Cannabis, cocaïne, crack… Drogues à Rennes : ce que révèle l’enquête sur les usages et trafics

drogue rennes france

Rennes, comme ailleurs en France, la consommation de drogues évolue, se diversifie, s’ancre dans le quotidien. Grâce au dernier rapport TREND et aux données nationales 2025 de l’OFDT, on distingue les lignes de fracture d’un phénomène social aux multiples visages.

Selon le rapport OFDT – Drogues et addictions, chiffres clés 2025, la première cause de mortalité liée à l’usage de drogues en France reste l’alcool, avec environ 41 000 décès attribuables en 2015 (dernière estimation détaillée disponible), répartis ainsi :

  • 16 000 décès par cancers
  • 9 900 par maladies cardiovasculaires
  • 6 800 par maladies digestives
  • Le tabac est responsable de 75 320 décès annuels (chiffres de 2015), mais est souvent considéré séparément dans les classifications médicales car il est légal.
  • Les drogues illicites sont responsables de 638 décès directs en 2022 (selon le système DRAMES), dont :
    • 78 % sont liés aux opioïdes (héroïne, méthadone, buprénorphine, fentanyl, etc.)
    • 19 % impliquent de la cocaïne, seule ou associée
    • 10 % des cas concernent des amphétamines ou d’autres substances

Ainsi, les opioïdes (héroïne et dérivés) constituent la première cause de mortalité parmi les drogues illicites, en particulier par overdoses ou complications respiratoires.

Un cadre national : explosion des usages, diffusion large

Les données 2025 de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) dressent un tableau préoccupant :

  • Cannabis : 21 millions de Français l’ont expérimenté, dont 900 000 en consomment tous les jours.
  • Cocaïne : 3,7 millions de personnes l’ont testée, dont 1,1 million l’ont consommée au moins une fois en 2023. Les saisies ont bondi (4 tonnes en 2010 contre 23 en 2023).
  • Crack : 1,4 % des adultes y ont touché ; usage encore marginal, mais en forte croissance urbaine.
  • Héroïne : usage dans l’année chez 0,3 % des adultes ; 47 000 personnes suivies en CSAPA.
  • Ecstasy/MDMA : 8,2 % des adultes l’ont expérimentée. 4 millions de comprimés ont été saisis en 2023.

Rennes à la loupe : terrain d’observation du dispositif TREND

À l’échelle locale, l’enquête TREND 2024 s’appuie sur des observations ethnographiques, entretiens avec usagers, travailleurs sociaux, médecins, policiers, afin de comprendre les dynamiques spécifiques rennaises.

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Cannabis : toujours omniprésent, toujours plus fort

Dans la capitale bretonne, le cannabis reste la drogue la plus consommée, mais sous des formes de plus en plus concentrées en THC. On observe :

  • 30 à 40 points de deal stables, principalement dans les quartiers de Maurepas, Blosne, Cleunay, Villejean.
  • Une offre renouvelée, parfois avec des services type fidélisation, goodies, livraison.
  • Une présence plus dispersée en centre-ville, notamment en soirée autour des lieux de fête, avec des vendeurs à la sauvette.
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Cocaïne : la démocratisation par le bas

Le rapport TREND confirme ce que les acteurs de terrain pressentaient : la cocaïne est devenue une drogue de plus en plus banale, disponible, abordable, et transversale socialement.

  • Doses accessibles dès 20 à 30 euros, vendues dans la rue ou livrées discrètement.
  • Profils d’usagers très divers : jeunes actifs, étudiants, précaires, et même seniors festifs.
  • Ce glissement social suit les tendances nationales, où l’usage annuel touche désormais 2,7 % des adultes.

Crack : l’irruption inquiétante

Grande nouveauté à Rennes : l’émergence d’un point de vente stable de crack, pour la première fois en 2023.

  • Doses vendues entre 10 et 20 euros, prêtes à l’emploi.
  • Usage concentré dans les marges urbaines, parfois en lien avec la précarité et l’exclusion.
  • À l’échelle nationale, 1,4 % des adultes et 0,4 % des jeunes de 17 ans ont expérimenté le crack ou la cocaïne basée.
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Kétamine, héroïne, ecstasy : une scène plurielle

  • Kétamine : usage en hausse dans les free parties, festivals et soirées alternatives.
  • Héroïne : discrète mais présente, vendue à bas prix (15–20 €), avec un usage stable.
  • Ecstasy/MDMA : toujours présente en milieu festif, mais concurrencée par cocaïne et kétamine.

Cartographie rennaise du deal

QuartierSituation
MaurepasRéseau structuré, ancien et hiérarchisé. Fusillades récurrentes.
Le BlosneVente multi-produits, forte implantation.
Cleunay / VillejeanActivité soutenue, notamment autour des transports.
Centre-villeDeal opportuniste, à la sauvette en soirée.

Violence accrue, répression renforcée

Entre 2020 et juin 2025, Rennes a connu 30 fusillades, en grande majorité liées aux trafics. En réponse, la préfecture, l’OFAST et la police judiciaire ont déployé plusieurs opérations « Place nette », visant à désorganiser les réseaux locaux.

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Rennes dans le sillage d’une France sous tensions

Le tableau national 2025 éclaire utilement les tendances locales :

SubstanceFrance (2023–2025)Rennes (2024)
Cannabis21 M d’expérimentateurs – 900 000 usages quotidiens30 à 40 points de deal actifs
Cocaïne1,1 M usagers annuels – prix en baisseUsage banalisé, livraison facilitée
Crack1,4 % adultes – apparition dans les métropoles1er point de deal stable observé
Kétamine2,6 % expérimentateurs adultesUsage en hausse dans le milieu festif
Héroïne0,3 % d’usagers annuelsPrésence discrète mais stable
MDMA/Ecstasy8,2 % expérimentateurs adultes – 10 €/compriméPrésente mais concurrencée

Une ville en alerte, une société en mutation

Rennes n’est ni Marseille, ni Saint-Denis, mais les lignes bougent. L’émergence du crack, la diffusion massive de la cocaïne et la persistance des trafics dans les quartiers populaires placent les autorités devant un enjeu sécuritaire, mais aussi sanitaire et social. Les chiffres sont là, mais ils ne suffisent pas. Il faudra du lien, de la prévention, des politiques publiques solides pour éviter que la ville ne bascule davantage.

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