Quatre individus soupçonnés d’avoir participé à une vaste série de cambriolages viennent d’être interpellés après des mois de vols ciblés dans les entreprises de la métropole. Le préjudice cumulé est estimé à plus de 700 000 euros, un chiffre qui donne la mesure de l’activité délictueuse du groupe.
Un point de départ médical : le casse de la clinique de Saint-Grégoire
C’est un vol commis dans une clinique privée de Saint-Grégoire qui a mis les enquêteurs sur la piste de ce réseau. Dans la nuit du 4 au 5 avril 2024, du matériel médical de pointe, d’une valeur de 350 000 euros, est dérobé. L’opération, visiblement planifiée avec soin, ne laisse que peu de traces. Mais elle intrigue par son audace et par la spécificité du butin : ce n’est pas un cambriolage opportuniste, mais un vol ciblé, presque industriel.
Des modes opératoires professionnels et répétés
À partir de cette première affaire, la Division de la criminalité territoriale du commissariat de Rennes remonte une série d’incidents similaires. En moins d’un an, une trentaine de cambriolages sont recensés, tous commis avec méthode : effraction discrète, neutralisation des systèmes d’alarme, vol d’objets à forte valeur marchande mais facilement écoulables (ordinateurs, équipements médicaux, matériel professionnel). En tout, 286 ordinateurs sont volés dans divers cabinets et entreprises du secteur tertiaire.
Une équipe structurée, des rôles bien répartis
Les interpellations permettent de mettre à jour la structuration du groupe. Le principal suspect, un homme d’une trentaine d’années déjà connu des services de police, serait l’instigateur et l’auteur de la majorité des vols. Il aurait recruté une femme, également mise en examen, pour l’accompagner dans plusieurs repérages et cambriolages. Deux autres individus, placés en garde à vue, sont soupçonnés d’avoir reçu ou écoulé le butin, notamment via des filières numériques ou du reconditionnement.
L’enquête révèle également des éléments inquiétants : le suspect principal est poursuivi pour 29 faits de vols aggravés, mais aussi pour violence avec arme, blanchiment et détention de munitions de catégorie B. Cela laisse penser à une professionnalisation du réseau, voire à des connexions avec d’autres milieux criminels.
Des suites judiciaires lourdes
Connu des services de police, l’auteur principal – un homme de 36 ans – aurait reconnu une grande partie des faits qui lui sont reprochés. La femme et l’homme ont été déférés : leur procès est prévu pour le 16 juin 2025 devant le tribunal correctionnel de Rennes. Les deux autres personnes interpellées pourraient faire l’objet de poursuites distinctes pour recel et complicité.
Un coup de filet réussi
Ce démantèlement est présenté comme une victoire importante par la police rennaise, confrontée à une hausse marquée des vols avec effraction depuis la fin de la crise sanitaire. L’affaire souligne à la fois la vulnérabilité des entreprises locales face à des délinquants organisés, et la capacité des forces de l’ordre à monter des enquêtes de longue haleine.
Le parquet de Rennes a insisté sur la complexité du travail d’investigation, qui a nécessité recoupements numériques, surveillances physiques, et analyses de vidéosurveillance. Il reste toutefois à déterminer si le réseau avait des ramifications au-delà de l’agglomération ou s’il opérait en vase clos.
Un phénomène plus large à surveiller
Au-delà du fait divers, cette affaire pose la question de la sécurisation des entreprises face à des cambrioleurs de nouvelle génération, très mobiles, aguerris aux outils numériques et parfois issus du milieu du recel professionnel. Les syndicats patronaux locaux, tout comme les assurances, alertent sur une multiplication des intrusions ciblées, notamment dans les domaines de la santé, de la tech et du conseil.