L’emblématique Fête de la Paresse revient comme à son habitude rue Saint-Malo, jeudi 1er mai 2025. Sur fond de concerts et d’animations, cette contre-fête rivalise avec celle du travail pour célébrer l’oisiveté ! Portées par l’Association des commerçants de la rue de Saint-Malo, les festivités promettent de bons plats à déguster sur le pouce et des boissons fraîches pour trinquer à la paresse.
Le muguet fleurit et c’est le signe que le mois de mai arrive à grand pas. À cette période de l’année, il y a un jour férié que les Français ne voudraient perdre pour rien au monde… celui de la fête du travail. Mais pour certains, ce n’est pas un jour pour chômer ! Surtout dans le milieu de la restauration. C’est ainsi que les commerçants de la rue Saint-Malo s’activent chaque 1er mai depuis 1987 pour fêter cette journée comme il se doit, avec pour mot d’ordre : la paresse. Au programme : des concerts, des animations pour petits et grands, et bien entendu les nombreux stands des restaurants qui forgent l’identité de la rue Saint-Malo. Aux commandes de l’association, il y a Sophie, patronne du Black Bear, mais aussi Sébastien Blot du Café des Jacobins à la trésorerie, Bruno de la Trinquette et Thierry du Bar de la Plage au secrétariat, sans oublier Régis de la crêperie Oeuf et Jean-Karil du Tri Plaisir qui sont aussi en charge des animations pour enfants.
Fidèles à la fête, les paresseux et paresseuses reviennent chaque année emplir la rue et profiter de ce micro-climat de convivialité. Sandwich à la main et gobelet dans l’autre, ce pèlerinage annuel est l’opportunité pour les plus oisifs de trouver un lieu ouvert et festif durant un jour férié. Tireuses à bières sur le trottoir et cuisines fumantes, la vingtaine de bars et restaurants de la rue ouvre ses portes pour le plus grand plaisir des passants, des habitués comme des plus curieux. Et avec la diversité des commerces de la rue, il y a de quoi se faire plaisir : la cuisine libanaise de Bybloss, Adonis ou Mezzelicious ; le restaurant Ethiopien ; la cuisine ensoleillée de King Créole ; les spécialités marines de Peska ; les tapas apéritifs de Satio ; les inspirations asiatiques de Canteen et Khmer ; ou encore la cuisine bistrot du Café des Jacobins. Cette portion de rue condense une multitude de cuisines autant variées que gourmandes en plein centre historique. L’occasion de mettre en avant l’esprit de la rue lors de cette guinguette géante, mais aussi de redorer son ancien titre de Rue de la Soif.
Chaque année et selon la météo, c’est entre 6000 et 9000 personnes qui serrent les coudes rue Saint-Malo. Pourtant, la communication de l’événement reste très discrète. Nous croisons Clémence qui a emménagé avec son copain il y a quelques mois au bout de la rue : « Il paraît que les stands et une scène Dj se trouveront devant chez moi donc impossible de passer à côté ! J »habite pourtant depuis huit ans à Rennes, mais je n’avais encore jamais entendu parler de la Fête de la Paresse. Ce sera une grande première pour nous ». Pour d’autres, cette journée est un événement à ne pas manquer : « Je suis arrivé à Rennes il y a douze ans pour mes études et je n’ai raté aucune Fête de la Paresse depuis », raconte Jean qui habite à un pâté de maison. « Certains traînent chez eux le 1er mai, moi je préfère retrouver cette ambiance de quartier où l’on se retrouve en famille ou entre potes. C’est un peu notre fête de village finalement ! ».
À l’initiative du projet, et face à la municipalité qui menaçait de raser la rue, c’est une bande de jeunes commerçants qui se mobilise et crée la Fête de la paresse en 1987 afin d’animer une altère quasiment vide à l’époque. Devenue au fil du temps une institution, la rue a depuis vu fleurir plusieurs bars et restaurants. Actuellement, et dans une volonté d’assagir le centre historique, la municipalité ne suit pas vraiment le mouvement… Vu de loin, le traditionnel culte à l’oisiveté lui semble n’être qu’une excuse à la beuverie, une sorte de grosse kermesse où l’alcool coule à flots. Mais à y regarder de plus près, la Fête de la Paresse est sans doute l’unique occasion pour les Rennais et Rennaises de rencontrer leurs commerçants du centre-ville dans une ambiance familiale et conviviale.
À Sainte-Anne, quartier qui a vu croître des tensions depuis ces dernières années, la rue Saint-Malo se préserve de ces mauvaises réputations. Ses quelques 150 mètres de pavés dressent différentes enseignes gourmandes et festives qui alimentent l’esprit vivant et animé de Rennes, à l’image du Café des Jacobins dont le patron, Sébastien Blot, est trésorier de l’Association des commerçants de la rue Saint-Malo. « En 1987, la Fête de la Paresse avait un but clairement humoristique, voir anarchiste », raconte-il. « Depuis et presque par tradition, la journée se termine par un lâché de gaz lacrymogènes à 22 h, sans notre volonté. Les temps ont changé et la fête n’a plus rien de politique. Ces cinq dernières années, nous mettons l’accent sur l’aspect familiale du lieu avec au programme des déambulations, une fanfare et des jeux mis à disposition des enfants pendant que les parents profitent des concerts ».
Une ambition plus festive que politique donc, à un devoir prêt : « En tant que petits commerçants de quartier, nous avons la responsabilité d’entretenir cette fête populaire pour préserver toute l’ADN de la rue, pour nos bénévoles comme pour nos clients. Un peu comme un passage de flambeau, nous continuerons chaque année, comme nous l’avons fait après le Covid. » Dans un centre-ville dont les pouvoirs publics tendent à lisser l’image, les irréductibles de la rue Saint-Malo résistent encore et toujours à cette uniformisation. Subventionnée en partie par la Ville de Rennes, la Fête de la Paresse s’organise chaque année en quasi-autonomie. « Bruno de La Trinquette et Thierry du Bar de la Plage sont très forts en logistique pour monter les concerts. À côté, nous gérons la sécurité, les débordements éventuels, mais aussi la propreté de la rue. » L’événement met en avant les boissons sans alcool et incite chacun à se responsabiliser, notamment en apportant son propre gobelet, afin de rendre aux riverains une rue propre après la fête.
Le premier mai prochain sera rythmé par quatre concerts au Doujézu, au Black Bear, au Bar de la Plage et à la Trinquette. Comme à son habitude, la Fête de la Paresse sortira de son beau carnet d’adresse des groupes locaux et des jeunes talents. À 14h30, c’est le duo rennais de math rock electronique La Prairie « Galipettes herbeuses », qui attaquera les festivités. À 16h, le quatuor de chansons de marins Les Saumons Fumés naviguera dans une énergie punk et rock’n roll entre Michel Tonnerre, la Mano Negra et Johnny Cash. The Last Band In Town, soit The Clash version angevine, revisitera à 18h la discographie de célèbre groupe britanique, du premier album Combat Rock en passant par London Calling. Pour clore la fête, Monster Bull & The Bastard se produira à 20h. Composé de Kermesse Party et Hélie Mitchell, le duo de Dj rennais ont décidé d’associer leurs talents dans une expérience unique au style electro-punk rock.
Se la couler douce sous un plaid ou célébrer la paresse en famille ou entre amis… après tout, en mai, fais ce qu’il te plaît !