Val d’Oust. La plus ancienne mine d’étain de France se visite durant un mois chaque mardi

La mine de la Villeder Val d'Oust

La mine Villeder située au Roc-Saint-André sur la commune de Val d’Oust dans le Morbihan est un fleuron du patrimoine industriel du XIXe siècle. Elle fut la première mine d’étain de France. Elle a employé jusqu’à 480 personnes. Des dizaines de tonnes d’étain en ont été extraites jusqu’à sa fermeture en 1909. Des visites guidées des vestiges, des puits et du musée seront organisées par l’association Les Amis de la Villeder cet été : tous les mardis du 18 juillet au 15 août 2023. 

mine Villeder Val d'Oust

L’association de sauvegarde Les Amis de la Villeder, présidée par Christian Chardola, invite les locaux, les Bretons, les touristes et tous les amateurs d’histoire et de patrimoine à partager avec elle ses connaissances et sa passion pour ce site unique qui a abrité la première mine d’étain française. Le public est convié à l’endroit même où un important gisement a été exploité pour l’étain dès sa découverte en 1834, au village La Mine au Roc-Saint-André. mine Villeder a fermé ses portes depuis plus d’un siècle, pourtant son souvenir est toujours présent à l’esprit des habitants de Val d’Oust.

 Ce site conserve aussi une part de mystère, car des indices laissent à penser cependant que des exploitations très anciennes ont eu lieu, qu’un gisement métallique fut exploité dans l’Antiquité, dès la première époque du bronze. L’étain était une ressource précieuse car il était utilisé justement pour fabriquer du bronze. Des tombelles, des vases funéraires et une lance de cuivre ont été retrouvés sur la commune du Roc Saint André, datés entre 400 et 56 avant J.C. Des fouilles archéologiques font penser que des puits ont été exploités par les Celtes et les Romains. A l’époque le fer n’est pas connu. On utilise un alliage, fait d’étain et de cuivre.

mine Villeder Val d'Oust

La mine bénéficie d’une découverte en 1834. Le gisement est découvert par le propriétaire du château de la Villeder, soutenu par Blaise Maisonneuve notaire à Baud. On y trouve une pierre noire et lourde dans une carrière exploitée pour l’empierrement des routes : la cassitérite, le minerai d’étain. Trois puits et des galeries sont alors creusés à une profondeur de 36 mètres. Une compagnie belge se constitue à Bruxelles et obtient les droits d’exploitation en 1852. La mine est sous la direction de L’ingénieur Bronne. Il note qu’un mètre cube d’alluvions stannifères contient environ deux kilos d’étain. La production est vendue en Cornouaille anglaise. En 1852, huit ouvriers exploitent 3,1 tonnes d’étain et en 1853, ce sont 72 ouvriers pour 16 tonnes d’étain.

En 1854, la Compagnie Minière du Morbihan voit le jour et conduit à l’ouverture de nombreux puits. La grande tranchée possède des dimensions impressionnantes : 120 m de long, 90 m de large et 15 m de profondeur. Au cours de l’exposition universelle de 1855, la richesse et la beauté des échantillons et des blocs de filon, envoyés par la Compagnie, la récompense de la médaille de 2e classe. Quant au Palais de Cristal près de Londres, il trouve cette exposition remarquable et demande de la faire transporter à ses frais à Sydenham, pour figurer au milieu des produits minéralogiques les plus remarquables du monde.

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Pour construire la mine en 1856 à ciel ouvert, la Compagnie obtient une concession de 17443 ha et s’étend sur une dizaine de communes voisines. C’est la plus grande concession minière de France et la première mine d’étain en France jusqu’en 1872. 11 puits sont creusés avec une profondeur limitée à 38 mètres par manque de puissance de la machine à vapeur chargée d’assurer l’exhaure, jusqu’en 1858. Le puits principal est foncé jusqu’à moins 56 mètres. Il bénéficie d’un manège à chevaux qui permet d’amener le minerai en surface. La mine s’équipe de lavoirs, d’ateliers mécaniques, d’une menuiserie, d’une forge et d’une fonderie comprenant deux fours à manches et une soufflerie actionnée par une machine à vapeur. Il y a aussi des écuries, une poudrière, des bureaux, des logements pour le personnel et un manoir pour le directeur.

