Saint-Marcel. Marcel Bergamasco, le maquisard a fêté ses 100 ans

Marcel Bergamasco
Marcel Bergamasco

Marcel Bergamasco, l’un des tout derniers vétérans du Maquis de Saint-Marcel dans le Morbihan, a fêté ses 100 ans le vendredi 14 mars 2025. Le Musée de la Résistance en Bretagne a organisé ce même jour dans ses locaux à Saint-Marcel, un hommage en son honneur, en lien avec sa famille et en présence des élus des communautés de communes de l’Oust à Brocéliande et de Ploërmel, de ses amis et de l’association UNC Taupont-Ploërmel, dont il est l’aîné de ses membres.

Marcel Bergamasco

Marcel Bergamasco est aussi le président des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la région de Ploërmel, dont il est le dernier membre.

La célébration de son centième anniversaire au Musée de la résistance en Bretagne s’est déroulé en trois temps

Marcel Bergamasco

1) d’abord, un moment commémoratif a été observé avec un dépôt de gerbe dans le patio du musée, où le chant des Partisans et la Marseillaise ont été interprétés par les scolaires du collège Beaumanoir de Ploërmel, soutenus par les participants à la cérémonie  

2) ensuite, s’est déroulé un temps de présentation des travaux des collégiens de l’établissement Beaumanoir, car ces élèves ont consacré à l’ancien résistant, une série de reportages sur leur chaîne radio  Beaumanews TV

3) la rencontre s’est poursuivie avec un temps plus festif et convivial autour du gâteau d’anniversaire, avec la distribution des cadeaux et des félicitations…

Marcel Bergamasco
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Portrait de l’ancien résistant et de ses cinq années de guerre

Marcel Bergamasco est né le 14 mars 1925 de parents originaires de Lombardie en Italie, ayant immigré en France après la Première Guerre mondiale en 1922. Il passe son enfance à Ploërmel au sein de sa famille, naturalisée française, qui possède une entreprise de maçonnerie à Ploërmel dans le Morbihan.

Marcel Bergamasco
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Marcel Bergamasco a juste quinze ans le 18 juin 1940 ! Il n’entend pas en direct l’appel de De Gaulle. La nouvelle se répand vite et des copains lui en parlent le lendemain. Ensemble, ils décident d’agir et de chasser l’ennemi du territoire ! Marcel se souvient : Quand les Allemands sont arrivés à Ploërmel, il fallait que je fasse quelque chose, alors j’ai commencé à crever les pneus de leurs véhicules

Petit à petit, ses actions deviennent de plus en plus importantes et plus structurées avec les sabotages des lignes téléphoniques, des voies ferrées et notamment en trafiquant les graisseurs des roues des wagons de chemin de fer avec de la poudre pour y mettre le feu; Malgrès son jeune âge et en raison de ses nombreuses actions, il finit par interresser les chefs de réseau de la résistance…

 Marcel, qui travaille dans l’entreprise de maçonnerie de ses parents, utilise le camion de l’entreprise: il est d’abord agent de liaison et profite de renseigner la résistance en relevant des informations concernant l’occupant, car il est réquisitionné par la préfecture pour convoyer du ravitaillement aux Allemands. Il se déplace dans les blockhaus, les cantonnements de l’occupant et note tout dans sa tête, sans écrits pour bien-sûr ne laisser aucune  trace ! Chaque soir, il fait son rapport et toutes les informations sont transmises à Paris ou à Londres. Bien plus tard, toujours au volant de son  camion, il transportera clandestinement des armes et des munitions, pour ravitailler le camp du maquis de Saint-Marcel.

 Marcel, résistant très actif pendant quatre ans d’occupation, est arrêté à plusieurs reprises, et notamment le 2 juin 1944 par la Feldgendarmerie de Ploërmel (la police militaire allemande), suite à un transport de farine qui tourne mal ! Il est roué de coups sur tout le corps à la barre de fer, torturé au nerf de bœuf, mais ne parle pas, ne trahit pas ! Par chance, l’occasion de s’évader se présente un jour. Spontanément, Marcel  pousse très fort le jeune soldat allemand qui le tenait seul en joue à ce moment-là, puis il court, très très vite à travers champs. Dans un premier temps, il trouve refuge au village de Blond à Guillac (56) chez les Perrichot. Remis sur pied, il rejoint le maquis de Saint-Marcel et récupère des conteneurs parachutés dans la nuit du 17 au 18 juin. Marcel Bergamasco participe dès le matin du 18 juin 1944 à la bataille de Saint-Marcel, où il se bat courageusement avec ses frères d’armes. Son camion est rempli de fusils mitrailleurs et de munitions et Marcel a aussi le devoir de ramper pour en déposer tous les dix mètres sur la ligne du front…

