Originaire d’une petite ville de province où elle s’ennuyait à mourir, Mavis Gary s’est installée à Minneapolis où elle est devenue auteure de romans pour ados. Mais lorsqu’elle apprend que son ex-petit copain de lycée est devenu papa, elle décide de revenir sur les lieux de son enfance pour le reconquérir. Tandis que Mavis semble sûre d’elle et de son pouvoir de séduction, la situation ne tourne pas à son avantage. Elle noue alors une relation peu banale avec un ancien camarade de lycée, mal dans sa peau, qui, malgré les apparences, lui ressemble plus qu’il n’y paraît…
Young adult fait partie de ces films qui vous procurent un sentiment mêlé : c’est très bon et, en même temps, certains défauts font qu’il ne passera jamais à la postérité en tant que succès. Deux avis convergents, signés Ice et David.
Affiche acidulée, bande-annonce axée sur la comédie : le distributeur a tout faux dans ses choix. En effet, le film est une comédie dramatique, voire même un drame.
Jason Reitman (le fils d’Ivan, père des Ghostbusters, Jumeaux ou autres Beethoven) entraîne le spectateur dans le sillage de Mavis, jolie blonde de la trentaine. Sa vie ressemble à un chaos inextricable : divorce, solitude, dépression, etc.
Elle est accompagnée par Dolce, un chien, un spitz nain, qui a tout juste le droit de sortir sur la terrasse de son luxueux appartement : aussi ne peut-il être heureux. Il le faut pourtant, car elle en a décidé ainsi. C’est sa manière à elle de (re)prendre en main les choses.
Alors l’héroïne décide de revenir dans sa petite ville d’enfance pour retrouver son premier flirt et tout reprendre à zéro. Sauf que ce dernier vient d’être papa et déjà marié…
Au-delà de son amour de jeunesse, mais c’est aussi l’image qu’elle a laissée derrière elle qu’elle retrouve : La fille populaire et parfaite que tout le monde envie. Qu’importe si les livres qu’elle écrit sont maintenant passés de mode, si elle vient de se séparer : personne ne le sait sauf elle. Chemin faisant, elle se lie d’amitié avec son ancien voisin de casier qu’elle ignorait royalement au collège. Ainsi se cassent ces barrières qu’elle avait elle-même établies par le passé ; ces barrières qui séparent les personnes « populaires » des autres.
Pourtant, elle ne peut pas s’empêcher de se raccrocher à une image stéréotypée du bonheur : un couple, une famille, des enfants… Exactement ce que Buddy, son premier flirt, incarne maintenant et qui lui est, à elle, insupportable.
En parallèle, elle écrit son dernier livre. Inspiré de sa vie, elle décrit ces « jeunes adultes » qu’elle côtoie dans les fast-foods. Elle est restée comme eux : bloquée à un âge de grande adolescente, parce qu’elle croit que l’âge adulte lui est refusé. Elle ne veut pas accepté pas qu’elle ait changé comme ses connaissances du passé. Le maquillage et les beaux vêtements n’y peuvent rien : elle n’est plus la reine du lycée.
En matière de réalisation, Charlize Theron délivre une très bonne prestation comme l’ensemble du casting. Le style ‘indépendant américain’ ménage une marge de manoeuvre au spectateur afin réfléchir à l’histoire et aux personnages. Toutefois, un sentiment de manque, un ‘goût de trop peu’ conclut cet opus. Il traduit un manque d’approfondissement du sujet, une impression de rester en surface. Difficile de formuler ce qu’il aurait fallu ajouter, mais une pincée d’un certain sel fait défaut.
Young Adult est un peu comme la nourriture fast food que l’héroïne mange : on en a pour son argent sur le moment, mais tout de suite après, on a encore faim.
Ice
Qu’il est intéressant d’observer cette petite peste évoluer dans cette histoire assez grisante ! C’est tout de même jouissif de voir une garce de la sorte qui ose tout. Surtout quand elle est incarnée avec brio par Charlize Theron. Mais comme une comédienne, aussi fort soit elle ne fait pas tout, il fallait aussi un solide scénario. C’est le cas ici…
La réalisation n’est pas en reste avec un boulot d’une grande précision et d’une grande qualité. L’ensemble est assez simple, mais tout se combine harmonieusement. C’est fluide.
Mais ce qui fait le charme de cette comédie reste son aspect original : l’angle d’attaque va à contre-courant des productions de ce genre. D’où une petite bouffée d’oxygène rafraichissante. Le décalage des retrouvailles entre une trentenaire perdue et son ex-petit ami procure aussi une drôlerie bénéfique.
Certes, la partie réflexive n’atteint pas des profondeurs abyssales. Le spectateur pourra être touché dans son coeur et son cerveau quelque peu cogiter. Pour notre part, nous avons été embarqués, mais le voyage s’est arrêté en route.
Deux raisons principales l’expliquent :
D’une part, la monstration du désespoir dans ce visage doux ne fonctionne pas. Un jeu plus riche de nuances aurait été requis, mais il aurait fallu prendre des risques que ne permettait peut-être pas la direction des acteurs.
D’autre part, l’opposition entre monde des beaufs et monde des prétentieux de l’autre rencontre rapidement ses limites.
Du très bon cinéma américain, porté par une grande interprète, mais qui manque de cet élément et de cette opération qui transforme le bon en sublime.
David