Catherine Hunold était de retour à l’opéra de Rennes avec un programme de musique de chambre où convergent l’intimisme des lieds allemands et la discrète intériorité des mélodies françaises. Le point commun en est l’amour et les sentiments qu’il inspire. Rien de mieux choisi dans ce cas que le recueil de poèmes La bonne chanson (1870) écrit par un Paul Verlaine ébloui de bonheur ou les Wesendonck Lieder, composition marquée par l’amour fou que ressent Richard Wagner pour l’épouse d’un de ses mécènes, la belle Mathilde Wesendonck.

Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance, le public rennais, privé des beautés d’un orchestre symphonique, pouvait ne pas s’enthousiasmer pour cette soirée musicale un peu élitiste et sans doute pressentie comme potentiellement ennuyeuse. Il n’en fut rien ! Le succès de la soirée est lié à plusieurs facteurs aisément identifiables. Le premier fut l’exceptionnelle qualité de l’accompagnement musical proposé par un quatuor Élysée au mieux de sa forme, soutenu au piano par le talentueux Hervé Billaut. S’ils ont offert aux solistes présents un écrin de qualité, leur interprétation du quintette n° 2 pour piano et cordes en ut mineur de Gabriel Fauré fut un instant de pure méditation. La musique s’insinua en nous comme se répand un parfum, elle etait à la fois légère et dense, élégiaque et apollinienne. Alains Surrans, directeur de l’opéra de Rennes écrit dans le livret d’accueil cette phrase qui résume à la perfection notre ressenti, il évoque :
Le même expressionnisme paradoxal, pudique en apparence, mais sous-tendu par la passion, on a le sentiment que la musique respire à pleins poumons et s’exalte de son propre discours.


Difficile transition pour le baryton Jean-Gabriel Saint-Martin au moment d’interpréter La Bonne chanson, mise en musique par Gabriel Fauré. Il est vrai qu’il nous a fallu un peu plus de temps pour adhérer à sa vision personnelle. Le timbre de sa voix, un peu étonnant dans ce registre, semblait manquer de maturité pour ce genre de musique mais au fur et à mesure de son récital, il deviendra de plus en plus convaincant et finira par produire un son qui est en accord avec l’idée que l’on se fait de la musique française de cette époque.

Opéra de Rennes, Catherine Hunold, Quatuor Elysée, Mélodie française, 26 avril 2016
CATHERINE HUNOLD SOPRANO
JEAN-GABRIEL SAINT-MARTIN BARYTON
QUATUOR ÉLYSÉE
HERVÉ BILLAUT PIANO
https://www.youtube.com/watch?v=GDyLwKGTfi4
https://www.youtube.com/watch?v=cYGPzelAmm0
