Pour ce rendez-vous du vendredi 15 novembre avec l’Orchestre symphonique de Bretagne (OSB), le programme ne pouvait que piquer la curiosité des mélomanes présents. En effet, les danses concertantes d’Igor Stravinski sont une œuvre assez déroutante. Et que dire d’un concerto pour contrebasse de Serge Koussevitsky, vraiment peu commun, mais non moins que celui de Dimitri Chostakovitch ou dialoguent piano et trompette.
Darrell Ang avait donc décidé une fois de plus de mettre à l’épreuve les très sages oreilles rennaises en leur proposant des pièces inhabituelles, mais très stimulantes.
Dés les premières mesures des danses concertantes, on reconnaît l’univers particulier de Stravinsky. Il y a dans cette musique quelque chose d’espiègle, de primesautier qui lui donne une réelle fraîcheur. Les cinq parties enchaînées ne nous laissent aucun répit et nous entraînent dans une rêverie, parfois apaisée parfois un peu échevelée. La partition est, comme c’est toujours le cas, bien soutenue par l’Orchestre de Bretagne, présent pour cette œuvre en comité restreint, respectant ainsi les recommandations de l’auteur.
Quelques instants plus tard, après la mise en place de l’imposant Steinway & son, Mei Yi Foo, l’artiste invitée, entame un dialogue des plus déroutant avec la trompette de l’excellent Fabien Bollich. N’ayons pas peur des mots, elle se révèle une excellente pianiste, mêlant une irréprochable dextérité à une sensibilité tout en nuances. Elle nous fera en bis l’offrande d’une très belle pièce de Gershwin. De l’autre côté, si la partition du trompettiste est plus anecdotique, elle n’en est pas moins périlleuse et l’interprète nous délivre une petite leçon de technique. Notamment, lorsqu’il utilise, pour un court passage, une sourdine qui fait découvrir des sons d’une inhabituelle délicatesse lorsqu’il s’agit d’un aussi brillant instrument.
Les mélodies de Chostakovitch sont très belles. A bien des moments, nous nous laissons emporter et lorsque notre attention se relâche complètement, il nous impose alors une rupture incongrue, introduisant dans sa musique une dimension sarcastique. Cet humour un peu noir peut être attribué à une réaction contre le régime soviétique de l’époque, comme chacun sait, si ouvert à la modernité et à la liberté de créer. Malheur à l’artiste « décadent » qui sortait des sentiers du « réalisme socialiste » !
La deuxième partie du concert était sans doute la plus attendue, un concerto pour Contrebasse est un événement rare et l’arrivée de Frédéric Alcaraz portant son instrument, fut saluée avec enthousiasme. Dés les premières notes de l’œuvre de Serge Koussevitsky, une oreille peu avertie eut été en droit de penser qu’il s’agissait de la sonorité d’un violoncelle. « Que nenni ! » L’interprète, après un bref instant de réglage, nous fait découvrir des sonorités agréables, nuancées, auxquelles nous ne nous serions pas attendus de la part d’un si considérable instrument. L’orchestre se fait discret afin de ne pas lui voler la vedette.
Si, comme nous le pensons, l’intention de Darrell Ang était de « bouger » un peu son public, l’objectif est atteint ! Dans la salle, l’attention est à son comble. Le bis, sous la forme d’une élégante « sarabande », assure le succès de Frédéric Alcaraz et lui vaut l’estime du public.
L’ultime étape de notre voyage russe nous est offerte par Piotr Iliytch Tchaïkoski et son inoubliable ballet « casse-noisette ». C’est l’occasion pour l’OSB de nous montrer l’étendue de ses qualités. L’exécution de l’ensemble des pupitres est irréprochable. Et son chef, comme pour se faire pardonner de nous avoir un peu malmenés, nous entraîne dans une valse des fleurs ou une danse de la fée dragée qui ravit plus particulièrement un jeune public largement représenté.
Il suffit de voir les visages ravis de l’assistance, se laissant pour l’occasion aller à fredonner ses airs si familiers, pour savoir que la partie est largement gagnée…encore un succès à l’actif de l’OSB !
Le prochain rendez-vous n’est pas des moindres, puisque le 30 novembre c’est le Requiem de Verdi qui nous attend. Pour l’occasion l’OSB sera renforcé de l’orchestre de Picardie, du Brighton festival chorus et du Royal house de Covent garden…excusez du peu ! Nous en tremblons de plaisir à l’avance. Comme Unidivers, ne ratez pas ce rendez-vous. !