Paris Musée d’Orsay. Les expositions Paolo Troubetzkoy et Gabrielle Hébert à voir jusqu’à janvier et février

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2 expos musée d'Orsay

Le Musée d’Orsay de Paris propose deux expositions temporaires illustrant le talent de deux artistes : le sculpteur Paolo (Paul) Troubetzkoy (1866-1938), jusqu’au dimanche 11 janvier 2026, et la photographe Gabrielle Hébert (1853-1934), jusqu’au dimanche 15 février 2026.

Paul Troubetzkoy, Le prince sculpteur retrace la trajectoire d’un aristocrate artiste entre Italie, Russie, France et États-Unis : un modeleur fulgurant qui capte l’instant, l’allure, le vivant. Célèbre pour ses portraits et ses animaux, il défend aussi la cause animale. L’ensemble réunit 118 œuvres : 95 sculptures, 10 peintures, 11 photographies, 1 dessin et 1 objet d’art. Le parcours met en évidence une recherche de forme libre, nerveuse, généreuse — un art du mouvement.

Troubetzkoy : repères et singularités

Né à Pallanza (Italie) le 15 février 1866, dans un milieu cosmopolite, il grandit à la Villa Ada, au contact d’artistes. Élève libre à Milan (Barcaglia, Bazzaro), il débute par des statuettes animalières (chevaux, chiens, éléphants). Très tôt, il impose une pâte vibrante, quasi impressionniste, qui refuse la finition académique. Son réseau d’amitiés (Tolstoï, G. B. Shaw) et ses séjours parisiens et américains nourrissent un portrait mondain d’une grande acuité psychologique. Humaniste convaincu, il promeut un rapport respectueux au vivant et pratique le végétarisme.

Après 1932, il se tourne davantage vers la peinture. Il meurt le 12 février 1938, à quelques jours de ses 72 ans. L’exposition d’Orsay éclaire son dualisme fécond : virtuosité du geste et regard éthique, mondanité et attention aux animaux, internationalisme et fidélité à une pâte personnelle immédiatement reconnaissable.

À voir : la tension entre ébauche et portrait, ces surfaces non polies qui font palpiter la lumière ; les animaux interprétés comme êtres sensibles ; et, en contrepoint, les rares peintures qui prolongent sa quête du vivant.


Amour fou à la Villa Médicis – Gabrielle Hébert

Cette exposition dévoile une pratique photographique intime et continue, faite d’albums, d’agendas annotés, de tirages originaux au format 9 × 12 cm, de boîtes de plaques et d’appareils. Les agrandissements proviennent de négatifs inédits. Des dessins et peintures d’Ernest Hébert, son époux, dialoguent avec les images, ainsi que des reliques sentimentales (médaillons, lettres) qui nourrissent la narration.

Née Gabrielle Uckermann (Dresde, 1853), elle épouse en 1880 le peintre Ernest Hébert (alors directeur de l’Académie de France à Rome). À la Villa Médicis, elle reçoit le tout-Rome artistique, se forme à la photographie auprès d’un professionnel local, puis produit, de 1888 à 1908, une impressionnante chronique quotidienne. Ses images, consignées dans des agendas, révèlent une auteure qui construit sa place dans un monde d’hommes : cadre, rituel, mémoire et mise en scène de soi.

Devenue veuve en 1908, Gabrielle rassemble ses œuvres pour créer un musée (futur musée Hébert, La Tronche, Isère). Elle s’éteint en 1934, à la veille de l’inauguration. L’exposition d’Orsay souligne sa constance et son regard d’auteure : un journal par l’image, entre sociabilité mondaine et invention d’une mythologie personnelle.

Infos pratiques
Musée d’Orsay — Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris
Paul Troubetzkoy, Le prince sculpteur : jusqu’au 11 janvier 2026
Amour fou à la Villa Médicis – Gabrielle Hébert : jusqu’au 15 février 2026
Ouvert du mardi au dimanche : 9h30–18h ; nocturne jeudi : 21h45
Contact : 01 40 49 48 14

Pourquoi y aller ? Pour saisir à la fois la main qui modèle le mouvement chez Troubetzkoy et l’œil qui fabrique la mémoire chez Gabrielle Hébert : deux manières de rendre le temps visible.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.