Avec l’album Queendom, Minuit Machine ouvre les portes de son royaume

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Minuit Machine sort Queedom, son nouvel album, ce vendredi 21 mars 2024. Dans ce projet dark wave qu’Amandine Stioui a repris en solo, on retrouve la voix entêtante de la chanteuse au cœur d’un album plus personnel. Dans un équilibre entre les sonorités dark wave des années 80 qui font l’essence de Minuit Machine et l’exploration des genres musicaux qu’elle affectionne, la musicienne nous immerge dans son monde intérieur, entre obscurité et lumière, brutalité et douceur.

Que le public se rassure, Queendom, le nouvel album de Minuit Machine, conserve l’ADN qui a fait la renommée du projet musical fondé à l’origine par Hélène de Thoury aux machines et Amandine Stioui à la voix. Si cette dernière le porte désormais toute seule, elle avait à cœur de garder de l’identité originelle de la formation, en y intégrant de nouvelles influences, plus personnelles. « C‘était important pour moi qu’Hélène fasse d’une certaine manière encore partie du projet », introduit la chanteuse.

« Minuit Machine restera dark et underground », mais Amandine Stioui prolonge l’ambition du duo en affirmant des sonorités pop dansantes, des sons lumineux et des rythmes entêtants. « Je ne suis pas d’accord avec les personnes qui pensent que le côté mainstream, ce n’est pas bon », précise-t-elle. « La pop a un côté fédérateur, et j’aime le fait que les gens puissent chanter une mélodie. » La pesanteur voulue des anciens albums a été mise de côté au profit d’une légèreté musicale plus accessible. « Ça crée un contraste intéressant avec des textes parfois durs, même si certains sont pleins d’espoir. »

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La musicienne a construit Queendom en allant encore plus loin dans l’exploration des genres musicaux – pop, rock, techno, EBM, électroclash, post punk, folk, etc. -, mais conserve bien une assise dark wave. Chaque chanson offre une immersion réussie dans son monde intérieur grâce à des rythmes que l’on garde en tête et qui appellent à la danse, qu’ils soient sombres ou lumineux, lents ou rapides. « J’écoute tellement de styles différents que quand je compose, je n’arrive pas à choisir. » Amandine cite notamment l’univers de la chanteuse et compositrice Chelsea Wolf qui a influencé les morceaux « Underworld » et « Queendom » dont les sons sont plus bruts et lents. « Je suis passée sur des BPM très bas, ce qui n’avait jamais été fait dans Minuit Machine. »

Si elle a repris les commandes des machines, autrefois gérées par Hélène de Thoury, Amandine a trouvé en la personne de Raumm celui qui l’a accompagnée dans la co-composition de ce nouvel album. « Je n’envisageais pas une composition 100% solo. J’avais besoin de partager des idées, d’être avec une personne qui soit moteur au début pour, peut-être, faire tomber les peurs que j’avais de composer toute seule », avoue-t-elle à propos du musicien avec qui elle avait déjà collaboré pour « Love Bomber » (compilation Rainbowarriors, Warrior Records, 2024). Après une première étape à deux en studio durant laquelle ils brainstormaient, Amandine travaillait intégralement avec ses instruments toute seule.

Bien que quelques instruments de Raumm soient présents, la musicienne a composé un morceau toute seule et « Mes souvenirs » a été co-composé avec Rebeka Warrior. Sur des sonorités électro empreintes de mysticisme, les voix des deux chanteuses s’élèvent en français, une première pour Amandine. Elles dévoilent avec douceur et une émotion palpable à l’écoute des fragments de leur passé, des souvenirs précieux. « Ça m’a permis de bosser différemment. Julia [Rebeka Warrior] m’a envoyé un piano-voix, et je me suis occupée de la composition en ajoutant un couplet » précise-t-elle. « Je préfère largement quand on me donne une petite idée que de partir de zéro. »

Ce n’est d’ailleurs pas le seul texte de l’album en français. Amandine se met à nu en chantant seule en français dès le deuxième morceau de l’album, « Cent fois ». Dans un équilibre entre la froideur de la techno et la chaleur de la pop, elle fait tomber les barrières entre la musique et elle en écrivant dans la langue de Molière. « J’ai ressenti moins de pudeur à faire en sorte que le projet me ressemble, que les gens comprennent totalement ce que je dis », exprime la musicienne. « Le fait d’avoir co-composé l’album avec Raumm m’a aidé dans cette direction. Il était porteur d’idées et notre collaboration a fait émerger de nouvelles choses chez moi. Il m’a permis d’aller vers quelque chose de différent. » 

En anglais ou en français, Amandine partage dans ses textes les pensées qui l’anime au quotidien : ses peurs, ses aspirations, ses sentiments, ses émotions, etc. « Je me nourris beaucoup du monde extérieur, de la musique que j’écoute, des films et séries que je regard. » Si l’amour romantique est un des thèmes les plus répandus en musique, la musicienne a choisi de ne pas en parler. « Ce n’était pas un thème central dans ma vie pendant la composition. » L’album ne parle pas d’amour romantique, mais aborde en revanche les autres formes d’amour : celui que l’on peut ressentir dans une communauté ou envers soi, celui qu’on essaie de cultiver jour après jour. Comme son nom l’indique, Queendom parle d’émancipation, de libération et de la volonté de s’affranchir de toutes les injonctions, à l’image de « Hold me ». « Ces thèmes étaient déjà abordés avant, mais j’ai voulu insister dessus. Je voulais qu’une forme de puissance émane de cet album, qu’il donne de la force aux gens, notamment à la communauté queer et aux personnes qui peuvent se sentir mises de côté. » L’album est une invitation à pénétrer dans l’univers personnel d’Amandine, mais apporte une réflexion sur des questionnements universels qui touchent chaque personne. 

« Minuit Machine restera dark et underground », mais Queendom est une nouvelle pierre à l’édifice. Il montre l’évolution du projet musical et est bâti sur une volonté d’être plus accessible, à une période où au contraire le genre de la dark wave inspire de plus en plus les artistes. « C’est drôle, parce que je n’arrête pas de dire que si les anciens sons de Minuit Machine sortaient aujourd’hui, ils fonctionneraient. Le public est prêt à écouter ce genre de son qui était plus populaire en Allemagne », confirme-t-elle en citant le duo américain Boy Harsher comme moteur de cette démocratisation. « C’est important que les musiques alternatives aient une place dans la culture musicale française », et Minuit Machine confirme avec ce nouvel album aux multiples facettes sa place dans le genre.

Minuit Machine sera au festival Panoramas, au SEW de Morlaix, le 6 avril 2025.

Minuit Machine – QUEENDOM
Sortie le 21 mars 2025
(SYNTH RELIGION)

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