Paris. Echo Delay Reverb : Art américain, pensées francophones, au Palais de Tokyo

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Echo Delay Reverb Art américain, pensées francophones

Le Palais de Tokyo, dans le 16e arrondissement, a ouvert sa saison automne-hiver avec une carte blanche donnée à Naomi Beckwith, sa directrice adjointe, pour une relecture des relations artistiques entre la France et les États-Unis. À travers près de soixante artistes américains, l’exposition Echo Delay Reverb : Art américain, pensées francophones est à découvrir jusqu’au dimanche 15 février 2026.

La commissaire étasunienne Naomi Beckwith et Guillaume Désanges, président du Palais de Tokyo, présentent les enjeux de l’exposition : une ambitieuse relecture des relations artistiques et intellectuelles entre la France et les États-Unis. Ils proposent au public une histoire de la circulation transatlantique de formes et d’idées à travers les œuvres, qui réunissent une grande variété de médiums et plusieurs productions spécifiques.

L’exposition présente les œuvres de plusieurs générations d’artistes, des années 1970 jusqu’aujourd’hui. Des artistes historiques tels que Dan Graham, Hans Haacke, Theresa Hak Kyung Cha, Renée Green, Cindy Sherman, Lorna Simpson, Glenn Ligon côtoient de plus jeunes artistes comme Tiona Nekkia McClodden, Kameelah Janan Rasheed, Char Jeré et Cici Wu

Portraits d’artistes

  • Melvin Edwards est né en 1937 à Houston ; il est un pionnier de l’art abstrait africain-américain. Il commence ses expérimentations sculpturales dans les années 1960, dans le contexte du Mouvement des droits civiques et de l’effervescence culturelle du Black Arts Movement, le mouvement culturel afro-américain fondé par le dramaturge américain Amiri Baraka (1934-2014).

Les sculptures abstraites de Melvin Edwards sont des portails qui lient le passé et le présent de l’Atlantique noir. Son exposition rétrospective couvre soixante années de création, façonnées par de nombreux voyages, par des amitiés et des engagements.

  • Cindy Sherman : ses œuvres évoquent des corps en décomposition, avec également de la nourriture avariée ; elles ont amené des penseurs à théoriser l’idée d’abjection.

Cindy Sherman est née en 1954 aux États-Unis et travaille actuellement à New York. Au cours de ses études, dans les années 1970, elle choisit de se consacrer à la photographie, car pour elle l’art conceptuel est trop cérébral et trop distant. Elle travaille seule : elle est à la fois la photographe, le modèle de ses clichés, sa propre maquilleuse, costumière et technicienne. Elle construit ses photographies à partir des codes utilisés par les images publicitaires, télévisées et cinématographiques, dans l’idée d’interroger l’identité comme construction et la subjectivité comme performance.

  • Hans Haacke : sa sculpture Condensation Cube de 1963 est l’œuvre la plus ancienne de l’exposition. Elle est moins un objet à contempler qu’une sculpture capable d’enregistrer la présence d’un public.

Hans Haacke est né en 1936 ; il est considéré comme un artiste de l’objet. Bien qu’il soit originaire d’Allemagne, il fait ses études à Kassel, en Allemagne, puis à Philadelphie, aux États-Unis, avant de commencer sa carrière artistique en 1960. Les formes et les codes artistiques qu’il utilise pour ses réalisations sont extrêmement différents pour chacune de ses œuvres. Il dénonce les connivences entre le milieu des affaires, de la politique, de l’art et de la culture. Par le biais de son travail, proche du journalisme d’investigation, Hans Haacke avive la vigilance du public-citoyen. D’importantes expositions personnelles lui sont consacrées dès les années 1980 : au New Museum de New York en 1986, à la Tate Gallery de Londres en 1988 et au Centre Georges-Pompidou à Paris en 1989.

  • Cameron Rowland affiche ouvertement ses idées. Il s’empare des concepts de pouvoir et de structures du savoir, et interroge leur intersection avec la richesse, le capital et l’histoire de l’esclavage et de l’incarcération de masse.

Né en 1988 à Philadelphie, aux États-Unis, il vit et travaille à New York. Cameron Rowland œuvre à rendre visibles les institutions, les systèmes et les politiques qui perpétuent le capitalisme racial. Ses travaux de recherche intensifs se concentrent sur la présentation d’objets et de documents, dont la provenance et les opérations exposent les séquelles de l’esclavage et de la colonisation qui imprègnent notre vie quotidienne. Cameron Rowland a également travaillé dans des agences d’architecture à New York et Copenhague.

Cameron Rowland a remplacé le drapeau français sur la façade du Palais de Tokyo par un drapeau martiniquais ; cependant, afin d’éviter toute illégalité, le centre d’art contemporain l’a retiré.

Echo Delay Reverb Art américain, pensées francophones

L’exposition montre également un pavillon de l’artiste américain Dan Graham, qui rend les visiteurs conscients de leur présence physique. Ainsi, ils commencent à se voir eux-mêmes en regardant l’art. 

Dan Graham (1942-2022) est une figure mythique de l’art contemporain des années 1960 et 1970. Artiste, théoricien, photographe, vidéaste et architecte, Dan Graham compte parmi les figures les plus importantes de l’art d’après 1965, une période charnière qui marque les débuts des néo-avant-gardes : l’art minimal et l’art conceptuel. L’œuvre de Dan Graham a été exposée dans les plus prestigieuses institutions internationales, comme le Centre Pompidou à Paris, la Tate Modern à Londres ou le MoMA à New York.

Pour prolonger l’expérience de l’exposition Echo Delay Reverb : Art américain, pensées francophones, cinq ouvrages, soigneusement sélectionnés, sont à retrouver à la librairie du Palais de Tokyo :

1 – Frantz Fanon, de Matthieu Renault

2 – La pensée straight, de Monique Wittig

3 – Réunir les bouts du monde, d’Elvan Zabunyan

4 – Power : Essential Works 1954-84, de Michel Foucault

5 – French Theory : itinéraires d’une pensée rebelle, de François Cusset et Thomas Daquin

Infos pratiques :

Exposition Echo Delay Reverb : Art américain, pensées francophones au Palais de Tokyo, jusqu’au dimanche 15 février 2026.

Adresse : 13, avenue du Président-Wilson – 16e arrondissement de Paris
Jours et horaires : lundi : 12h-22h – fermeture le mardi – mercredi, vendredi, samedi et dimanche : 12h-22h – nocturne le jeudi : 12h-minuit.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.