Paris. Manga, tout un art à découvrir au musée Guimet jusqu’au 6 mars 2026

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manga paris
© Dmitry Kostyukov

Le musée Guimet, musée national des arts asiatiques dans le 16e arrondissement, déploie une vision inédite du manga avec l’exposition intitulée Manga. Tout un Art, jusqu’au vendredi 6 mars 2026.

À travers cette exposition organisée sur deux niveaux — les prémices du manga au second étage, et le manga d’aujourd’hui au rez-de-jardin — le musée Guimet explique d’où vient le dessin japonais, mêlant grande culture et héros contemporains.

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1 — L’exposition, éblouissante, démontre que le manga existait déjà avant de devenir un empire de papier et d’écrans : on en retrouve des traces dans des rouleaux narratifs du XVIIIe siècle. Le public plonge dans l’histoire secrète d’un art populaire devenu planétaire, en découvrant des trésors visuels des siècles passés et des sculptures — de véritables œuvres.

Les Japonais ont toujours été d’extraordinaires dessinateurs de figures humaines. Le parcours croise les premières presses satiriques japonaises et les premiers livres.

Manga - Guimet
La courbe des images !

À l’époque Edo — période comprise entre 1603 et 1868, durant laquelle le pays se referme et coupe une grande part de ses échanges avec l’extérieur — apparaissent déjà des bulles de rêve et de pensée. C’est aussi à cette époque qu’évolue Kawanabe Kyōsai (1831-1889).

Témoin d’un Japon qui se transforme d’un pays féodal en État moderne, l’artiste japonais est, selon les mots d’un critique, un « individualiste » et un « indépendant », peut-être le dernier virtuose de la peinture japonaise traditionnelle. L’exposition propose notamment de découvrir son travail, parfois grotesque, révélateur de l’esprit critique et insolent de l’artiste.

2 — La rencontre avec Manga. Tout un Art est une ode visuelle à la liberté du dessin. Le public traverse les premières bulles d’encre jusqu’aux pixels d’aujourd’hui : des estampes à Dragon Ball, des pinceaux d’Edo aux cheveux bleus de la pop culture contemporaine, sans oublier les kamishibaï de rue (théâtres de papier).

On découvre des planches du mangaka et animateur japonais Osamu Tezuka (1928-1989), et celles de ses héritiers ; des monstres post-apocalyptiques nés dans les cendres de la guerre ; Godzilla, figure emblématique de la culture populaire ; les mangas queer et les mangas féminins d’aujourd’hui…

 Manga - Guimet
Kamishibaï

Une forme ancestrale de kamishibaï est décrite dès le VIIIe siècle au Japon, lorsque des moines prêcheurs sillonnaient le pays pour convertir les paysans. Cependant, il faut attendre les années 1920 pour voir les kamishibaï dans les rues. En 1923, un écrivain et un illustrateur créent le premier kamishibaï pour enfants : La Chauve-souris d’or, une histoire de revenants, proche de notre célèbre Batman. S’ensuit une production variée de kamishibaï.

Tezuka Osamu (1928-1989) est considéré comme le dieu du manga et le père du manga moderne. Créateur de Astro Boy, il fait partie des plus grands mangakas japonais. Il a dessiné plus de 170 000 pages, signé 700 albums et réalisé 70 œuvres animées : une empreinte forte sur le monde de l’animation.

Manga - Guimet

Mizuki Shigeru (1922-2015) est le maître des yōkai. Il est l’un des grands fondateurs du manga d’horreur, se spécialisant dans les histoires de monstres et de fantômes japonais, avec des créatures telles que les yōkai, les tengu et autres kappa. Il est également connu pour ses récits portant sur la Seconde Guerre mondiale, qui l’a profondément marqué.

Eiichirō Oda (né en 1975) est connu pour avoir écrit le manga le plus vendu du XXIe siècle au Japon et dans le reste du monde : One Piece est entré dans le Guinness World Records pour être devenu le manga au tirage le plus important du monde en décembre 2014.

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One Piece : signé par l’artiste

Après une rencontre avec Godzilla, monstre du cinéma japonais et figure emblématique de la culture populaire, et un passage par les mangas pour jeunes filles, l’exposition s’achève sur un dernier coup de projecteur : les mangas fashion, nés dans les années 1970-1980, qui mettent en scène des silhouettes, des styles et des costumes — parfois teintés de science-fiction — devenus, eux aussi, un phénomène mondial.

Infos pratiques :

Exposition Manga. Tout un Art à découvrir jusqu’au 6 mars 2026
Musée Guimet — 6, place Iéna — 16e arrondissement de Paris

Dates et horaires : tous les jours, sauf le mardi (fermeture), de 10 h à 18 h

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.