national où se rencontrent tradition et innovation.

En cette année anniversaire, l’Opéra national de Paris expose également dans ses vitrines, jusqu’au 31 janvier 2026, une sélection exceptionnelle de costumes issus des productions les plus emblématiques du XXᵉ siècle : Les Huguenots, Giselle, Faust, Roméo et Juliette, Les Noces de Figaro… Une vitrine rend par ailleurs hommage à Marc Chagall à travers les costumes du ballet Daphnis et Chloé, célébrant les soixante ans de son célèbre plafond.

Infos pratiques
Les 150 ans du Palais Garnier – Exposition du 14 octobre 2025 au 15 février 2026
8, rue Scribe – Paris 9ᵉ
Ouvert tous les jours de 10 h à 17 h (dernière entrée 16 h 30)
Tarifs : plein 15 € – réduit 10 €
Attention : l’exposition n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite.