Moins de deux mois plus tard, la 4e division blindée américaine et le général John Shirley Wood, en provenance de Rennes, arrivent à Ploërmel. Marcel Bergamasco ne peut pas participer à la libération début août, pour deux raisons : d’abord parce que suite à son passage à tabac par les Allemands, il souffre de séquelles et à nouveau d’hémorragies de l’estomac, depuis le mois de juillet. Ensuite, parce qu’il est toujours recherché par la police allemande : il a été reconnu par deux feldgendarmes faits prisonniers. Marcel Bergamasco  vit alors clandestinement dans le grenier à foin de la veuve Richer, au village de la Ville Bonne à Taupont (56). Elle prenait soin de lui avec deux religieuses, placées en poste par le docteur Guillois fils et le chirurgien Rouxel. Les combats, la fatigue, la malnutrition, le manque de sommeil et les efforts physiques ont raison de l’état de santé de Marcel. Il reçoit des transfusions, puis quotidiennement des piqûres et des coagulants. Pourtant, il ne vit à ce moment-là  que pour la libération ! Alors, le 6 août 1944, il demande la permission au docteur de le laisser aller à Ploërmel. Le docteur accepte à condition que cela ne dure pas longtemps. Le voilà en route pour Ploërmel sur deux béquilles, en compagnie du fermier Jean-Louis Levoyer, de son cheval, de sa charrette, et des deux bonnes sœurs. Les premiers américains, que Marcel Bergamasco aperçoit, conduisent une ambulance. Ils s’approchent de Marcel et lui donnent une poignée de main, lui offrent des cigarettes ainsi que des bonbons aux religieuses. Marcel Bergamasco regarde le convoi passé pendant une demi-heure ! Aujourd’hui encore, l’ancien résistant affirme : Quel bonheur ! j’étais tellement heureux d’être là ! 

Marcel Bergamasco

Après la libération de Ploërmel, Marcel Bergamasco, à peine 20 ans, part dans l’Est de la France de novembre 1944 à mars 1945, d’abord dans les Vosges, pour renforcer les structures américaines. A Strasbourg (67), les Américains ne laissent pas les résistants traverser le Rhin et passer la frontière en Allemagne, parce qu’ils craignent les représailles des FFI envers l’ennemi. Ces derniers sont cantonnés à Lucey près de Nancy pour garder les prisonniers allemands. En avril 1945, Marcel Bergamasco revient à Rennes (35) et la même mission lui est confiée à Saint-Jacques-de-la-Lande (35): la surveillance des prisonniers allemands ! Le matin du 8 mai 1945, il est cantonné au château des Loges à Bruz (35), quand au moment de l’appel, il prend connaissance de l’armistice et obtient quartier libre aussitôt ! C’est la joie, la liberté totale ! Au volant d’un camion, il conduit ses camarades et s’en vont tous danser et faire la fête sur l’Esplanade du Champ de mars à Rennes…

Le 5 juin 2024 à Plumelec (56), lors des commémorations du 80e anniversaire du débarquement du 6 juin 1944, Emmanuel Macron, chef de l’État, a félicité Marcel Bergamasco lors de la cérémonie commémorative en hommage aux maquisards et SAS français du maquis de Saint-Marcel…

Marcel Bergamasco

Dans la vie privée, Marcel et son épouse 98 ans ont deux filles : Colette et Yolande qui leur ont donné trois petits-fils, deux petites-filles et douze arrières-petits enfants, dont Elodie l’aînée a 26 ans et la plus jeune est Margaux, douze ans…

Chaque année, sans exception, Marcel Bergamasco participe à toutes les cérémonies officielles à Ploërmel, en commençant pour le dernier dimanche d’avril pour la journée de la déportation, suivie du 8 mai, du 18 juin, du 14 juillet et du 11 novembre.

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