Je voudrais être un fauteuil… de Star
Mais si, c’est une chanson, du groupe Gnawa diffusion ! Sauf que bon, un fauteuil de coiffeur bof bof, plutôt chauffeur de bus me concernant. Être un stariste parmi les staristes, avec mon caractère avenant et si aimable, je crois bien que j’aurais pu très vite gravir les échelons de cette organisation…
Et devenir khalife à la place du khalife : le grand chef avec la casquette et le porte-clefs de tous les bus et handibus de la Métropole rennaise. Moi aussi, j’aurais eu une oreillette, et j’en aurais usé et abusé. Mon mobile phone m’aurait aidé à passer le temps entre 2 clients que j’aurais envoyés bouler juste pour le fun ! Suis pas payé pour être aimable ! Si tu montes dans « my bus » tu fermes ta boca, et surtout joues pas le reloud en me demandant 2 tickets… Je suis pas un automate !
Ne me demande pas si je passe près de ton arrêt, je suis pas la mapa de l’arrêt de bus. Je suis un caïd avec mon gros volant et mon gros klaxon. Je peste, te fais des appels de phare ou un doigt, et défonce ta caisse si tu me gênes – tu es le grain de sable que je vais broyer et transformer en verre pour mon pare-brise. Traverses pas, petit mec, pas de priorité piéton chez nous ; si tu te fais écraser, pas de soucis, un nouveau client va te remplacer. Et toi, petit vieux, espère pas que je vais t’attendre, même si tu cours ; tu ne rattraperas jamais mon gros engin, moi je te zappe. Et toi, petit piéton qui ose réclamer ta priorité, attention aux fesses, car mon grand plaisir consiste à décélérer puis accélérer derrière ton dos juste ce qu’il faut pour te pousser à presser le pas en te filant la trouille !
Mais bon, dans le lot, il y en a aussi des gentils, surtout des gentilles (c’est un fait, les chauffeuses, surtout âgées, sont bien plus aimables que les chauffards). Bien sûr, tous ne sont pas mal élevés, beaucoup sont même courtois, mais la proportion de morveux qui se croient tout permis dans cette régie transport est bien supérieure aux autres villes de province que je connais. Depuis que je me suis fait insulter et menacer par l’un de leurs chauffeurs, je les porte loin, loin de mon cœur. Mais proche, proche de mon conteneur…
Enfin, la vie rennaise est ainsi faite : si vous portez plainte à l’accueil de la STAR à la suite d’incivilités, d’injures, de gestes déplacés ou de frôlements, voire de contacts non-sollicités avec votre manteau ou votre bicyclette (pour vous pousser à accélérer quand vous êtes engagés sur un passage piéton ou à ne pas traverser quand vous êtes dans des rues où le chauffard aime se piquer une petite accélération), on vous répondra au mieux : « on va lui dire que c’est pas bien… ».
Mais au fait, pourquoi est-ce la STAR qui gère les plaintes contre elle-même et non un service de la mairie, un organisme indépendant ou la police comme pour tout le monde ? Pourquoi les rois du bitume jouissent-ils d’un régime d’exception ? Résultat : contrairement au chauffard lambda, le stariste jouit d’une quasi impunité.
« On va lui dire que c’est pas bien… » Mon œil, un cure-dent sous les ongles, oui ! Comme à la bonne époque quand j’étais shogun, et que je décapitais à tour de bras…Je vais aller prendre mes médocs, me sens un p’tit peu énervé. Petit Piéton méchant, petit piéton méchant, va prendre tes calmants…