Si vous avez déjà aperçu l’œuvre d’Alley Colléaux, vous avez sans doute été marqués par son univers unique, où la céramique rencontre des touches d’humour, de politique et une bonne dose de fantaisie. Rencontre.
Originaire de New York, Alley est une artiste dont le parcours est aussi créatif que sa production, alliant gravure, illustration et céramique, dans une fusion de styles et de techniques. Aujourd’hui, elle nous dévoile son monde et son processus créatif à travers son entreprise Deux Écureuils, où chaque pièce raconte une histoire.
Alley, qui a grandi aux États-Unis, a toujours été passionnée par la création. Après avoir commencé en tant que graveuse, mêlant sérigraphie, linogravure et illustration, elle se lance dans l’entrepreneuriat en fabriquant et vendant des vêtements imprimés. Mais son parcours prend un tournant inattendu lorsque, pour décorer son stand de marché, elle commence à jouer avec la pâte polymère, créant des petites figurines animales. C’est là qu’elle découvre sa passion pour la céramique.
Après avoir suivi des cours de modelage, Alley troque progressivement ses créations textiles pour des œuvres en céramique, combinant ses compétences en gravure et illustration avec les techniques artisanales traditionnelles de la poterie. Ce changement s’opère en parallèle de son déménagement à Rennes, où elle pose ses valises il y a huit ans, avec la volonté de subvenir à ses besoins en enseignant l’anglais et en dessinant. Mais l’argile, elle, lui manquait trop pour l’ignorer. C’est ainsi qu’en 2021, elle relance son entreprise et reprend la route de la céramique.
Le nom de son entreprise Deux Écureuils peut intriguer. Pourquoi ce choix ? Alley parle d’une référence personnelle : « Squirrel », écureuil en anglais, est le nom de son chat qu’elle a emmené avec elle lors de son déménagement en France. Rapidement, elle découvre que le mot « écureuil » en français est aussi difficile à prononcer pour les anglophones que l’inverse. Ce défi phonétique devient un symbole pour elle, une sorte de métaphore de son existence partagée entre deux cultures et deux langues. Et ainsi est née l’idée des « deux écureuils » : un clin d’œil à sa vie biculturelle.
L’univers de Deux écureuils céramique est un savant mélange de mignonnerie, de fantaisie et d’engagement. Elle avoue être comme une « enfant de 43 ans » créant des objets qu’elle aimerait elle-même acheter. Dinosaures, petits animaux, et même des messages politiques subtils, tout y est. Ses pièces sont empreintes d’humour, comme en témoignent les petites coupelles portant des messages comme « Nique le patriarcat », ou encore ses créations autour du mot « fuck ». À travers ses céramiques, Alley parvient à marier l’artistique avec des messages féministes et politiques, un défi pour elle, qui veut mettre son art au service de causes qui lui tiennent à cœur.
Mais au-delà des messages, il y a un véritable jeu avec la forme et la texture. Sans tour de potier, Alley utilise des techniques artisanales diverses : moulage, sculpture à main levée, et parfois même des moules issus de la pâtisserie. « C’est un défi », confie-t-elle, « mais c’est aussi ce qui rend chaque création unique.» Chaque pièce, qu’elle soit une tasse, une coupelle, ou une sculpture d’animal, est réalisée avec une attention méticuleuse aux détails, alliant formes brutes et couleurs éclatantes.
Alley utilise également des techniques issues de la sérigraphie et de la gravure, appliquées directement sur la céramique, un mélange de ses deux passions. Ses pièces sont ainsi très souvent personnalisées avec des illustrations ou des motifs très précis, gravés à la main ou imprimés à l’aide de tampons qu’elle fabrique elle-même ou qu’on lui offre. Une démarche qui rend chaque objet à la fois unique et riche de sens.
Alley préfère travailler avec de la faïence qui permet d’obtenir des couleurs très vives, parfaites pour ses créations ludiques. Contrairement à la porcelaine, la faïence nécessite une cuisson à une température plus basse, ce qui permet d’obtenir des couleurs plus éclatantes mais moins solide. Chaque cuisson est un pari : les objets doivent être suffisamment résistants, tout en conservant leur aspect visuel unique. « Les céramiques sont un peu comme un jeu, c’est un processus où chaque étape compte, et chaque défaut devient une partie intégrante de l’œuvre.»
Mais ce qui distingue encore davantage son travail, c’est son choix de cuisson à 1 200°C, une température légèrement inférieure à la norme française, qui est plutôt de 1 250°C pour les grès et porcelaines. Si la différence semble minime, elle a pourtant un impact considérable sur le rendu final : « Les couleurs sont plus vives à 1 200°C, et moi, je veux de la couleur. Ce choix, peu commun en France, l’oblige à s’approvisionner en argiles spécifiques venant d’Allemagne ou d’Angleterre, les argiles françaises étant souvent conçues pour des cuissons plus élevées. Un compromis qu’elle assume pleinement, quitte à s’écarter des circuits traditionnels. « J’ai essayé les standards français, mais j’étais toujours déçue. Ce n’était pas moi.» Une manière de rappeler que son univers ne transige pas : chaque détail, jusqu’à la température du four, est au service de sa vision créative.
Retrouvez ses créations :
Sur stand dès 10h le 25 mai, Place de la Mairie, Vern-sur-seiche
Vacarme Vintage, 17 Passage des Carmélites, 35000 Rennes
Chouette ! Votre boutique de créateurs, 4 Rue du Chapitre, 35000 Rennes
Kastellann, le coin des créateurs, 8 Rue des Potiers, 35230 Noyal-Châtillon-sur-Seiche
Les Idées Folles, 3 Rue Saint-Louis, 35690 Acigné
Le Bar à Breizh, 6 Rue de la Mairie, 22480 Saint-Connan
Into the Vignes et Ses Amis Concept Boutique, 58 Rue du Tour de Ville, 24560 Issigeac