L’Arabie Saoudite à la tête de la Commission de la condition de la femme de l’ONU…

Le 11 mars 2025, l’ONU a désigné l’ambassadeur d’Arabie Saoudite, Abdulaziz M. Alwasil, à la présidence de la Commission de la condition de la femme (CSW). Une décision qui suscite l’indignation et l’incompréhension tant elle semble en contradiction avec les principes mêmes de cet organe.

La Commission de la condition de la femme se présente comme “le principal organisme intergouvernemental mondial exclusivement dédié à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes”. Comment justifier alors qu’un représentant d’un pays connu pour ses violations des droits des femmes soit placé à sa tête ? L’Arabie Saoudite continue d’imposer un système patriarcal oppressif, où les libertés fondamentales des femmes sont systématiquement bafouées. Certes, ces dernières années, le régime a affiché des avancées symboliques, comme l’octroi du droit de conduire aux femmes en 2018. Mais en parallèle, les militantes féministes qui ont œuvré pour ces changements sont arrêtées, emprisonnées, voire torturées.

Loujain Al-Hathloul, activiste emblématique des droits des femmes en Arabie Saoudite, a passé près de trois ans derrière les barreaux pour avoir défendu le droit des femmes à conduire. D’autres militantes ont été réduites au silence ou contraintes à l’exil, sous la menace constante d’un régime qui ne tolère aucune contestation. Dès lors, confier la présidence de la CSW à un représentant saoudien relève d’un cynisme flagrant.

Abdulaziz M. Alwasil
Abdulaziz M. Alwasil

L’ONU, une institution discréditée ?

Cette nomination vient s’ajouter à une longue liste de décisions controversées qui affaiblissent la crédibilité de l’ONU. Ce n’est pas la première fois qu’un pays aux pratiques répressives obtient un poste clé au sein d’une organisation censée promouvoir les droits fondamentaux. L’Arabie Saoudite a déjà siégé au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, une aberration dénoncée par de nombreux observateurs.

Si l’ONU veut conserver un minimum de légitimité, elle ne peut continuer à accorder de tels rôles à des régimes qui piétinent les principes qu’elle prétend défendre. Au-delà des considérations diplomatiques, cette décision renforce le sentiment que l’organisation est devenue une coquille vide où les grandes déclarations de principes ne sont qu’un vernis qui masquue des jeux d’influence géopolitiques.

Un signal catastrophique pour les droits des femmes

En offrant cette présidence à un État qui réprime les militantes féministes, l’ONU envoie un message désastreux aux femmes qui se battent, parfois au péril de leur vie, pour leurs droits. Cette décision valide implicitement la politique saoudienne et légitime un régime qui refuse encore aux femmes une pleine égalité.

Les institutions internationales ont un rôle crucial à jouer dans la défense des droits humains. Mais si elles se transforment en plateformes de légitimation pour des États autoritaires, elles perdent toute leur raison d’être. Il est urgent que la communauté internationale prenne conscience du danger de telles compromissions et exige des critères plus stricts pour l’attribution des postes de responsabilité au sein des instances de l’ONU.

De la nécessité d’une refonte de l’ONU

En réponse à ces incohérences flagrantes, nombreux sont ceux qui appellent à une réforme profonde de l’ONU, voire à sa remise en question. Si cette organisation veut retrouver une réelle utilité, elle doit cesser d’être une scène où les États les plus influents se partagent des rôles prestigieux sans considération pour les principes qu’ils incarnent.

La nomination d’Abdulaziz M. Alwasil à la tête de la Commission de la condition de la femme n’est pas seulement une provocation : elle est le symptôme d’un système déconnecté de la réalité où des petits intérêts diplomatiques toxiques priment sur les valeurs fondamentales. Il est temps que la communauté internationale exige plus de cohérence et d’intégrité dans la gouvernance de l’ONU. Faute de quoi, cette institution continuera de perdre toute crédibilité aux yeux des peuples qu’elle prétend représenter.

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