Rennes. Reliure Messager, l’atelier de reliure du Mur Habité

Reliure Messager

Lucie Messager est artisane relieure. Unidivers l’a rencontrée afin de découvrir son parcours fascinant, ses motivations et les spécificités de son travail au sein de son atelier au Mur Habité. Faites passer le message…

Reliure Messager
Lucie Messager ©WilliamChauou

Lucie Messager a opéré une reconversion professionnelle après cinq années passées comme professeure des écoles. « J’ai toujours aimé les livres depuis que je sais lire et mes études en histoire de l’art ont approfondi cette passion, particulièrement pour les livres anciens », explique-t-elle. Elle poursuit en détaillant son parcours académique : une maîtrise en histoire de l’art et un master en histoire l’ont naturellement orientée vers les livres et leurs spécificités. « Mon accès aux livres anciens, que ce soit dans les archives ou les bibliothèques universitaires, m’a beaucoup marquée. »

Un désir de passer à un travail manuel, plus artistique, a germé en elle au fil des années. Après avoir envisagé la maroquinerie, un secteur où il existe une tradition artisanale importante, Lucie s’est finalement orientée vers la reliure. Cette décision s’est affirmée après un stage décisif dans un atelier de reliure dans le Nord Finistère. Cette expérience pratique l’a poussée à passer le CAP de reliure en candidat libre et à ouvrir son propre atelier. « J’ai appris beaucoup plus en travaillant directement dans cet atelier qu’en suivant une formation classique », précise la relieure. L’orthographe du mot peut vous sembler erronée, mais c’est le choix orthographique de Lucie, un choix bien réfléchi afin de ne pas être confondue avec une machine relieuse.

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Lucie travaille aujourd’hui dans un atelier, au Mur Habité, après avoir commencé dans un autre atelier collectif, Comme un établi, à Rennes. Elle se spécialise dans la reliure traditionnelle, un art minutieux qui comprend jusqu’à 50 étapes pour relier un seul ouvrage. « L’idée est de solidifier le livre tout en conservant son intégrité et de l’embellir. C’est un travail de patience et de précision », souligne-t-elle. Elle explique que de nombreux détails restent invisibles une fois le livre relié, comme la couture qui structure le dos du livre et le maintien des cahiers. Bien que la dorure soit un aspect essentiel du travail de reliure, Lucie fait appel à des artisans spécialisés dans cette technique.

Les livres qui arrivent dans son atelier sont souvent des objets précieux, parfois familiaux, qui nécessitent une restauration délicate. « La plupart de mes clients sont des particuliers, et beaucoup viennent avec des livres du XIXe et début XXe siècle. Ce sont des livres souvent porteurs de valeur sentimentale », raconte Lucie. Elle évoque également ses interventions pour des institutions, telles que des bibliothèques ou des services d’archives, notamment pour la reliure des registres d’état civil, un travail essentiel à la préservation de ces documents officiels.

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Lucie effectue également des restaurations, notamment de livres anciens, parfois du XVIIe ou XVIIIe siècle, qui nécessitent une approche encore plus minutieuse. « Le but est de respecter l’identité du livre et les codes de reliure propres à chaque époque. Par exemple, pour un ouvrage du XVIIe, il faut utiliser des cuirs et des techniques qui étaient en usage à l’époque. C’est un travail de conservateur, où chaque détail compte. » Elle précise que la reliure traditionnelle est en grande partie un travail de restauration et de préservation.

La restauration ne consiste pas seulement à réparer, mais à maintenir l’histoire du livre intacte. Lucie prend soin de préserver les éléments d’origine, comme les tranchefile, qui sont souvent différentes en fonction des siècles et des types de reliure. Elle utilise des cuirs qui demandent un traitement spécifique pour être adaptés à la reliure de livres anciens.

Lucie propose également des ateliers de reliure pour partager sa passion et son savoir-faire avec d’autres. Elle organise des cours hebdomadaires pour apprendre la reliure classique, mais aussi des ateliers plus spécialisés, comme la reliure japonaise ou la reliure copte. « Tous les ateliers sont accessibles aux débutants, et l’idée est d’initier les participants aux techniques de base, puis de leur permettre de progresser à leur rythme », explique-t-elle. Les ateliers sont ouverts à tous, des jeunes adultes aux retraités, souvent des personnes intéressées par l’univers du livre, de l’artisanat, ou tout simplement par la réalisation d’objets uniques.

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Les techniques qu’elle enseigne sont variées et vont de la reliure japonaise, qui crée des motifs sur les couvertures grâce au fil de couture, à la reliure copte, qui permet une ouverture à 180 degrés. Lucie se distingue aussi par l’utilisation de matériaux écologiques, comme du papier fabriqué en Bretagne, à base de lin et de chanvre, pour certains de ses ouvrages. Les ateliers sont également conçus pour les familles, avec des sessions duo adulte-enfant.

Concernant les tarifs de ses prestations, Lucie explique que les prix varient en fonction des matériaux et du type de travail demandé (150/400/600€ la grille tarifaire est large). Le coût des matériaux, en particulier le cuir, peut considérablement augmenter le prix de la reliure. De plus, l’envoi à un doreur pour appliquer la dorure peut également ajouter un supplément. « C’est un véritable art, un travail manuel qui demande du temps et de la précision. C’est de l’artisanat d’art, et le prix est justifié par l’expertise et la passion que nous y mettons. » Elle souligne aussi la valeur de la transmission de ce savoir-faire, qui est rare et demande une longue période de formation.

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