L’exposition Matisse et Marguerite – Le regard d’un père est consacrée au peintre Henri Matisse (1869-1954), l’un des plus grands artistes du XXème siècle et à sa fille. À travers 110 œuvres, elle montre surtout le regard d’artiste et de père, qu’Henri Matisse portait à sa fille Marguerite (1894-1982).
Marguerite Matisse, appelée aussi Margot, est la fille aînée du peintre Henri Matisse et la figure essentielle, mais discrète de son cercle familial. Elle est née le 31 août 1894, première enfant d’Henri Matisse et de Caroline Joblaud, un des modèles du peintre alors qu’il est encore étudiant. La relation avec la jeune femme est de courte durée. L’artiste aura ensuite deux fils avec son épouse Amélie Parayre : Jean né en 1899 et Pierre né en 1900. Reconnue par son père, Marguerite grandit dans une famille soudée aux côtés de ses deux demi-frères ; Amélie l’élève comme sa propre fille. Marguerite écrira une fois adulte : « Nous sommes comme les cinq doigts de la main ».
Avec son visage ovale, ses yeux en amande et ce ruban noir noué autour du cou, Marguerite demeure le modèle de son père le plus constant de son œuvre, et sur plusieurs décennies : de son enfance jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les portraits trahissent une émotion rare, à la hauteur de l’affection profonde qu’Henri Matisse éprouvait pour sa fille. L’artiste voyait en elle une sorte de miroir de lui-même…
L’exposition Matisse et Marguerite – Le regard d’un père témoigne du lien très fort qui unissait l’artiste à sa fille et permet de comprendre l’immense confiance et le respect qu’ils se vouaient mutuellement. C’est aussi l’occasion de découvrir le destin fascinant d’une femme hors du commun, qui joua un rôle de premier plan dans la carrière de son père en étant sa muse. Quand Henri Matisse peint sa fille, il n’exige d’elle ni obéissance ni passivité et lui demande toujours son avis. Cependant, Marguerite, qui a une santé fragile, est souvent confinée à la maison.
Marguerite Matisse se marie en 1923 avec Georges Duthuit (1891-1973), un écrivain critique d’art célèbre qui écrit beaucoup sur les œuvres d’Henri Matisse. À Paris, Marguerite Duthuit s’occupe de la vente des tableaux de son père et de l’édition des livres illustrés par ce dernier. Comme ses deux demi-frères, Marguerite peint et tous les trois parviennent à exposer en public, peu de temps cependant : Marguerite s’intéresse ensuite à la haute couture, Jean devient sculpteur et Pierre un des plus importants galeristes de New York.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Marguerite Matisse-Duthuit devient une héroïne de la Résistance alors que son mari est aux États-Unis, car il est speaker pour des émissions radiophoniques en direction de la France.
Avec sa belle-mère Amélie, elle entre dans la Résistance sous le nom de code « Jeannette » à l’insu du peintre. Elle est responsable du secteur de Tredez du réseau des Francs Tireurs et Partisans français, où elle s’occupe des réfractaires au Service du Travail Obligatoire. Elle prend de gros risques. Dénoncée, elle est arrêtée, torturée et envoyée dans un camp le 21 mai 1944 dont elle s’échappe miraculeusement au cours du voyage qui aurait dû être le dernier. Elle est recueillie par la famille de Léon Delarbre, un peintre résistant et déporté, puis par la Croix Rouge. Elle est libérée en octobre 1944. C’est alors qu’elle redevient, après la guerre, le modèle de son père bouleversé, lui qui vient aussi d’échapper à la mort en raison de sa maladie.
Alité et handicapé, comme il ne peut plus peindre, Henri Matisse invente la technique des papiers découpés, qu’il peut couper avec des ciseaux dans son lit de sa chambre-atelier. Henri Matisse se remet à travailler à partir de 1949.
Jusqu’à sa mort, Marguerite Matisse-Dutuit travaille sur un monumental catalogue des peintures de son père qui meurt le 3 novembre 1954. Le regard de Marguerite est précis et attentif sur l’œuvre de son père ; le catalogue est une source inestimable d’informations autant sur ses méthodes de travail que sur la localisation et l’authenticité de l’immense production du célèbre peintre qu’a été son père. Marguerite Matisse-Duthuit fait une crise cardiaque et s’éteint dans sa 88e année le 1er avril 1982.
La clôture de l’exposition présente aussi quelques visages de Marguerite et de son fils, revenu des Etats-Unis, des images simples et sobres.
Infos pratiques :
Exposition Matisse et Marguerite, Le regard d’un père au Musée d’art moderne
à voir jusqu’au dimanche 24 août 2025
Adresse : 11, avenue du président Wilson – 16e arrondissement de Paris
Dates et horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h – le jeudi jusqu’à 21h30
Contact : 01 53 67 40 00 – Réservation conseillée