Pour tous ceux qui n’auraient pas eu le bonheur de découvrir, à travers l’exposition Confronting Anitya, la fine fleur des artistes contemporains chinois à la 55e Biennale de Venise (ou à Bologne, à Bonn, à Büdelsdorf en Allemagne, à Pékin ou Jinan où l’expo a voyagé depuis), une unique occasion se présente en France, à Forcalquier.
Anitya renvoie au principe bouddhiste de l’impermanence universelle à laquelle les hommes sont confrontés. Comment réagir à cette « douloureuse » impermanence ? La réponse suggérée ici consiste à opposer à « l’éphémère » «
La présentation des travaux récents d’une quarantaine d’artistes chinois contemporains a pour objectif de montrer que ceux-ci ne veulent pas simplement copier les genres et les styles de l’art occidental. Ils puisent leur inspiration dans leurs propres traditions, mais en reliant l’essence de cette culture orientale à une expression contemporaine. L’installation occupe avec bonheur différents sites du patrimoine de cette ravissante commune provençale : l’hôtel d’Astier (construction Renaissance sur caves médiévales, dans son jus), le centre d’art Boris Bojnev et le Musée de Salagon à Mane dont la chapelle s’orne depuis 1998 de vitraux d’Aurélie Nemours.
Pourquoi à Forcalquier ?

Né en 1975 à Jilin, en Chine, il part en 2001 poursuivre ses études d’art à Marseille où il obtient son diplôme national supérieur en 2005. Son premier contact avec l’art occidental fut un choc. Si on lui avait parlé en Chine des maîtres de la Renaissance et de l’art moderne, il n’était pas préparé à la diversité des formes d’expression de l’art contemporain (installations, performances, multimédias…) ! Malgré sa méconnaissance de la langue et sa difficulté à cerner nos concepts, il sut s’adapter. De cette expérience est née son esthétique particulière, son goût de l’échange, mais surtout l’idée que l’artiste doit être libre et qu’au lieu de renier ses origines, il peut les renouveler à la lumière de son expérience personnelle. Autant de raisons d’être un (excellent) passeur entre la France et la Chine. Rôle qu’il endosse à merveille dans sa cité d’adoption avec l’appui de l’association Confluences. Créée en 2014, celle-ci ambitionne d’accueillir des artistes en

Deux autres artistes puisent plus directement dans les formes traditionnelles :
Guo Gong qui transforme Le Pin en support de rouleau géant, et Lu Chuanbao qui éclate des objets anciens en les fixant dans des plaques de plexi (Écouter avec un instrument de musique décomposé) et Œuvre n°1 avec un fauteuil éclaté. 
Zhuang Hongyi a aussi choisi une pièce de mobilier traditionnel, le kang, lit de repos ou de conversation, mais détourné en lit de fakir, en chrome et totalement tapissé de 3500 clous ! Guo Yan a voulu présenter Le costume chinois, rhabillé d’une multitude de cartes d’identité en plastique.
Ce qui frappe dans cette exposition, c’est l’inventivité des artistes avec les matériaux, toujours en lien avec les traditions : ainsi la spectaculaire installation en bambou de Xiao Yu ou l’installation en fil de ver à soie le Tunnel, de Liang Shaoji. Le même matériau a été utilisé de façon fort suggestive dans la vidéo Désir de Li Linjiao. La dénonciation des destructions intensives de Pékin inspire Tan Xun (qui a fabriqué une glaise à partir de gravats concassés pour en faire 144 briques composant un paysage de début 

La porcelaine figure naturellement dans cette exposition, mais malmenée par Qi Zhuo qui a carrément Allumé un vase, en y faisant exploser des pétards ; les images de son épatante vidéo défilent à côté des vases légèrement déformés, mais imperturbables !

« Regarde, regarde ! » est l’injonction (à laquelle on adhère !) de Li Yongzheng, titre donné à son pur et élégant cube en inox contenant de l’eau où des bulles d’air remontent sporadiquement, aussi fines que le caractère subversif de cette exposition. Entre miroir et plongée dans un monde fascinant. Exposition Confronting Anitya jusqu’au 1er juillet dans le pays de Forcalquier, dans des lieux d’exposition qui à eux seuls valent le détour !

Exposition Confronting Anitya, jusqu’au 1er juillet dans le pays de Forcalquier, dans des lieux d’exposition qui à eux seuls valent le détour !
L’exposition est accueillie dans 4 lieux historiques de la haute Provence
A Forcalquier
-Le centre d’art contemporain Boris Bojnev
Ouverture : lundi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 10h à 12 et de 14h à 18h
Entrée gratuite
-Hôtel d’Astier
Ouverture : lundi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 10h à 12 et de 14h à 18h
Entrée gratuite
-L’office de tourisme du Pays de Forcalquier, Montagne de Lure
Ouverture : lundi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 10h à 12 et de 14h à 18h
Entrée gratuite
A Mane
-Le musée de Salagon
Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h
Entrée payante 7€
Institutions organisatrices:
-Yuan Art Museum (Pékin).
-Art Gaudi (Chengdu)
-Tiantai Art Museum (Qingdao).
-B & N Cultural Promotion Company (Pékin)
-Association Confluences (Forcalquier, France)
