Nantes. Samuel, un berger dans la ville et sur les réseaux sociaux

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berger dans la ville

Saviez-vous qu’il existe des bergers en ville ? Le Nantais Samuel l’est depuis huit mois et, depuis mai 2025, il raconte son quotidien de berger en zone urbaine dans une entreprise d’éco-pâturage sur un compte Instagram et Tik Tok. Les stars de ses vidéos : les troupeaux de moutons dont il s’occupe. La rédaction est allée à sa rencontre pour en apprendre plus sur cette activité singulière et l’éco-pâturage.

À Carquefou, en Loire-Atlantique, une zone industrielle peuplée de grands bâtiments professionnels accueille d’autres habitants plus singuliers… à poils, enfin tout dépend la saison. Plusieurs fois par semaine, Samuel referme la clôture en grillage et longe le bâtiment gris de l’entreprise Passion Froid du Groupe Pomona avant de se mettre à siffler et crier. Un peu plus loin, à l’ombre, une masse s’agite, puis, un troupeau de moutons se rapproche et viennent le saluer : « Les moutons ont une mémoire visuelle de deux ans à peu près, ils reconnaissent une personne qu’ils ont déjà vu », introduit Samuel, un berger dans la ville depuis huit mois et sur les réseaux sociaux.

berger dans la ville
Samuel, le berger dans la ville de Nantes et sa région

Nantais d’adoption depuis plus de 10 ans, Samuel a grandi à la campagne, entouré de paysans, et a toujours eu des animaux (chat, chien, serpent, etc.). Son amour pour la nature et les animaux coule dans ses veines, mais c’est seulement depuis un an à peine qu’il a fait un virage a 360° dans sa carrière. Et il n’a jamais été aussi épanoui professionnellement. De commercial pour des voyages en ligne, son envie de travailler dehors avec ses mains, et le besoin de se sentir utile et d’avoir un impact l’ont guidés vers un métier en lien avec les animaux.

Alors qu’il faisait des recherches pour devenir paysagiste, résultat d’un bilan de compétences passé quelques temps plus tôt, il tombe sur une annonce plutôt atypique : berger à Nantes et sa région pour Écomouton, entreprise spécialisée dans l’éco-pâturage professionnel. La société, créée en 2012, collabore aujourd’hui avec un peu plus de 500 clients répartis sur le territoire français et s’occupe de 6000 moutons. Ni une, ni deux, il postule et est embauché. Une nouvelle vie fait de nature et de bêlement, à de pas de la ville.

berger dans la ville

Depuis huit mois, Samuel s’occupe de plus de 200 moutons, d’Ouessant et Solognot, des troupeaux de trois à 70 moutons. « Le mouton Solognot est plus grand et plus gros, c’est un mouton à viande. On les mets souvent sur des sites photovoltaïques, sous des panneaux solaires pour éviter le vol. Les bergers eux-même ont du mal à les attraper, on a besoin d’un chien. » Ils sont répartis chez une douzaine de clients de nature différente : zones industrielles avec beaucoup d’espace vert, écoles, prisons, etc. Quelles sont les avantages d’une entreprise à développer un éco-pâturage sur son terrain ? Au delà d’améliorer sa note RSE (responsabilités sociétales des entreprises), l’éco-pâturage permet de supprimer la tonte mécanique et favorise le bien-être des collaborateurs, tout en gardant une distance entre l’animal et l’humain. « C’est agréable de voir des animaux comme eux au quotidien », dit-il simplement. « Par contre, il y a toujours une barrière. Les moutons n’ont aucun contact humain, sauf avec le berger, pour leur sécurité et leur protection. »

« Le mouton est fondamentalement une proie, il aura toujours peur de ce qu’il ne connaît pas. Il peut reconnaître des personnes, mais il faut qu’il reste dans la crainte, c’est ce qui le protège. »

Son métier consiste à entretenir l’espace vert et toutes les clôtures. « Comme les moutons ne mangent pas tout, on retire ce qu’ils ne consomment pas comme les ronces, les chardons. » Habité par les moutons de Écomouton, le terrain des clients est entretenu par les bergers au fil des saisons. Contrairement à une parcelle tondue de manière mécanique, celle en éco-pâturage reste plus sauvage et naturelle. Elle est plus respectueuse de l’environnement et de la biodiversité. La deuxième partie de son travail, celle qu’il recherchait, consiste à prendre soin des moutons et s’assurer de leur bien-être : les nourrir, les tondre, etc.

Conscient de la singularité de son activité professionnelle, Samuel a créé en mai 2025 un compte Instagram et Tik Tok. « Le matin, je suis avec les moutons, le soir, je suis en centre-ville à boire une bière. C’est plutôt irréaliste », souligne le berger. « Les gens ne sont pas forcément au courant que des bergers se baladent en ville. » Les stars de ses vidéos : les moutons. « L’envie première était de parler d’un message important pour moi sans qu’il soit ennuyeux. » Le berger souhaite partager sa passion de manière légère et drôle, et happer le public dans un sujet sur lequel il ne serait pas spontanément arrêté. Sur ses comptes, des vidéos humoristiques montrent son quotidien de berger et les activités qui l’occupent comme la tonte des moutons.

Il met aussi en scène ses petites bêtes et raconte les histoires parfois improbables qui lui sont arrivées. « Un jour, l’adjoint au maire m’a réveillé à 6 h du matin parce que j’avais 60 moutons sur les rails. Des sangliers étaient passés dans la nuit et avaient relevé toutes les barrières. » Il a aussi vécu des moments forts en émotion comme des naissances : « Je suis la première personne que l’agneau voit et instinctivement il est venu en courant vers moi. Je l’ai redirigé vers sa mère ».

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Samuel sensibilise aussi à l’éco-pâturage en tournant des vidéos sur des sujets moins joyeux comme le vol de moutons, une réalité dans le monde de l’écopastoralisme en zone urbaine. Il souhaite développer les bons comportements au niveau environnemental : ne pas jeter des déchets dans une parcelle et ne pas donner à manger comme de l’herbe tondue : « Les personnes ne pensent pas à mal en donnant leur herbe tondu aux moutons, mais elles n’ont pas la totalité des informations : quand elle est coupée, elle produit du méthane qui empoisonne les bêtes », nous apprend-il.

Dans un futur proche, il aimerait ajouter d’autres contenus et d’autres personnes en lien avec son métier dans le but de montrer la globalité de l’écosystème dans lequel il vit au quotidien. « Pour l’instant, je montre mon interaction avec les moutons, mais mon métier est bien plus large que ça. » Pour suivre le quotidien, rendez-vous sur Instagram et/ou Tik Tok.