L’exposition photographique Symptomicon de Béatrice Biron est à découvrir dans la Mezzanine, au premier étage du Tambour de l’université Rennes 2.
En partenariat avec l’association étudiante Multiregard et dans le cadre du Festival Off Glaz, l’étudiante en psychologie sculpte le conscient et l’inconscient, cherche à sonder l’âme humaine dans des contrastes de noir et blanc, inspiré du style du studio Harcourt.

La première édition du off de GLAZ
Depuis 2019, l’association Multiregard, créée à l’université Rennes 2, lutte pour la démocratisation de l’art photographique et une culture pour tous. « On souhaite que les étudiants se saisissent de la photo comme un art, mais aussi qu’ils consomment de l’art », explique Edmond Bonneil, étudiant en théâtre et adhérent de Multiregard. Si l’association propose des ateliers argentiques et numériques grâce aux labo argentique et studio photo du campus de Villejean, elle s’empare d’un nouvel événement, sur l’invitation de Jean-Christophe Godet, directeur artistique de GLAZ.
Avec l’aide du service culturel de Rennes 2, Multiregard a conçu la programmation du festival Off Glaz dans la continuité de la thématique 2025 du festival GLAZ (D’amour et de rébellion), et invite à découvrir des artistes émergents, « non conventionnels plutôt qu’amateurs, qui peut avoir une connotation plus péjorative ». Les lieux choisis prolongent d’ailleurs cette envie : l’association a privilégié des lieux qui sortent des standards habituels d’exposition comme des bars, des maisons de quartier, et même le Métronome, resto U à proximité de Rennes 2. « On voulait des lieux accessibles à tous, que l’art entre dans la vie quotidienne. »
Au total, 21 artistes sont exposés dans 16 lieux différents. Parmi eux, Béatrice Biron, étudiante en psychologie à l’université Rennes 2, expose dans la Mezzanine du Tambour.

Symptomicon de Béatrice Biron
L’exposition Symptomicon prolonge avec fluidités les réflexions de la précédente exposition de la Mezzanine, Invisibles – la beauté de l’ombre de Morgane Reboul. De la couleur au noir et blanc, les portraits intimes des peurs universelles ont désormais laissé place à une autre intimité : elle explore le psychisme humain et interroge la complexité de la personnalité.
L’étudiante met en scène le conscient et l’inconscient : elle s’est en effet intéressée aux instances psychiques du Moi, Surmoi et Ça, concepts fondateurs de la théorie psychanalytique de Sigmund Freud. « Entamer des études en psychologie fait réfléchir sur soi-même », introduit Béatrice. « J’ai observé et créé des liens entre ce que les personnes me montraient d’elles, ce que moi-même je révélais aux autres par rapport à ce que j’étais à l’intérieur. Et l’idée de ce projet est né. »
Des étudiants et étudiantes ont accepté que son appareil photographique révèle une partie d’eux sur papier glacé. « Prendre un cliché, c’est saisir un instant qui peut souvent révéler des choses, sans le vouloir parfois, par rapport à ce que l’on est. Si on reste attentif, on arrive à saisir les micro-expressions et les émotions fugaces. »
Sur fond noir, les photographies en noir et blanc inspirées du style Harcourt révèlent tour à tour ce que nous montrons, ce que nous taisons, et ce que les autres perçoivent. « Selon le positionnement de l’ombre et la lumière, le noir et blanc libère une expression différente. Le moindre changement impacte le visage. »

D’abord la photo 1 : le « Surmoi », le masque social. Béatrice reprend pour cette première étape l’idée des catalogues de promo dans les écoles américaines. Avec sobriété et élégance, les ombres et lumières découpent des visages neutres, reflets de ce que l’on accepte de révéler au monde.
Puis, la photo 2 : le « Moi ». Le voile de l’apparence se fissure pour sonder une première couche de l’intimité : le cliché révèle ce que la personne photographiée cherche à exprimer, ce qu’elle a envie de dire d’elle, mais qu’elle ne montre pas habituel. « La consigne était d’amener ce qu’ils voulaient, un objet ou un vêtement qu’ils aimaient bien », renseigne Béatrice Biron.
Quant au troisième cliché ? Il représente le « Ça » : les instincts, les pulsions, les envies et les désirs, il recherche la satisfaction et le plaisir. Lieu de chaos, il prend ici vie dans une interprétation libre de la photographe qui a mis en scène la personne par rapport ce qu’elle voulait montrer du modèle.


« L’image fait partie du quotidien aujourd’hui, notamment chez la jeune génération qui a l’habitude de se prendre régulièrement en photo pour les réseaux sociaux. Mais quand ils se sont retrouvés face à mon objectif, je les ai senti désemparés », analyse-t-elle. C’est dans cette constatation que se joue l’enjeu de la série Symptomicon : les photos que l’on prend relève du « surmoi », celles de Béatrice révélèront le « Moi » et le « Ca »… Edmond, modèle dans la série, ajoute : « Dans la société, on est tous influencé par des mœurs et de normes, Béatrice travaille sur cet aspect psychologique, la manière dont on se regarde et s’interprète soi-même. La série entière questionne notre propre identité, comment on s’identifie en tant qu’individu. »
À la recherche de la quête de la psyché humaine
Cependant, il n’est pas aisé de rentrer dans l’intimité d’une personne, car se révéler, c’est se mettre à nu… Si la première série est accrochée à l’étage du Tambour à la vue de tous, le public est invité à découvrir la suite grâce à un Qrcode. « Je n’aime pas l’immédiateté de l’image alors que je suis moi-même assujettie à ça aussi », confie-t-elle.
Comme une carte aux trésors, jeu qu’elle affectionne depuis l’enfance, Béatrice révélera des éléments au fur et à mesure. « Donner les codes tout de suite coupe l’imaginaire et la représentation qu’on peut se faire. »
En plus des images, elle a aussi offert un espace de liberté à ses modèles : ils ont eu l’occassion d’écrire des textes qui accompagnent la deuxième portrait d’eux, en lien ou non avec la photo en question. « J’aime les contrastes. » La photographe, elle, offre une histoire en lien avec le troisième portrait qu’elle révèle bout par bout. Voyez cela comme l’appréhension d’une personne que l’on découvre peu à peu : une couche après l’autre, on entre dans sa sphère psychologique, jusqu’à ce qu’elle nous permettre de bien la connaître.

Infos pratiques :
Exposition Symptomicon de Béatrice Biron, du 10 novembre au 12 décembre 2025, dans le cadre du festival Glaz Off
Campus de Villejean (Rennes), La Mezzanine (bât. O)
Entrée libre
Accessibilité : Le bâtiment O est accessible aux personnes à mobilité réduite.
