Rétrospective de l’artiste Georges Mathieu, inventeur de l’abstraction lyrique à la Monnaie de Paris

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georges mathieu

Georges Mathieu (1921-2012) restera l’artiste qui aura le plus marqué l’environnement visuel de ses contemporains avec ses images abstraites, des affiches aux génériques de télévision, en passant par les médailles et la monnaie. L’exposition à La Monnaie de Paris est à découvrir jusqu’au dimanche 7 septembre 2025.

Organisé par les commissaires Christian Briend, chef du service des collections modernes du Centre Pompidou, Éric De Chassey, directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art, et Béatrice Coullaré, responsable de la conservation et des collections de la Monnaie de Paris, le parcours de l’exposition retrace la carrière de Georges Mathieu depuis les années 1940 et jusqu’aux années 1990 pour la création d’un expressionnisme abstrait international ! Même si la personnalité publique hors-norme de l’artiste fait polémique, Georges Mathieu assure sa place dans la culture populaire. Ses images abstraites sont devenues un style-signature ; elles se sont incarnées dans des peintures, et aussi sur tous les supports de la modernité…

L’exposition sur Georges Mathieu est une rétrospective de l’exposition Dix-huit moments de la conscience occidentale, présentée il y a plus de cinquante ans à l’Hôtel de la Monnaie, en 1971. À l’origine d’une collaboration entre le Centre Pompidou et la Monnaie de Paris, l’exposition 2025 met notamment en lumière son œuvre picturale et ses nombreuses créations pour l’institution monétaire, dont la pièce de 10 francs en 1974 qui reste la production la plus emblématique de Georges Mathieu.  Avec elle, l’artiste a choisit d’évoquer et de symboliser le progrès technique et industriel des Trente Glorieuses (1945-1975). Georges Mathieu a aussi réalisé des timbres postaux.

Monnaie de Paris
Monnaie de Paris

Pour prolonger l’exposition sur Georges Mathieu, La Monnaie de Paris a souhaité montrer les échos de l’œuvre de l’artiste dans les pratiques et les gestes artistiques de l’art urbain. Elle invite six artistes du graffiti de plusieurs générations à intervenir in situ : JonOne ; Lek & Sowat ; Nassyo ; Camille Gendron et Matt Zerfa, autour de dessins du peintre que chacune et chacun d’entre eux a sélectionnés. 

La pratique du signe-signature, la rapidité d’exécution, les performances en public, les très grands formats sont toutes ces caractéristiques de la peinture de Georges Mathieu, qui passionnent les artistes qui ont été conviés.

Qui était Georges Mathieu ?

De sa vraie identité Georges Victor Mathieu d’Escaudoeuvres, Georges Mathieu est né le 27 janvier 1921 à Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, au sein d’une famille de banquiers. Il fait des études de lettres, de droit et de philosophie à l’Université de Lille (59). En 1942, il réalise ses premières peintures à l’huile. Pendant quelques années, il exerce le métier de professeur puis se lance dans une carrière artistique.

Dans les années 1940, Georges Mathieu est un acteur important de l’abstraction informelle ; il développe une non figuration psychique, qui mêle graphismes abstraits et formes organiques. Sa technique consiste à écraser le tube de couleur directement sur la toile. En 1947, il expose ses toiles au Salon des réalités nouvelle ; elles sont faites de tâches directement jaillies du tube ! Cette période dite : des Limbes va évoluer vers des signes plus autonomes au début des années 1950. 

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Les années 1950 marquent une nouvelle phase dans l’œuvre de Georges Mathieu, caractérisée par des signes autonomes sur des fonds uniformes. Techniquement, l’artiste rehausse de tracés rouges d’épais graphismes noirs et s’inspire de l’histoire médiévale française. Il réalise aussi des peintures monumentales qui combinent l’abstraction gestuelle et les références historiques, que l’artiste appelle l’abstraction lyrique. La technique consiste à mettre l’accent sur l’acte de peindre en suivant des impulsions physiques ou psychiques. Ces peintures trouvent inspiration dans les épisodes guerriers de l’Ancien Régime

En 1957, Georges Mathieu voyage au Japon, pays pour lequel il éprouve un grand intérêt pour l’esthétique zen ! En 1964, il illustre le livre de Robert Godet : Le Judo de l’esprit , et en 1971, il peint  Karaté, au début du film : Mathieu ou la Fureur d’être. Cette séquence illustre le risque et la vitesse, qui sont le fondement de sa pratique artistique. 

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Au cours des années 1960, Georges Mathieu se livre à de drastiques réductions chromatiques : de longs filets sortent du tube de peinture ! le graphisme blanc sur blanc ne s’accompagne que de quelques discrets aplats de couleurs. La Manufacture nationale de la céramique de Sèvres (93) passe commandes à Georges Mathieu, qui applique ce minimalisme sur des services de porcelaine, présentant des filets d’or sur blanc. 


Les années 1980 marquent un étonnant retour à la figuration pour Georges Mathieu qui continue de produire des peintures pleinement abstraites. La Libération d’Orléans par Jeanne d’Arc constitue, par son titre poético-psychologique, une sorte de désenchantement.

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Georges Mathieu s’éteint à 91 ans, le 10 juin 2012 à Boulogne-Billancourt (92). Il repose au cimetière de Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris.

Brève histoire de la Monnaie de Paris

La Monnaie de Paris est la plus ancienne institution de France ; elle est aussi l’une des plus vieilles entreprises du monde. C’est en 864, que le roi Charles II (823-877), petit-fils de Charlemagne, décide de créer un atelier monétaire parisien attaché à la Couronne. Les monnaies étaient frappées à la main, au moyen d’un marteau.

En 1691, vingt-sept ateliers de fabrication de monnaies jalonnaient le territoire français. Le roi Louis XV, s’empare du vaste et prestigieux terrain de l’ancien Hôtel de Conti, et décide d’y implanter le siège de la frappe de ses monnaies ; il est officiellement installée quai de Conti, le 20 décembre 1775. Aujourd’hui, La Monnaie de Paris est le seul atelier en France à produire sans interruption depuis sa création…

Infos pratiques :

Exposition Georges Mathieu, jusqu’au 7 septembre 2025
11, Quai de Conti – 6e arrondissement de Paris

Tous les jours du mardi au dimanche de 11h à 18h – Fermeture le lundi –
Contact : 01 40 46 56 66

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.