Saatchi s’insurge contre le ridicule de l’art contemporain

Le célèbre collectionneur britannique s’est fendu d’un billet pour dénoncer les dérives de l’art contemporain. Enfin ! — diront certains. C’est pas trop tôt de la part de Saatchi – ajouteront quelques esprits chagrins – qui vit sur ses lauriers et s’offre là, avant toute chose, une tribune pour son ego vieillissant. Au demeurant, c’est délicieusement caustique.

 

Charles Saatchi est la caricature du biznessman collectionneur aux allures mystérieuses. Influent dans tous les milieux, notamment de la droite politique et de l’art, c’est lui qui a permis à Margaret Thatcher comme Damien Hirst l’ascension à leur place dominante. Certains considèrent la Galerie Saatchi, inaugurée en 1985, comme l’origine de la scène anglaise d’art contemporain. C’est à l’occasion de la foire d’Art Basel Miami qu’il a publié il y a trois jours une tribune dans The Guardian. Où il ne mâche pas ses mots. Citations brutes :

«Être acheteur d’art dorénavant est à l’évidence d’une vulgarité sans nom. »

«C’est le sport de la lie européenne (eurotrash), des instigateurs de hedge funds, des nantis des Hamptons, des oligarques à la mode, des rois du pétrole, de marchands au narcissisme onanisant. »

«Ils étaient déjà tous réunis dans le doux nid de leurs superyachts pour la Biennale de Venise, spectaculaire cette année. Venise est désormais sur l’agenda de ce nouveau monde de l’art, comme Saint-Barth à Noël et Saint-Tropez en août, dans une ronde étourdissante de mondanités glamour, d’une party chic à une autre.»

«Est-ce que ces gens aiment véritablement l’art ? Ou ne savouraient-ils pas seulement le fait de reconnaître facilement des tableaux au label brillant, achetés au vu de tous à des prix exorbitants dans les ventes aux enchères, pour décorer leurs résidences, sur terre et sur mer, avec l’intention d’en imposer par leur richesse et une attitude mortellement cool.»

« Quant aux commissaires d’exposition, ils sont incapables de distinguer le bon du médiocre. Ils préfèrent montrer des vidéos, d’incompréhensibles installations postconceptuelles et des cartels interminables, pour susciter l’approbation de leurs pairs, aussi pusillanimes et myopes» .

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