L’espace d’exposition Le Bal, dans le 18e arrondissement, accueille les photographies de Donna Gottschalk jusqu’au 16 novembre 2025, et plonge les visiteurs dans l’intimité clandestine des lesbiennes de la fin des années 1960.
L’exposition de photographies d’archives et de récits de jeunesse au cœur des luttes LGBT+ des années 1960–1970 à New York est issue de la rencontre de la portraitiste Donna Gottschalk avec l’écrivaine française Hélène Giannecchini.

Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini ont à cœur de combler les manques dans l’histoire des représentations. Par la photographie, la littérature et l’histoire de l’art, elles se sont préoccupées des vies et des personnes longtemps tenues à l’écart des récits. En faisant le choix de raconter ces histoires qui auraient pu être oubliées, elles s’inscrivent dans une démarche de transmission. L’exposition Nous autres restera intemporelle.
L’Américaine Donna Gottschalk (née en 1949) rencontre la Parisienne Hélène Giannecchini (née en 1987) pour la première fois en 2023. De leur complicité est né ce projet à quatre mains. Une quarantaine d’années séparent les deux femmes, mais leur amitié est immédiate ! L’écrivaine et théoricienne découvre le travail photographique de Donna Gottschalk, qui lui ouvre ses archives.

L’exposition Nous autres est visible au Bal, espace de réflexion et de pédagogie dédié à l’image-document sous toutes ses formes : photographie, vidéo, cinéma. Elle prend la forme d’un récit de Donna Gottschalk et de ses proches, mis en lumière par Hélène Giannecchini.
On y découvre des photographies intimes des vies et des luttes de la communauté LGBT+ des années 1960 et 1970 aux États-Unis. Le parcours est émouvant et puissant. Il rappelle encore et toujours la force qui naît de l’amour. Les portraits, capturés durant plusieurs décennies, composent l’album d’une famille et tissent une mémoire collective. À travers les photographies de l’Américaine, les entretiens menés par la Française et l’ensemble des archives inédites, le public découvre de rares enregistrements sonores de Donna, de sa sœur Myla, de leur amie Jill et de bien d’autres : les voix d’une génération de femmes engagées, où l’intime s’entremêle à l’histoire collective.


En 1969, Donna Gottschalk pose devant la fenêtre d’un appartement dans un quartier pauvre de New York, en compagnie de quatre jeunes amies, lesbiennes comme elle ; leurs regards sont espiègles, sereins ou défiants, alors que les relations homosexuelles sont encore illégales aux États-Unis…
L’exposition se conclut par un film réalisé pour l’occasion, I want my people to be remembered : Je veux que les miens restent dans les mémoires.

Biographie de Donna Gottschalk
Née en 1949 à New York dans une famille ouvrière, Donna est l’aînée de quatre enfants. Sa mère, coiffeuse dans son propre salon, met son père violent dehors, et Donna prend alors la responsabilité de s’occuper de ses frères et sœurs…
Plus tard, Donna Gottschalk s’enfuit à San Francisco avec sa sœur, victime de violences. Donna Gottschalk entame des études de photographie à la prestigieuse Cooper Union. Mais le milieu, alors essentiellement masculin, reconnaît peu le travail artistique des femmes. Elle finit par abandonner ses études tout en poursuivant la photographie en autodidacte. Elle rencontre aussi, pour la première fois, d’autres homosexuelles qui l’introduisent à la vie nocturne lesbienne. En 1970, lors de la parade du Christopher Street Liberation Day, Donna Gottschalk tient une pancarte sur laquelle est écrit : « Je suis ta pire crainte, je suis ton meilleur fantasme ». Photographiée, elle devient une figure iconique. Dès lors, elle documente elle-même les communautés lesbiennes.
Donna Gottschalk découvre le pouvoir de la photographie et sa capacité à préserver les vies des personnes qui lui tiennent à cœur. Elle immortalise ses proches, ses amies, des personnes souvent très pauvres, parfois en lutte contre les maladies mentales, le cancer et le SIDA. Elle sait que ses images resteront parfois les seuls souvenirs de ces existences. Il y a six ou sept ans, à l’approche de ses 70 ans, Donna Gottschalk décide de partager son œuvre pour que ces vies courageuses ne tombent pas dans l’oubli : toutes ces personnes qui ont décidé de vivre leur vie, quelles qu’en soient les conséquences…


Biographie d’Hélène Giannecchini
Hélène Giannecchini est née en 1987 aux Lilas, en Seine-Saint-Denis. Ses parents sont professeurs en collège et lycée. Aujourd’hui, elle vit et travaille à Paris. Écrivaine et théoricienne, sa démarche mêle littérature, histoire de l’art et esthétique.
Hélène Giannecchini publie Alix Cléo Roubaud en 2014. En 2019, alors qu’elle est pensionnaire à la Villa Médicis de Rome, elle édite Une image peut-être vraie, un ouvrage à mi-chemin entre le récit personnel, l’enquête biographique et l’essai. En parallèle, entre 2016 et 2018, elle publie régulièrement des articles dans la revue mensuelle Artpress, revue d’information et de réflexion sur la création contemporaine internationale.


Hélène Giannecchini est docteure en littérature, spécialisée dans les rapports entre textes et images. Elle enseigne la théorie de l’art contemporain à l’École européenne supérieure de l’image de Poitiers-Angoulême, à Poitiers (86). Depuis plusieurs années, elle développe un travail d’écriture en collaboration avec des artistes contemporains. Elle a notamment donné des conférences au Centre Pompidou, à la Fondation Henri Cartier-Bresson, au Jeu de Paume, à la Maison européenne de la photographie, à l’Université Complutense de Madrid et à l’Université de Bâle.
En août 2024, Hélène Giannecchini publie Un désir démesuré d’amitié. Avec cet ouvrage, elle part à la recherche de son passé et explore la multiplicité des liens à l’œuvre dans son existence. Elle se base sur son expérience de femme lesbienne pour dessiner les contours d’un sentiment au potentiel subversif encore insoupçonné.
Traversé de photographies inédites provenant d’archives queer, ce livre puissant et sensible est un roman de l’amitié : une tentative pour dire la puissance politique de ce sentiment et sa force de réinvention.


Infos pratiques :
Exposition Nous autres de Donna Gottschalk, en partenariat avec Hélène Giannecchini
Jusqu’au dimanche 16 novembre 2025
Le Bal – 6, impasse de la Défense, Paris 18e
Horaires : du mercredi au samedi, 12 h–19 h (mercredi jusqu’à 20 h). Fermeture les lundis et mardis.
Contact : 01 44 70 75 50

