Le quartier de Maurepas Gros-Chêne connaît une transformation en profondeur. Les travaux engagés sur la dalle commerciale et ses abords, débutés en 2024, battent leur plein. Unidivers a échanger avec des habitants du quartier lors du forum du mercredi 14 mai 2024.
La Ville de Rennes, Rennes Métropole et l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) ont fait appel à l’aménageur Territoires Rennes et les architectes Seura pour rénover les dalles du Gros-Chêne. Le centre commercial à l’allure désuète sera modernisé, plus ouvert sur l’avenue du Général-Patton afin de faciliter le passage et l’accessibilité. Débutés en 2014, les travaux devraient durer jusqu’à fin 2027.

Quelles sont les transformations prévues ?
Dans la continuité de l’arrivée de la ligne B du métro dans le quartier Gros-Chêne, la mairie de Rennes souhaite redorer l’image de cette place qui baigne dans son jus depuis l’installation de ses dalles dans les années 1960. Accéder à cette station est actuellement un « parcours du combattant » selon Julien Bailleul, directeur du projet à Territoires Rennes, aménageur de la métropole bretonne. Les espaces publics de la zone commerciale Gros-Chêne feront l’objet d’une requalification d’ampleur afin de la transformer en quartier de vie familiale et « développer une mixité sociale par l’accueil d’une nouvelle population en diversifiant l’offre des logements ».
Un des axes majeurs consiste à restructurer le pôle commercial et à démolir la dalle de parking : l’arbre emblématique et à l’origine du nom de la zone disparaîtra pour être remplacé par plusieurs dizaines d’autres arbres de taille normale. Le projet a pour ambition de faire de la place une zone de rencontre et d’échanges pour les locaux. Un tiers-lieu qui réunit la bibliothèque de Maurepas, le café solidaire Pépites! et l’incubateur La Cohue, ainsi qu’une ludothèque au sein du musée des Beaux-Arts de Maurepas, serviront à tenir les promesses d’échanges sociaux du projet.

Depuis 2024, le projet Place à Facettes a permis la création de “fêtes de quartier”, notamment utiles pour introduire les futurs lieux de vie commune. Initiée par la Ville de Rennes et l’aménageur Territoires Rennes, avec le concours de l’association Keur Eskemm, le but était de recueillir leurs idées pour la future place, faire vivre la place avant le chantier et informer les habitants sur les transformations.
La réhabilitation des immeubles Archipel Habitat, elle, continue. Au total, 2000 logements neufs supplémentaires et plus de 1700 logements réhabilités seront livrés jusqu’à la fin 2027. Ces nouveaux appartements se situeront dans la prolongation du musée, au niveau de l’immeuble “banane”.
Les habitants participent et s’interrogent
Pendant le forum du mercredi 14 mai 2025 à La Cohue, la population a pu rencontrer et échanger avec les acteurs du projet pendant un temps convivial. Parmi eux, le GRPAS (Groupe Rennais de Pédagogie et d’Animation Sociale) a monté un projet original avec des enfants. Avec l’aide de Carton Plume, association qui familiarise les plus petits à l’architecture, l’urbanisme et la paysagisme, ils ont fabriqué des maquettes des futurs immeubles et imaginé les parcs qui sépareront les bâtiments : aires de pique-nique, ‘espaces-livres’ ou aires de jeu en forme de crocodile, les espaces sont festifs et colorés. « Les enfants ont même pu présenter leur projet aux urbanistes ! », témoigne avec fierté Pauline Mirgaine, pédagogue de rue au GRPAS qui a accompagné ce projet. Certaines idées ont été validées et seront intégrées dans la construction des espaces.

Toutefois, les avis des habitants diffèrent. Si rénover l’ensemble Maurepas Gros-Chêne permettra d’améliorer les conditions de vie, les inquiétudes quant au climat tendu actuel et à l’avenir du quartier semble prévaloir. Jacqueline est née dans ce quartier. Aujourd’hui retraitée, elle s’inquiète de l’arrivée de futurs voisins, une appréhension que partagent Jessica et Tassia, toutes les deux syndiquées : « La mixité sociale c’est bien, mais comme dans d’autres villes en France, on subit une gentrification des quartiers populaires », pense Tassia, originaire du Brésil et à Rennes depuis 10 ans. Pour elle, les nouveaux appartements accueilleront de jeunes cadres qui cherchent à se loger pour pas cher, chassant une partie de la population du quartier.
« La mixité sociale c’est bien, mais comme dans d’autres villes en France, on subit une gentrification des quartiers populaires », Tassia
Jessica a emménagé ici il y a quelques années, après avoir quitté l’Afrique du Sud à cause de l’insécurité, mais elle déplore aujourd’hui d’être arrivée dans un quartier qui l’inquiète tout autant. Elle demande à son aînée de 13 ans de contourner les dalles pour aller et revenir du collège, quitte à rallonger le trajet. L’un de ses autres enfants est autiste et la mère de famille s’attriste d’imaginer une barre d’immeuble devant chez elle : « Lorsque mon garçon est à la maison, il s’amuse à compter les voitures, noter leurs couleurs, etc. Mais les tours vont tout couper, c’est triste qu’il perde cette habitude qui l’apaisait beaucoup. » Elle partage l’avis du couple Dominique et Guy, résidents à Gros Chêne depuis 1984.
Eux regrettent le manque d’information : « On sait juste les avancées des choix des architectes, que les travaux commenceront en décembre et qu’ils nous préviendront en novembre par flyer dans les boîtes aux lettres », soit après les prises de décision. Malgré le panneau d’affichage à l’entrée du quartier, aucun des deux ne savait que des espaces culturels allaient ouvrir. Cette nouvelle a quand même réjouit les résidents qui s’imaginent déjà amener leurs enfants : « Ma fille adore lire ! J’étais soulagée d’apprendre que la bibliothèque ne sera pas délocalisée dans un autre quartier », sourit Jessica.

Calendrier prévisionnel de la restructuration
Trois volets structurent le chantier :
- Parking : restructuration prévue de mi-2025 à fin 2026 ;
- Bâtiments (copropriétés Nord et Est, locaux commerciaux) : travaux de curage, démolition et reconstruction de mi-2025 à fin 2027 (durée : 30 mois) ;
- Espaces publics : livraisons progressives, synchronisées avec l’avancée des chantiers et de l’aménagement intérieur des bâtiments.