Au cimetière du Nord de Rennes, St Vincent > Où est ta mémoire d’outre-tombe ?

cimetière

Sous un ciel grisâtre, le promeneur zigzague entre les tombes et les chapelles érigées ici où là. Dans ce temple de l’éternité, la mémoire enfouie ressurgit du passé à l’ombre des ifs et des cèdres. Elle nous rappelle que d’autres avant nous ont imaginé Rennes et construit notre monde.

En chemin dans ce Père-Lachaise rennais, le visiteur se prosterne humblement devant le caveau de la sœur de François-René de Chateaubriand ou encore devant celui de la famille Bessec. Il s’incline encore devant Leperdit, Martenot, Odorico et tant d’autres. Au fil de la visite, l’histoire rennaise déroule sa pelote de laine. Mais dans ce cimetière, construit sous la Révolution française, une tombe interrompt notre parcours. Une épitaphe donne à lire en grosses lettres : « En Mémoire de Pierre Brault, accoucheur et gynécologue rennais qui mit au monde entre 1919 et 1955 plus de 10000 enfants ».

Un bref instant, on se plaît à penser que cet homme fût sans doute le premier à entrapercevoir le faciès fripé de votre père nourrisson ou encore la bobine de votre grand-père bébé. Mais trêve de sensiblerie, repartons bien vite à la recherche du patrimoine funéraire. Ce cimetière recèle des gisants du plus bel effet, des colonnes brisées, des sculptures du siècle dernier, des médaillons de bronze et même une plaque représentant le Rennes d’autrefois.

Loin des musées et autres galeries, la création artistique du siècle dernier apparaît soudainement sous les yeux des profanes. Malheureusement, quelques tombes sont toujours laissées à l’abandon. Dans un carré, déplorons le triste sort de l’abbé Bréchat. Sa sépulture, inspirée d’une église néogothique, a déjà perdu un pilastre…

Vicaire général de l’archidiocèse de Rennes et fondateur de l’école Saint-Vincent, l’homme de Foi mériterait un peu plus d’égard de la part de ses successeurs du célèbre établissement scolaire rennais. Mais que dire encore de son voisin, Joseph Thébault ? Son sarcophage a été tout bonnement renversé par le vent capricieux. Voilà une bien triste nouvelle pour les « accros » de la bouteille qui déposaient un bouchon sur le caveau du défunt afin de soigner leur penchant…

Jean-Christophe

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