De 1856 à 1860, on produit sur place près de 50 tonnes d’étain. 480 mineurs sont employés dans 17 puits et 3 km de galeries. Les journées de travail sont longues : 10 à 12 heures par jour avec pour seul jour de repos, le dimanche. Pour les équipes de six à sept mineurs qui descendent au fond, ils travaillent avec le pic du mineur, la baramine, la poudre noire et plus tard avec des marteaux pneumatiques (utilisé avant le marteau piqueur). Ils s’éclairent d’une lampe à huile, mais rapidement l’électricité est installée dans les galeries de la mine. Ils ne sont pas les ouvriers les plus nombreux, car contrairement aux mines de charbon, il n’est pas nécessaire d’étayer car la voûte est solide, taillée dans le granit et le quartz. La majorité du personnel travaille en surface. Les femmes et les enfants, dès l’âge de 12 ans, sont aussi employés à la mine : ce sont eux qui lavent et trient le minerai : quatre adultes et un enfant peuvent laver trois à quatre mètres cubes par jour.

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 Les investissements pour le développement de l’extraction souterraine ne sont hélas pas rentabilisés. et en janvier 1860, 350 ouvriers sont congédiés. L’année suivante, les travaux tombent en sommeil et un procès entre les actionnaires bloque tout investissement. La Compagnie renonce à l’exploitation en 1873.

 Il faut attendre 1879, pour qu’une nouvelle exploitation opère sérieusement à 256 mètres de profondeur : la Société anonyme de la mine d’étain de La Villeder. La société construit, en 1882, une usine dont les murs sont encore visibles aujourd’hui : nombreux bâtiments d’exploitation et d’habitation, pose de chevalements sur les puits, achat de 4 puissantes machines à vapeur. Elle installe d’immenses lavoirs. Le puits Saint-Michel est foncé, s’élève à 20 m et devient le puits principal.

En 1886, la mine est en liquidation et mise en vente en 1887. En 1888 l’Union Syndicale des porteurs de titres  relance l’exploitation sans beaucoup de résultats. Le puits Saint Michel après avoir été foncé à moins 256m est abandonné. Les mineurs se heurtent à une région stérile à une profondeur de 113 mètres. Le noyage du puits Saint-Michel conduit à un arrêt de l’exploitation. La mine abandonne son exploitation et sa production en 1909. La laverie et son matériel sont rachetés par un commerçant de Locminé (56). Il ne reste plus qu’un petit groupe d’ouvrières en 1913 avec une concession  réduite à 876 ha. En 1916, le décret met définitivement fin à la concession de La Villeder. Son bilan indique que 183 tonnes d’étain métal ont été extraites en un demi-siècle, au total de l’activité. Au fil du temps, la mine a fait et fait encore le bonheur des minéralogistes. Elle a été un gouffre financier pour les industriels, mais a eu le mérite de donner du travail à une population rurale pauvre.

mine Villeder Val d'Oust

Devenue une ruine au fil des décennies, mine Villeder est occupée en partie par la brasserie Lancelot depuis une trentaine d’années. Elle s’y est  installée dans les bâtiments restaurés. En 1989, l’association les Amis de la Villeder est fondée. Elle rassemble tous les passionnés de la mine dont le souvenir reste profondément ancré dans la mémoire collective.

Première mine d’étain de France et équipée d’une machinerie allemande de haute technologie, le gisement de la Villeder fut aussi le plus gros producteur d’étain en France au XIX e siècle et au début du XX e siècle. Sa surface d’exploitation s’étendait jusqu’à Grand-Champ, Plumelec, Guéhenno, Saint-Jean-Brévelay, Sérent et Saint-Servant-sur-Oust. Le minerai de la Villeder était renommé pour sa pureté avec 98 % d’étain. La mine a exploité 25 minéraux différents connus à l’époque. Le lithium a été découvert plus tard. La mine a offert aux collectionneurs de nombreux minéraux réputés pour la beauté de leurs cristaux, comme le béryl de couleur bleu verdâtre (de la famille de l’émeraude) dont la taille peut atteindre 5 cm, ou l’apatite en prismes bleu clair à bleu plus foncé. On trouve encore une variété importante de minéraux rares à mine Villeder. Son gisement a fourni de beaux spécimens de cassitérite très appréciés et réputés dès la fin du XIX e siècle. Les cristaux de cassitérite sont considérés comme les plus beaux du monde avant la découverte des gisements boliviens. La cassitérite de couleur rouge vin associée au quartz est parfois fumé voire morion. Certains spécimens de ces pierres taillées ont servi à créer des bijoux.

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Infos pratiques : 

Visite de mine Villeder, chaque mardi entre le 18 juillet et le 15 août 2023 à 18 h

Ouvert à tous, participation libre

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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