Brocéliande ? Pas la forêt, un ensemble issu de l’Orchestre symphonique de Bretagne. Cet ensemble Brocéliande s’est transplanté la semaine dernière au Tambour pour une prestation pleine d’invitations aux voyages et centrées sur des compositeurs français. Guy Ropartz, Jean Cras, Vincent d’Indy furent les capitaines de ce périple réussi.
Si le Tambour de l’Université Rennes 2 n’est pas le plus grand auditorium de Rennes, il possède un précieux atout : son acoustique. C’est le cadre intime qu’avait choisi l’inhabituel quintet Brocéliande pour nous inviter à une croisière bretonne et ultramarine.
Inhabituel ? Par sa composition tout au plus. Si le trio de cordes formé par Nicolaï Tsygankov, Cyril Robert, et Stéphane Genay reste une base classique, la présence d’une flûte et d’une harpe est plus atypique ; mais, Stella Daouès et Delphine Benhamou justifieront pleinement leur présence. Cette formation de jeunes musiciens – pour un soir évadés de l’orchestre symphonique de Bretagne – va nous séduire d’un bout à l’autre de ce concert qui a été, bien malheureusement, peu ou mal annoncé.

Connaissez-vous Jean Cras ? Non content d’être un officier émérite de la « royale », d’avoir inventé une règle encore en usage qui permet de tracer la route d’un bateau, cet original incarne l’élégance. Ce marin, natif de Brest et qui ne se déplaçait jamais sans son piano, propose une musique sans fioritures, authentique et impressionniste. Alors même qu’il participe au blocus des côtes dalmates, il termine l’écriture de son unique opéra « Polyphème » à bord du contre-torpilleur Commandant Bory, dont il assure le commandement. C’est la musique d’un grand voyageur, pétri de culture judéo-chrétienne et infiniment respectueux des cultures qu’il rencontre, ne cédant jamais à la tentation d’un exotisme de pacotille. Ce sera pour nous l’occasion d’entendre le violoncelle, enfin seul, nous chuchoter une mélodie profonde et apaisée.
Pour Vincent d’Indy la « bretonnitude » est moins évidente. Si notre très aristocrate musicien est un peu à part, c’est au travers des influences musicales qu’il convient d’aller chercher un lien. En effet le fil conducteur de ce concert n’est pas seulement la mer ou la Bretagne, mais dans une lecture au second degré : l’influence de musiciens essentiels dans la constitution d’une école française au XIXe siècle. Il est équitable de citer Jules Massenet, César Franck, et, bien entendu, Henry Duparc qui furent les professeurs de Ropartz et Cras.
Un beau concert où les instrumentistes de l’OSB, habituellement anonymes au milieu de leur formation, se sont exprimés de manière individuelle et ont démontré leur talent. Aucun d’eux n’échappe aux louanges.
G. Ropartz, Prélude, Marine et Chanson
V. d’Indy, Suite en parties pour trio à cordes, flûte et harpe
M. Tournier, Quintette pour trio à cordes, flûte et harpe
J. Cras, Quintette pour trio à cordes, flûte et harpe
Ensemble Brocéliande de l’OSB
N. Tsygankov (violon) / C. Robert (alto) / S. Genay (violoncelle) / S. Daouès (flûte) / D. Benhamou (harpe)
