Le Musée de Bretagne fait ses carnavals du 7 février au 16 novembre 2025

carnaval granville
Carnaval de Granville

Carnavals, la nouvelle exposition du Musée de Bretagne, aux Champs libres de Rennes, se déroule du 7 février au 16 novembre 2025. Elle raconte l’histoire d’une fête collective, avec ses codes et rituels, un patrimoine bien vivant en Bretagne et dans le monde que l’on savoure en couleur.

Quand on pense au patrimoine, la majorité des personnes imagine certainement de vieilles pierres (peut-être même poussiéreuses) qui ont précédé leur naissance et qui resteront en place après elles. Détrompez-vous, avec sa nouvelle exposition, le musée de Bretagne offre de plonger dans un patrimoine bien vivant, les communautés qui le portent et l’ingéniosité de leur création. Carnavals est idéal pour la saison estivale : l’exposition parle très bien aux enfants (et grands enfants), mais aussi à tous les publics de manière générale. Sa légèreté est rafraîchissante et sa couleur donne le sourire, même si l’on ne renie pas la dimension politique des moments carnavalesques. Les messages que transmet ce type d’événements mettent du baume au cœur et, il faut avouer, quelle agréable sensation !

Mr Claude Chrétienne, présent depuis 40 ans sur les carnavals, pendant le grand défilé du carnaval des Gais Lurons de Vitré © Alain Amet – Collections Musée de Bretagne

L’exposition a été initialement conçue par les Musées de Granville et le Musée de Normandie – Château de Caen, mais le musée de Bretagne a souhaité lui donner un nouveau souffle en y intégrant de la matière bretonne, population toujours prête à festoyer en collectif. Une collecte des traditions carnavalesques, en milieu urbain et rural, a notamment été menée afin de documenter les carnavals en Bretagne aujourd’hui. Cette documentation ne pouvait commencer qu’avec le comité des Gras de Douarnenez, événement ô combien incontournable qui met la ville en joie et en fête pendant cinq jours au mois de mars de chaque année. « Pour eux [le comité des Gras de Douarnenez, ndlr.], le carnaval n’avait pas besoin d’être patrimonialisé au sens où il n’est pas en danger, il est bien vivant », souligne Céline Chanas, directrice du musée de Bretagne. Au delà d’une patrimonialisation, faire entrer le carnaval dans un musée apporte de ce fait une légitimation et une reconnaissance de cette culture populaire.

carnavals musée bretagne

Débridé à Douarnenez, fleuri à Guémené-sur-Scorff ou spectaculaire à Nantes, le carnaval est une fête d’hiver présente un peu partout dans le monde aujourd’hui, mais ses racines sont païennes et chrétiennes. Ses origines remontent notamment aux Saturnales de Rome, fête populaire antique qui célèbre le solstice d’hiver. Dans un renversement de l’ordre social établi, les maîtres prenaient la place des esclaves et inversement. « Le Moyen-Age va aussi connaître un temps carnavalesque qui s’appelle la fête des fous » précise Fabienne Martin-Adam, responsable inventaire et documentation des collections au musée de Bretagne. « Au sein du clergé, on se travestissait, on faisait des processions dans les villes et des sermons à double sens. » 

La tradition s’estompe au XVe siècle, mais va perdurer grâce aux sociétés joyeuses. Des groupements d’hommes plutôt élevés dans la société vont s’habiller en fous et défiler dans les villes au moment du carnaval. La marotte de fou (bâton faisant office de sceptre surmontée d’une tête grotesque) de la Société La Mère Folle de Dijon (entre 1600-1630) exposée montre un objet symbolique de cette période. « Les marottes reprenaient le visage de la personne qui la fait fabriquer pour lui. » Interdit en France pendant la Révolution, il renaît avec la monarchie de juillet (1830 et 1848) et se rapproche du carnaval que l’on connaît aujourd’hui.

Après une brève recontextualisation historique, le Musée montre la vivacité de ce patrimoine qui coule des jours heureux dans le grand Ouest en abordant plusieurs carnavals : les étudiants de Rennes et Caen, les ruraux de Scaër, Guémené-sur-Scorff, etc. Qu’importe la géographie, les carnavals cristallisent, dans la transgression de l’inversion des rôles, un moment de liberté jouissif et de cohésion sociale hors norme. Ces « fêtes à l’envers » permettent aux carnavaliers de s’affranchir de codes de la société et laisser parler la voix du collectif, dans un effet un peu cathartique.

Si l’exposition du musée de Bretagne se concentre sur les carnavals européens à la souche chrétienne, il est intéressant de constater l’absence de traditions similaires dans des continents non christianisés. D’après Marjorie Ruggieri, ethnologue et anthropologue, de telles fêtes n’existent pas. Si le festival des fantômes Phi Ta Khon en Thaïlande fait appel à des masques et de la danse, là où les carnavals européens respirent la liberté transgressive, l’événement thaïlandais semble servir une croyance et s’exécuter comme un rituel. « On croit que porter des masques et participer aux danses aide à chasser les mauvais esprits, à apporter la chance pour les récoltes et à prier pour une bonne saison des pluies ». (source)

carnavals musée bretagne

L’exposition s’ouvre dans un weekend inaugural carnavalesque les samedi 7 et dimanche 8 février 2025, avec une programmation aussi festive que familiale. Le samedi, à 13h45, l’exotique fanfare Clique Costarmorigène déboulera dans l’enceinte des Champs Libres pour faire résonner ses instruments farfelus : clarinettes de fleurs, tambours à lunettes de soleil, trompettes à chapeau de paille, saxos en maillot et percussions en sandales De 14h à 18h, profitez d’un petit moment d’atelier pour fabriquer votre masque pour le carnaval ! Voir le programme complet

À savoir que Carnavals est la dernière grande exposition temporaire avant quelques temps, le Musée de Bretagne s’attelant à des transformations dans le parcours permanent.

INFOS PRATIQUES

Exposition Carnavals, du 7 février au 16 novembre 2025
Musée de Bretagne, 10 cours des Alliés, 35000 Rennes

Plein Tarif 5€ – Tarif réduit 3 € (sur présentation d’un justificatif)

Articles connexes :

Article précédentL’Attachement, le long-métrage de Carine Tardieu tourné à Rennes
Article suivantLe Réseau express vélo de Rennes s’enrichit de 21km de lignes en 2025

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici