WAR! ou la ville sauvage, premier livre de l’artiste street-art le plus connu de Rennes, paru le 31 octobre 2024 aux éditions Ouest-France. Habillée du célèbre suricate du canal Saint-Martin, la couverture dissimule un trésor photographique qui raconte la vie artistique et les réflexions du mystérieux artiste.
Il est sans doute l’artiste le plus mystérieux de la ville rouge, « entre super-héros et guerillero mystique qui « sème des graines de poésie dans le béton de notre époque » », mais si vous êtes du coin, vous n’avez pas pu échapper à son travail. Les coquelicots de Saint-Hélier ? Les hermines du Stade Rennais ? Le suricate du canal Saint-Martin ? L’érable de la rue Saint-Malo ? Tous ces animaux que nous côtoyons au quotidien, c’est lui. Figure incontournable de l’art urbain en Bretagne, WAR! met en scène la faune et la flore, muni de ses rouleaux et perches télescopiques, depuis plus de trente ans.
Au fil des années, l’homme issu de la scène graffiti des années 90 s’est approprié les recoins et façades de la ville et les magnifie avec son bestiaire, sa nature et ses mots. En donnant une matérialité à ces sujets, WAR! exprime picturalement ce qui l’intéresse et le touche, la nature et l’écologie en tête de mire. Il offre une création talentueuse, mais humble dans laquelle il interpelle le passant dans cri de guerre poétique.
Dans un équilibre entre les textes de l’historien de l’art et spécialiste du street art Cyrille Gouyette, en charge de la préface, et ceux de l’artiste, WAR! ou la ville sauvage retranscrit cela, nous plonge dans sa carrière, et ses réflexions. Au fil des 224 pages, 200 photographies, signées Alain Amet, racontent l’histoire de WAR! à travers ses œuvres que la population rennaise ne connaît que trop bien. Preuve étant la joyeuse cohue qui a eu lieu lors de ses deux jours de dédicace au Couvent des Jacobins, pour la parution de son livre, et la vente d’une édition spéciale, réservée à la ville de Rennes.
Chacun de ses « murs » est un événement. Masqué de pied en cape, il joue avec l’anonymat et la performance. C’est ce qui est magique avec lui. N’accordant très que rarement des interviews, voire jamais, on ne peut le juger que par sa création et sa manière de nous la transmettre. Son approche de l’art rappelle par certains aspects celle de ces artistes américains de la fin des années 50 justement, précurseurs de cette forme de performance spontanée à la fois provocatrice et humoristique. Rappelons-nous la représentation faite pour le MUR de Rennes : combien de WAR! y avait-il ? Lequel était le vrai ? Personne ne l’a su, ou ceux et celles qui sont dans la confidence garde précieusement le secret. Dans une double page, Patrice Daniello, fondateur de l’association MUR de Rennes, revient notamment sur les coulisses de la première exposition de WAR!, Vivons heureux, Vivons tachés, organisée à Pacé en 2016 dans un ancien bâtiment avant sa destruction. L’événement marqua le début d’une grande aventure artistique qui a tracé son chemin au détour de chaque façade ou immeuble rennais. Et que l’artiste continue d’écrire à coups de rouleaux.