Vente aux enchères de sculptures contemporaines d’extérieur : Ciel, un rhino dans mon jardin !
Que mettre comme œuvre d’art dans son jardin ? Les oiseaux ne font que passer. Les arbres finissent par encombrer. En optant pour une sculpture, on se fait plaisir et on aide un artiste. Reste à dénicher le coup de cœur. L’hôtel des ventes de Rennes a peut-être la solution. Réponse le 18 mai 2014.
Grande amatrice d’art, Carole Jézéquel, la sémillante commissaire-priseur de Rennes ne manque pas d’idées pour organiser des ventes thématiques loin des clichés poussiéreux, voire en quittant les murs de l’institution. Ainsi elle a lancé voici trois ans, une vente de sculptures outdoor ( = en extérieur, pour ceux qui ne sont pas familiers avec la langue de Chakesspéar). « Il y a une vraie demande » explique-t-elle « autant de la part des artistes qui ne sont pas dans la cour des circuits officiels et pour qui c’est un moyen d’avoir une cotation, que des particuliers amateurs de sculpture – souvent difficile à caser en intérieur». Après deux éditions à la Pointe du Nick à Saint-Lunaire, elle opte cette année pour un lieu en passe de devenir LA référence sur la question de la sculpture : le château des Pères à Piré. Acquis par le groupe Legendre pour offrir à la fois un centre de formation aux métiers d’art et un site de séminaire pour cadres las des sauts en élastique, le bel ensemble a été totalement repensé pour accueillir des sculptures dans son parc, et des artistes dans ses communs.
Pour cette vente exceptionnelle au château, Katy Criton, experte en design et art contemporain, a sélectionné une trentaine d’artistes de renommée nationale et internationale, parmi lesquels des valeurs sures : Michel Audiard (celui-là dialogue avec la matière dans sa propre fonderie créée à Paris en 1978), Jean-Paul Moscovino (avec ses gigantesques origamis d’aluminium peint en ocre ou bleu) et Daniel Grobet (dont l’étonnant parcours a débuté comme pasteur en Corse avant de bifurquer vers la sculpture après une rencontre avec Calder). Les œuvres de ceux-ci peuvent atteindre des sommets à 30 ou 40 000 € (pour la Diane en bronze d’Audiard) mais on peut espérer lancer sa petite collec’ perso avec un somptueux Homme Graine (de 2 m) de Pierre Marchand en chêne brûlé (entre 2000 et 3000 €), une Vanité cubique de Jeanne Rouille (de 1200 à 1800 €), un poireau ou une aubergine en métal laqué de Remou (350/450 €) ou un amusant Génie de la banque de Marc Georgeault (1200/1500 €).
Si ce dernier a son atelier sur place, les autres viennent essentiellement de l’ouest. On a parfois pu les découvrir au Jardin des Arts d’Ar Milin à Chateaubourg – autre lieu incontournable des amateurs d’art. C’est le cas de Remou, de Guillaume Castel (aussi talentueux avec le bois carbonisé que l’acier corten), de Jivko Sedlardski (artiste d’origine bulgare installé à Vieux-Vy sur Couesnon) et de Martine Hardy, dont les élégantes sculptures en terre modelée prennent beaucoup de hauteur (Plantes Dada de 2500 à 4000 €, Arbres timides de 2000 à 2200 €). Cette céramiste a été formée aux beaux-arts de Rennes à l’époque où il n’était pas honteux de se colleter à la matière – bannie à l’époque Sauvageot. On est donc surpris de voir le travail de Caroline Brisset, issue de la génération suivante, qui lorgne du côté de grands classiques comme Giacometti (Danseuses en acier, 600/700 €). Les puissantes sculptures en acier d’Olivier Decoux (4000/5000 €), de Pol Richard (3000/3500 € et 6500/7500 €), de MPCEM (3500/4500 € et 7500/8500 €) ou de Dominique Coutelle s’apparentent au travail de Ricardo Serra ou d’Eduardo Chillida.
Si certaines œuvres introduisent de la poésie, telles les « Plumes d’anges » en alu rouge de Francis Guerrier ou les mobiles en polypropylène et inox d’Isabelle Flahault, d’autres ne craignent pas d’afficher un côté utile (« ah oui, mais est-ce encore de l’art ? » rechigneront les puristes) comme le très graphique banc Bombyx des Rennais d’Atelier 4 (5500/6500 €) ou les gros poufs en résine aux couleurs vives (2300/2500 €) de Thoma Ryse installé dans les Côtes d’Armor. Caroline Corbeau est venue en voisine mayennaise avec Emergence, superbe anneau géant en acier (4000/5000 €). Pureté de lignes qui jaillit aussi avec Éclipses de Sylvie Icher, totem de schiste et métal accueillant une boule de verre de Bréhat (7000/7500 €). Maître dans l’art de l’accumulation, Mickaël Bigot lâche un très beau rhinocéros en métal verni – dites aux Chinois que ses cornes ne sont pas aphrodisiaques !
Exposition vendredi 16 et samedi 17 de 10h à 19h et dimanche 18 de 10hà 15h.
Vente dimanche 18 mai à 15h, en déambulation devant les œuvres dans le parc. En cas de pluie, elle se déroulera indoor, avec transmission d’images.
Catalogue de la vente à télécharger ici
Château des Pères, Piré-sur-Seiche (35). Tél. 02 99 44 24 56
www.rennesencheres.com
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Vente aux enchères au Château des Pères : Sculptures outdoor #3