La BD Pillages ou le fléau des ressources halieutiques en Afrique

bd pillages

La bande dessinée Pillages de Renan Coquin et Maxime De Lisle, publiée en avril 2024 aux éditions Delcourt, met en lumière la surpêche illégale en Afrique de l’Ouest et ses conséquences désastreuses sur les populations locales et l’environnement marin. Inspiré du vécu de Maxime De Lisle, ex-officier de Sea Shepherd, cet ouvrage documente un problème majeur : le pillage des ressources halieutiques africaines par des flottes industrielles étrangères. Un coup de coeur de la bibliothèque des Champs de libres de Rennes.

Un pillage organisé : des chiffres alarmants

L’Afrique de l’Ouest est particulièrement touchée par la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 40 % des captures dans cette région proviennent de la pêche INN, représentant une perte économique estimée à 2,3 milliards de dollars par an pour les économies locales.

  • 17 000 chalutiers industriels (chinois et européens principalement) exploitent intensivement les eaux africaines, souvent en violation des réglementations nationales.
  • En Mauritanie, le Sénégal et la Guinée-Bissau, 60 % des prises halieutiques sont exportées vers l’Europe et l’Asie, privant les populations locales de leurs ressources.
  • La Chine est le plus grand acteur de cette exploitation, avec plus de 500 navires industriels opérant illégalementen Afrique de l’Ouest.
  • Les captures annuelles de certaines espèces ont chuté de 50 % à 80 % au cours des dernières décennies, mettant en péril des millions de pêcheurs artisanaux.

L’impact sur les populations locales

La pêche artisanale emploie environ 12 millions de personnes en Afrique et fournit plus de 200 millions d’habitants en protéines animales. Or, la surexploitation des ressources par des flottes industrielles étrangères entraîne des conséquences dramatiques :

  • En Mauritanie, la disparition de certaines espèces a fait chuter les revenus des pêcheurs de 50 % en moins de 10 ans.
  • Au Sénégal, un poisson sur deux consommé provient de la pêche illégale, ce qui réduit la disponibilité des ressources locales.
  • En Guinée, la surexploitation des stocks de poissons a conduit à une augmentation des prix de 30 % à 50 %, rendant l’alimentation inaccessible à une partie de la population.

Les enjeux environnementaux : un écosystème en danger

Le pillage des ressources halieutiques ne se limite pas aux pertes économiques et alimentaires, il a aussi un impact désastreux sur l’environnement :

  • L’effondrement des stocks de poissons touche des espèces clés comme la sardinelle, dont les populations ont diminué de 80 % en 20 ans.
  • Le chalutage industriel racle les fonds marins et détruit les écosystèmes, aggravant la perte de biodiversité.
  • Les rejets en mer des prises non désirées représentent jusqu’à 40 % des captures, accentuant le gaspillage et la destruction des écosystèmes.

Des solutions pour enrayer le pillage

Face à cette crise, certaines initiatives tentent de protéger les ressources halieutiques :

  • L’ONG Sea Shepherd, mise en avant dans Pillages, patrouille dans les eaux africaines pour lutter contre la pêche illégale. En collaboration avec les autorités locales, elle a permis l’arrestation de plusieurs dizaines de navires illégaux.
  • Le Sénégal a renforcé ses contrôles maritimes, imposant des sanctions aux bateaux étrangers illégaux et annulant des licences frauduleuses.
  • La FAO et l’Union africaine développent des accords pour renforcer la souveraineté maritime des États africains et limiter les concessions aux grandes flottes industrielles étrangères.

La bande dessinée Pillages illustre avec force une réalité documentée : le pillage des ressources halieutiques en Afrique menace l’équilibre économique, social et écologique du continent. La surpêche illégale, amplifiée par l’appétit insatiable des puissances étrangères, condamne des millions de personnes à la précarité alimentaire et détruit un écosystème vital. Seule une prise de conscience internationale et une politique de gestion durable des ressources marines permettront d’inverser la tendance.

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