On a découvert Schvartz quand il posait la question essentielle : Qui a pété ? (édité en 1994). On l’a aimé avec ses Gros Bobos et même quand On touche le fond. Puis on l’a suivi avec Edmond pour de bon (2008) et dans son Alerte au Sarkovirus (2009) ! On l’a cru quand il proclamait La Vie en Rose… c’est maintenant ! Maintenant, Schvartz se livre dans Schvartz en live ! En 130 dessins.
En couverture, Loïc Schvartz se met en scène en lonesome drawboy, cherchant l’inspiration devant la feuille blanche. C’est un faux ! Ou tout du moins un mensonge sur ses capacités intello-manuelles. On voit bien lors de ses interventions en direct à la télé ou en séminaires qu’il dessine plus vite que son ombre ! « À toute berzingue » affirme lui-même le dessinateur bien de chez nous (pour ne pas employer l’horrible terme de « bretillien »). Son talent lui vaut « une renommée exceptionnelle». Il est devenu le héros récurrent de nombreuses manifestations scientifiques. Plébiscité par les organisateurs, il est « l’antidote idéal à la sieste post-prandiale » assure en expert le professeur Alain Blum, du CHU de Nancy. Et de préciser, non sans humour, que « l’auditoire tenu d’écouter les orateurs sous peine de manquer un éclat de rire, attend avec impatience les dessins dont l’effet jubilatoire allège la gravité des propos tout en augmentant leur impact ».
Loin d’être rancuniers, « les orateurs (pardon, les personnages) réclament leur portrait dont ils ornent leur bureau, fiers d’être devenus le héros d’une B.D. de Loïc Schvartz ».Dans son dernier opus, le héros peut être un homme lambda qui « exige un scanner made in France » devant un appareil estampillé Toshiba, ou une mamie qui « espère que ça marche mieux que son lave-vaisselle » devant l’engin de marque Siemens ou encore un bébé qui « sent le piège grossier » devant le radiologue qui agite un bonbon ou un autre qui implore de faire « d’abord un essai sur son nounours ». On se bidonne devant l’employé d’EDF qui souffle devant une éolienne, ou un autre qui fait tomber un panneau « chantier EDF sécurisé » sur la tête d’un ouvrier – surtout quand on sait qu’ils ont été dessinés lors d’un séminaire d’intégration EDF !
Loïc Schvartz ironise sur les absurdités de la vie moderne. Avec cette femme « inquiète, parce qu’elle n’a trouvé personne pour garder ses enfants » lors d’un colloque « La prévention dans tous ses états » (croqué lors d’un congrès consacré à la protection de l’enfance dans le Morbihan). Avec ses parents inquiets devant leur fils leur annonçant qu’il a décidé de faire de la politique : « Hein, mais y’a que des voyous là-dedans ! ». Avec un chef d’entreprise sidéré de constater « 50 % d’augmentation pour enlever les déchets » devant un jeune loup de Veolia aux allures mafieuses (croqué lors d’une Convention Veolia Propreté à Carquefou !)
Le handicap, la Justice, la précarité, Pôle Emploi, la vieillesse, le patronat, les bizarreries des fournisseurs d’énergie, tout ce qui fait la joie et les tracasseries de notre life défilent en live avec la plume de Loïc Schvartz. Souriez, vous êtes croqués !
Schvartz en live, juin 2015, 12 €. Retrouvez Loïc Schvartz sur : Schvartzenblog